Chios

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Chios : descriptif

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Chios

Chios (en grec moderne Χίος / Chíos, en grec ancien Χίος / Khíos), ou anciennement Chio (en italien Chio), est une île et municipalité grecque de la mer Égée, proche de la Turquie dont elle est séparée par le détroit de Chios, d'une largeur moyenne de 11 kilomètres. Avec les îles de Psará et d'Inousses, elle forme le district régional de Chios, dont la capitale, également appelée Chios ou Chora, compte en 2011 52 674 habitants. Ses principaux revenus proviennent du tourisme, surtout culturel : elle compte de nombreux vestiges antiques comme le temple d'Apollon à Phana, ainsi que des monuments byzantins, comme le monastère de Néa Moni

Le sud produit également du mastic, gomme naturelle tirée de la résine du lentisque, ce qui vaut à Chios son surnom de « l'île du mastic ». Peuplée par des colons grecs au XIe siècle av

J.-C., elle est le lieu de naissance d'Homère selon certains auteurs.

Géographie

Le dème de Chios depuis la réforme Kallikratis (2010).

La superficie de l'île de Chios est de 842,28 turc, en grec Kato Panagia ou Bianco pour les génois) situé à l'une des extrémités occidentales de la province d'Izmir. L'Ákra Agios Fokás, dans le sud de l'île de Lesbos, est distant vers le nord-nord-est de 47 km de l'extrémité septentrionale de Chios.

L'île est située dans l'archipel des Sporades orientales.

Histoire

De l'Antiquité au Moyen Âge

Chios est réputée pour être le lieu de naissance d'Homère. Cette tradition prend sa source dans le vers 172 de l'un des Hymnes homériques, l'hymne à Apollon délien où le poète dit de lui-même : « C'est un aveugle, qui réside à Chios la rocailleuse ». De fait, Chios abrite ensuite la « confrérie des Homérides », groupe de rhapsodes qui prétendent descendre spirituellement d’Homère. Parmi les autres natifs célèbres de l'île, on peut citer Ion le poète tragique, l'historien Théopompe, le sophiste Théocrite, le géomètre Hippocrate ou encore Métrodore.

L'île est peuplée par des colons grecs dès le Chios était à l'origine gouvernée par un roi et la transition ultérieure vers un régime oligarchique s'est produite au cours des quatre siècles suivants. Elle fait également partie de la confédération ionienne. Au moment de la conquête de Cyrus le Grand en , elle est protégée par son statut insulaire.

Au printemps de l'année

Elle se joint ensuite aux autres cités grecques lors de la grande révolte de

En , Chios est ensuite parmi les premières cités ioniennes à effectivement faire défection. Athènes envoie un contingent qui ravage l'île et met le siège devant la ville. Malgré une révolte des esclaves, Chios ne tombe pas. Athènes, menacée par ailleurs en mer Égée et en Asie Mineure, lève alors le siège.

Elle appartient ensuite à la seconde confédération athénienne, mais se révolte lors de la guerre sociale ().

Pendant toute l'antiquité grecque, Chios est une société esclavagiste renommée, jouissant d'une prospérité exceptionnelle, mais tristement célèbre pour la violence qu'elle fait subir aux personnes dans la servitude. Cette situation dure du .

Les marchands de Chios ont participé activement au développement des réseaux de traite à partir du Panionios de Chios, qui a fait fortune dans le commerce des eunuques, pour Sardes ou Éphèse. Les Chiotes revendent les esclaves dans les marchés égéens. Ils s'approvisionnent en Asie et dans le Pont (région). Ils collaborent avec les Thraces par l'intermédiaire de la ville de Marónia (Rhodope). Ils maitrisent les routes maritimes dans toute la méditerranée orientale jusqu'à la botte italienne. Dès le .

Par la suite, on sait que :

  • Chios est prise en
  • elle est un temps vassale de l'Égypte hellénistique, de l'empire séleucide et du royaume de Pergame ;
  • elle sert de base de ravitaillement aux Romains dans leur guerre contre le roi séleucide Antiochos III ;
  • elle s'allie à Mithridate du Pont contre Rhodes ;
  • elle devient ensuite une partie de l'Empire romain (c'est l'une des régions dont le magistrat romain Verrès pille les statues) ;
  • elle est christianisée au  siècle et fait longuement partie de l'Empire byzantin, jusqu'au début du XIVe siècle.

En 1304, après de fréquentes incursions turques, elle est occupée par la famille génoise des Zaccaria, en théorie pour la défendre au nom de l'Empire byzantin : seigneurie de Chios . En 1329, l'empereur byzantin Andronic III Paléologue reprend cependant le contrôle de l'île.

En 1346, Chio (Scio, en génois) est conquise par la république de Gênes et restera sous son contrôle pendant un peu plus de deux siècles. La gestion en est confiée à une sorte de société par actions, la « mahone de Chio ». Cette dernière tire la majorité de ses revenus du commerce de l'alun exploité en face, sur le continent anatolien, à l'Ancienne et la Nouvelle Phocée qui lui appartiennent aussi, et qui est stocké et exporté depuis l'île.

À partir du règne de Mehmed Ier, la « mahone de Chio » paie tribut à l'Empire ottoman. En 1455, les deux Phocée sont conquises par les Ottomans, faisant perdre à l'île les revenus tirés de son commerce.

En 1456, le 25 novembre, Jacques Cœur meurt de maladie ou d'une blessure sur l'île alors qu'il commande une flotte du pape Calixte III partie combattre les Turcs. Il est enseveli au milieu du chœur de l'église des Cordeliers de la ville de Chios, église par la suite, détruite par les Turcs.

En 1528, Gênes passe dans l'orbite de l'empire espagnol, ennemi des Ottomans, ce qui compromet la présence « latine » sur l'île, alors considérée comme une possible base avancée chrétienne. L'amiral turc Piyale Pacha, à la tête d'une flotte d'environ 120 galères et d'environ 30 000 hommes, investit l'île le 14 avril 1566.

Aux Église de la Dormition de la Théotokos sur l'île de Rhodes.

Le bombardement de Chio en 1681, par l'escadre française de Duquesne.

Le , la Marine royale française poursuit et attaque les corsaires et la flotte barbaresque de Tripoli réfugiés dans l’anse de Chio, incendiant également le fort et la ville.

Le massacre de Chios (1822)

Scènes des massacres de Scio d'Eugène Delacroix.

En représailles contre l'insurrection grecque, le massacre de Chios perpétré par les Ottomans contre la population grecque de l'île en avril 1822 constitue un des épisodes les plus célèbres de l'histoire de l'île, qui était alors l'une des plus riches de la mer Égée et que les insurgés grecs tentèrent de rallier à leur cause. Le sultan Mahmoud II désirait faire un exemple qui impressionnerait ses sujets insoumis, et qui vengerait le massacre des Turcs par les Grecs à Tripolizza l'année précédente.

Après le débarquement d'un millier de partisans grecs, la « Sublime Porte » envoya près de 45 000 hommes avec ordre de reconquérir puis raser l'île et d'y tuer tous les hommes de plus de douze ans, toutes les femmes de plus de quarante ans et tous les enfants de moins de deux ans, les autres pouvant être réduits en esclavage.

Le bilan est estimé à 25 000 morts, et 45 000 Grecs ont été vendus comme esclaves. Seulement 10 000 à 15 000 personnes auraient pu s'enfuir et se réfugier principalement dans les autres îles de l'Égée. Ce massacre de civils par les troupes ottomanes marqua l'opinion publique internationale et contribua au développement du philhellénisme.

Le rattachement à la Grèce (1912)

La marine grecque libère l'île pendant la première guerre balkanique, le 11 novembre 1912, lors d'une opération amphibie disputée, mais brève. Le traité de Londres de mai 1913 prévoit que les grandes puissances occidentales régleront la situation des îles ottomanes de la mer Égée, et l'occupation grecque est validée au traité de Bucarest.

L'occupation allemande

Lors de l'occupation de la Grèce pendant la Seconde Guerre mondiale Chios est occupée par la Wehrmacht (Kriegsmarine et Heer) qui répliquent à tout acte de résistance par l'exécution de nombreux otages. L'île sert de base aux Allemands dans leur contre-offensive victorieuse contre la campagne du Dodécanèse menée par la Royal Navy en 1943. Les Allemands évacuent Chios en octobre 1944 et sont remplacés par les Britanniques.

  1. Hérodote, L'Enquête, livre V, 33.
  2. a et b Paulin Ismard, « L'invention de l'esclave marchandise ? », dans Paulin Ismard, Les Mondes de l'esclavage, Seuil, (ISBN ).
  3. Michel Balard, Les Latins en Orient, p. 295
  4. a et b Michel Balard, Les Latins en Orient, p. 297.
  5. .
  6. François Garnier, Journal de la bataille de Lépante, Éditions de Paris, coll. « L'Histoire au présent », .
  7. ISBN , présentation en ligne).
  8. Philip P. Argenti, The Massacres of Chios described in contemporary Diplomatic Reports, ed. John Lane, Londres, 1932.

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Chios dans la littérature

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