Grèce antique - Hellas Ελλάς

Flag Grèce antique

La Grèce antique est une civilisation de l'Antiquité des peuples de langue et de culture grecque développée en Grèce et dans la partie occidentale de l'Asie Mineure, puis, à la suite de plusieurs phases d'expansion, dans d'autres régions du bassin méditerranéen (Chypre, Sicile, Italie du sud, Égypte, Cyrénaïque) et du Proche-Orient (Syrie, Palestine), constituant des points d'implantation jusque dans les actuelles Espagne et France à l'ouest et sur le territoire de l’actuel Afghanistan (Bactriane) à l'est.

Drapeau de la Grèce antique

Je choisis le casque spartiate, que je place sur une croix avec un cercle au centre, comme pour le drapeau d'Athènes. Pour les couleurs j'ai choisi d'utiliser le blanc, le rouge, le jaune et le noir, qui sont les quatre couleurs dont parle Pline l'Ancien lorsqu'il décrit la peinture hellénistique.

Deux villes importantes: Athènes et Sparte

La Grèce antique fait partie de Terre Flag Terre.

Grèce antique : descriptif

Cette civilisation de culture grecque prend forme durant les « siècles obscurs » (v. -), à partir des décombres de la civilisation mycénienne, et se développe en particulier durant l'époque archaïque (v. -), et s'épanouit pleinement durant l'époque classique (-) et l'époque hellénistique (-). La conquête romaine (entre et ) marque la fin de l'indépendance politique grecque, mais la culture grecque antique a conservé un réel dynamisme sous domination romaine, évoluant progressivement vers la civilisation byzantine à partir du ive siècle.

À compter de l'époque archaïque et plus fortement durant l'époque classique, la Grèce voit le développement d'une civilisation novatrice par bien des aspects, qui se singularise par rapport aux plus anciennes civilisations antiques des pays orientaux, et entame une phase d'expansion maritime (la colonisation grecque). Au sein de la cité (polis) se met en place une vie politique, sociale et culturelle très dynamique, appuyé de plusieurs centres (Ionie, Athènes, Sparte, Syracuse), dans un contexte marqué par de nombreux conflits entre cités où se forme un art de la guerre spécifique sur lequel elle s'appuie par la suite pour son expansion. Les cités grecques élaborent des formes politiques originales (comme la tyrannie et la démocratie), ont une vie religieuse dynamique aux aspects locaux très marqués tout en reconnaissant un groupe de divinités et des sanctuaires panhelléniques, leurs citoyens donnent naissance à une littérature variée (épopées, mythes, poésie, histoires, etc.), à des réflexions sur le monde et la vie en société dans le cadre de la philosophie, aussi un développement des sciences et des techniques, et à des réalisations artistiques et architecturales s'affranchissant des modèles orientaux pour devenir à leur tour des références, d'où vient leur statut « classique ».

Les revers de ce dynamisme sont l'existence de nombreuses destructions créées par les guerres et des inégalités traversant les sociétés civiques, excluant les femmes des responsabilités politiques et reposant souvent sur l'existence d'une importante population ayant un statut d'esclave ou de dépendant.

La civilisation grecque antique a exercé une influence considérable dans le monde antique, en particulier après les conquêtes d'Alexandre le Grand et durant l'époque hellénistique quand elle a dominé et influencé les civilisations du Moyen-Orient, où se sont constitués d'importants centres de culture grecque (Alexandrie, Antioche). Dans le bassin méditerranéen, la culture grecque a joué un rôle décisif, par l'influence qu'elle a exercée sur la civilisation de la Rome antique, où le grec devient la langue du savoir utilisée par les élites, au point qu'on parle régulièrement de culture « gréco-romaine ». C'est par ce biais que beaucoup de productions politiques et culturelles du monde grec antique ont eu un rôle majeur dans le développement de la civilisation occidentale.

Le monde grec reste donc très dynamique culturellement sous la domination romaine, et les cités restent le cadre fondamental de la vie politique et sociale. Durant l'Antiquité tardive (v. 250-700) le monde romain oriental, de culture grecque, prend progressivement son autonomie autour de Constantinople, qui devient la capitale de l'Empire romain d'Orient (ou Empire byzantin) et le nouveau pôle culturel du monde grec. La christianisation, qui conduit à la disparition de la religion polythéiste grecque, et le délitement progressif des institutions des cités grecques antiques, à la même époque, marquent la fin de la civilisation grecque antique.

L'influence culturelle grecque s'est aussi exercée sur la vie intellectuelle du monde arabo-musulman médiéval et surtout en Occident, où son statut de référence a été confirmé à de nombreuses reprises par la suite, plusieurs des aspects de la culture grecque antique ayant servi de sources d'inspiration. Souvent idéalisée, elle est couramment investie du statut de culture fondatrice pour le monde occidental. Les redécouvertes archéologiques effectuées sur le sol grec depuis le xixe siècle et de nouveaux regards sur les textes antiques grecs transmis jusqu'à l'époque moderne ont permis d'approfondir et de renouveler la connaissance et la compréhension de cette civilisation.

Contours et définitions

Cadre géographique

Le terme français « Grec » est dérivé du latin Graecus qui lui-même vient du grec Γραικός / Graikós. Plusieurs étymologies ont été proposées pour Graecus. Les Grecs s'appellent eux-mêmes les « Hellènes » à partir de l'époque archaïque, se considérant comme les descendants d'Hellen, un roi mythologique, et appelaient leur pays (d'origine) Hellas, qui correspond à la république grecque actuelle plus la côte occidentale de l'Asie Mineure.

De nos jours, le terme « Grèce antique » renvoie de manière implicite à l'actuelle Grèce (ou République hellénique), dont les îles des mers Égée et Ionienne, en incluant la « Grèce d'Asie » (Ionie, Éolide et Doride sur la côte anatolienne) ainsi que des territoires colonisés par les Grecs en Thrace et en Grande-Grèce (Italie du Sud et Sicile). D'autres régions colonisées par les Grecs, comme les côtes de la mer Noire ou de la Gaule, en sont traditionnellement exclues même si des cités grecques y ont été fondées. C'est pourquoi les historiens modernes préfèrent la notion de « monde grec » qui prend en compte le fait que les Grecs ont implanté des colonies dans l'ensemble du bassin méditerranéen à l'époque archaïque, et en Asie occidentale et en Égypte durant l'époque hellénistique,.

Cadre chronologique

Au plus large, l'Antiquité grecque s'étend de l'époque des palais minoens, au xvie siècle av. J.-C., et se prolonge jusqu'à la période romaine, soit au iiie siècle, ou jusqu'en 400 en s'arrêtant à la christianisation, ou plus loin encore en incluant l'époque de transformation de l'Empire romain d'Orient en Empire byzantin. Cette ampleur chronologique implique qu'il serait anachronique de traiter comme un tout cet ensemble, en raison des nombreuses évolutions qu'il connaît sur cette très longue période.

Au sens restreint, le plus courant, les historiens spécialistes de la Grèce antique se focalisent sur la période qui va environ de à , durant lequel se développent les spécificités de la civilisation grecque antique (cité, philosophie, théâtre, sciences, art, etc.). Cela recouvre quatre époques de l'Antiquité grecque : les siècles obscurs (v. -), l'époque archaïque (v. -), l'époque classique (-) et l'époque hellénistique (-). Le viiie siècle av. J.-C. est vu comme une rupture majeure avec l'émergence de la cité grecque, mais le renouvellement des études sur les siècles le précédant a nuancé cette impression. À l'autre bout, le iie siècle av. J.-C., quand Rome a mis la main sur la majeure partie du monde grec, est traditionnellement vu comme une séparation entre les champs d'étude des spécialistes d'histoire grecque et romaine, mais cela a évolué et la Grèce romaine est de plus en plus étudiée comme une partie de l'Antiquité grecque. Il peut aussi être considéré que c'est le triomphe du christianisme qui met fin aux Grecs « antiques » en bouleversant leur univers religieux, et plus largement culturel et social, en établissant de nouvelles références qui font un autre type d'individu.

Ethnicité et identité

« S’adressant ensuite aux envoyés de Sparte : « La crainte qu’ont les Lacédémoniens que nous ne traitions avec le Barbare est dans la nature. Mais elle aurait bien dû vous paraître honteuse, à vous qui connaissez la magnanimité des Athéniens. Non, il n’est point assez d’or sur terre, il n’est point de pays assez beau, assez riche, il n’est rien enfin qui puisse nous porter à prendre le parti des Mèdes pour réduire la Grèce en esclavage : et quand même nous le voudrions, nous en serions détournés par plusieurs grandes raisons. La première et la plus importante, les statues et les temples de nos dieux brûlés, renversés et ensevelis sous leurs ruines ; ce motif n’est-il pas assez puissant pour nous forcer bien plutôt à nous venger de tout notre pouvoir qu’à nous allier à celui qui est l’auteur de ce désastre ? Secondement, le corps hellénique étant d’un même sang, parlant la même langue, ayant les mêmes dieux, les mêmes temples, les mêmes sacrifices, les mêmes usages, les mêmes mœurs, ne serait-ce pas une chose honteuse aux Athéniens de le trahir ? »

L'affirmation de la résistance et de l'identité grecque par les Athéniens face à la menace perse, d'après Hérodote.

Définir ce que signifie « être grec » dans l'Antiquité est extrêmement complexe voire impossible. À l'image de toute identité, la « grécité » se manifeste suivant différentes perspectives, elle est instable et évolue selon les époques, anciennes ou modernes, notamment parce qu'elle a des usages variables. Les historiens modernes ont forgé une conception de l'identité grecque antique en partant des notions modernes d’État-nation, de théorie raciale, puis d'identité ethnique et d'auto-définition par construction d'un « Autre » opposé, en l'occurrence le « Barbare ». Il est anachronique de chercher une forme de nationalisme dans le monde grec antique, et l'unité politique de tous les Grecs n'a jamais été un objectif, donc comprendre son absence comme un échec du monde grec comme cela a pu être le cas par le passé est trompeur.

Néanmoins on admet souvent qu'une forme d'identité grecque (certes souvent formulée du point de vue athénien) existe au moment des Guerres médiques, ou du moins à leur sortir, en réponse à la menace que font peser les Perses sur la liberté des Grecs, et à la suite de la victoire des cités grecques qui ont choisi de résister : c'est donc une définition par la négative, face à un ennemi. C'est dans ce contexte qu'un texte souvent cité d'Hérodote (VIII, 144), définit la « grécité » par une même ascendance, l'usage d'une même langue, malgré les différences dialectales, et des mêmes rites et usages. Cependant lorsqu'un mot d'ordre d'unité des Grecs est mis en avant, c'est pour servir l'ambition hégémonique d'une puissance (Athènes, royaume de Macédoine) : c'est donc par bien des aspects une affaire de contexte politique et militaire.

Le panhellénisme de la fin de l'époque classique cherche à unir les Grecs dans une conquête de la Perse sous forme de revanche, puis la réalisation de cette conquête et la mise en place des royaumes hellénistiques entraîne une nouvelle reconfiguration de l'identité grecque, d'autant plus que l'hellénisation à géométrie variable de nombreuses régions pose de nouvelles questions quant à la caractérisation d'une culture grecque. Les limites entre le monde grec et le monde barbare sont souvent floues sous la plume des auteurs grecs antiques, de même que les notions participant de l'identité grecque. Environ un siècle après Hérodote, Isocrate propose une définition des Grecs qui exclut la notion d'ascendance : [On emploie] le nom de Grec non plus comme celui de la race mais comme celui de la culture, et on appelle Grecs plutôt les gens qui participent à notre éducation que ceux qui ont la même origine de nous . Cela implique un certain degré d'ouverture, et explique pourquoi durant l'époque hellénistique des individus originaires de peuples dominés par les monarchies grecques aient pu se revendiquer comme Grecs en intégrant des cités grecques et en adhérant à leur culture (paideia). Au minimum cela implique la maîtrise de la langue grecque, les autres éléments culturels dépendant des circonstances (alimentation, vêtements, loisirs, noms grecs, pratiques intellectuelles et politiques, etc.), ce qui explique pourquoi l'« hellénisation » présente des profils aussi divers.

De plus le monde grec est en permanence marqué par bien des aspects par la fragmentation, les identités pouvant se décliner suivant différentes strates :

  • l'identité locale, notamment celle construite autour de la cité (« politique »), est forte, la loyauté d'un citoyen envers sa cité est une valeur cardinale, et il se définit avant tout comme un membre de cette communauté, plutôt que comme un Grec ; les cultes locaux jouent un rôle majeur dans cette identité, même si les cultes panhelléniques assurent une articulation entre les deux niveaux ; de ce fait dans le contexte grec antique un « étranger » est avant tout un étranger « politique » (par opposition à un étranger « culturel », le Barbare), extérieur au groupe des citoyens, et plus spécifiquement un étranger de passage dans la cité et jugé incapable de s'intégrer à celle-ci, alors qu'un étranger y résidant en permanence (comme le métèque athénien) a un ancrage local ;
  • des identités en fonction des ethnè (ethnos au singulier), des « peuples » ou groupes tribaux se revendiquant une origine commune au sein du groupe grec, à savoir les Achéens, les Éoliens, les Doriens et les Ioniens, avec également des sanctuaires les réunissant, même si cela n'empêche pas l'existence de farouches rivalités au sein de ces ensembles ; il ne s'agit pas à proprement parler d'ethnies au sens moderne car ces entités se reconnaissent comme des Hellènes, même si ces appartenances peuvent être invoquées dans des discours contre des rivaux relevant d'un autre ethnos (par exemple par les Athéniens contre les cités du Péloponnèse) ; il ne faut pas confondre ces entités avec leurs homonymes, les ethnè qui sont des organisations politiques (voir plus bas),.

Les phases d'expansion du monde grec durant les époques archaïque et hellénistique, en constituant un très vaste « monde grec » formé de nombreuses communautés grecques autonomes avec leurs propres identités et différentes manifestations de l'hellénité, accentuent l'impression de fragmentation.

Plus tard avec l'octroi de la citoyenneté romaine aux cités grecques sous le Haut Empire romain, les Grecs deviennent aussi « Romains » (Rhomaioi), au moins sur le plan juridique. Mais ils préservent généralement leur identité à part, soutenue par un fort sentiment de supériorité culturelle sur les autres peuples de l'Empire, Romains compris. Puis avec l'effondrement de l'Empire romain d'Occident les populations de l'Empire oriental (byzantin), majoritairement de langue grecque, se définissent comme des « Romains » et entendent reprendre l'héritage politique de Rome, tout en préservant leur hellénisme et leur impression de supériorité sur le monde latin,.

Sources

Les sources servant à reconstituer l'histoire grecque antique sont variées, mêlant les champs de l'histoire, de l'archéologie et de l'histoire de l'art, que l'on a tendance à de plus en plus mêler sous le vocable de « sciences de l'Antiquité ».

Les sources littéraires sont traditionnellement le moyen d'accès privilégié à la civilisation grecque antique. Ce sont des sources secondaires, de nature variée (histoires, théâtre, poésie, philosophie, traités scientifiques). La majorité des écrits — politiques ou historiques — de cette période qui sont parvenus jusqu'à nous provient de la sphère athénienne. C'est notamment le cas pour des auteurs comme Thucydide, Xénophon, Démosthène, Platon, Aristote. C'est pourquoi l’histoire d’Athènes occulte partiellement celle d'autres cités comme Corinthe, Sparte ou Thèbes, souvent mal connue dans le détail. En outre, de nombreuses sources ont disparu ou ne nous sont parvenues que partiellement.

Les sources primaires écrites relèvent du domaine de l'épigraphie, la collecte et l'étude des inscriptions antiques, généralement gravées sur pierre, mais aussi les ostraca écrits à l'encre sur des tessons de céramiques. À la différence du précédent ce corpus est extensible, car de nouvelles inscriptions sont régulièrement découvertes. Les tablettes administratives mycéniennes en linéaire B relèvent également de cette catégorie. Les inscriptions intéressant l'histoire grecque sont surtout rédigées en langue grecque, mais des sources des régions voisines, écrites en alphabet araméen ou en hiéroglyphes égyptiens sont également mobilisées pour l'époque hellénistique. La papyrologie porte spécifiquement sur l'étude des papyri mis au jour lors des fouilles archéologiques, surtout en Égypte (textes du Fayoum d'époque hellénistique) dont le climat sec permet mieux leur conservation ; mais il s'agissait du support d'écriture privilégié dans le monde antique durant la période qui va d'environ à . La numismatique, l'étude des monnaies, permet d'obtenir des données appréciables sur l'histoire économique et politique, puisqu'il s'agit parfois des seuls documents permettant de connaître l'existence de rois (en Bactriane hellénistique notamment).

Les fouilles archéologiques, en dégageant une grande quantité de vestiges matériels et les rendant disponibles pour une vaste gamme d'études, offre une grande quantité d'information sur les sociétés antiques. Elle ne porte plus seulement sur les villes et leurs monuments, puisque l'archéologie rurale s'est développée, avec la pratique des prospections, de même que celle des sites funéraires. Les données issues des fouilles sont indispensables pour les historiens spécialistes de la Grèce antique et leur exploitation a ouvert de nouveaux champs d'études, par exemple en histoire économique avec l'étude de la diffusion des céramiques.

L'iconographie, l'étude des images, est un autre champ important des sciences de l'Antiquité, dépendant en principe de l'histoire de l'art. L'analyse des images fournit de nombreuses informations sur la manière de penser durant les périodes antiques, notamment dans le domaine de la religion.

Histoire

Chronologie

  • Néolithique (v. /-) : apparition des villages permanents, de l'agriculture, de l'élevage, de la céramique.
  • Âge du bronze ancien (v. -) : premier développement des cultures de l'âge du bronze grec (minoenne en Crète, cycladique dans les Cyclades, helladique en Grèce continentale méridionale), développement de l'urbanisme, de l'agriculture, de la métallurgie, des échanges.
  • Civilisation minoenne (v. -) : civilisation palatiale centrée sur la Crète, développement urbain, avec une expansion autour de l'Égée, apparition de l'écriture (linéaire A, hiéroglyphes crétois).
  • Civilisation mycénienne (v. -/) : civilisation palatiale centrée sur la moitié sud de la Grèce continentale, avec une expansion en Crète et autour de l'Égée, pratique de l'écriture (linéaire B) à des fins administratives, notant une langue grecque.
  • Âges obscurs (v. /-/) : effondrement de la civilisation mycénienne et de son organisation sociale et politique, puis reprise à partir du début du Ier millénaire av. J.-C., posant les bases de la culture grecque antique ; période essentiellement connue par l'archéologie funéraire, présentant une diversité de pratiques, poterie de style « géométrique », construction de bâtiments (dont des sanctuaires), diffusion de la métallurgie du fer.
  • Époque archaïque (/-) : période de formation des cités grecques, expansion coloniale dans la Méditerranée et la mer Noire, adoption de l'alphabet, art orientalisant, poèmes de Homère et Hésiode, philosophes présocratiques.
  • Époque classique (-) : après avoir repoussé les assauts des Perses (lors des guerres médiques), Athènes et Sparte sont les deux plus puissantes cités grecques, se confrontant avec leurs alliés respectifs dans la guerre du Péloponnèse (431-404). La confrontation des cités se poursuit au siècle suivant (avec l'émergence de Thèbes), jusqu'à la mise en place de l'hégémonie macédonienne. Période de floraison culturelle, centrée sur Athènes : art et architecture « classiques », développement de la philosophie, la rhétorique, les sciences, etc. Cette période s'achève par la conquête de l'empire perse par Alexandre le Grand, roi de Macédoine (-).
  • Époque hellénistique (-) : les héritiers d'Alexandre se partagent les pays conquis (Égypte pour les Lagides, Proche-Orient pour les Séleucides, Macédoine pour les Antigonides), coexistant avec de nombreuses dynasties grecques ou hellénisées. Processus d'hellénisation, avec la diffusion de la culture grecque dans les régions conquises. Poursuite des traditions artistiques et intellectuelles grecques.
  • Grèce romaine (à partir de à , au plus tard jusqu'en ) : Rome intervient en Grèce dès la fin du iiie siècle av. J.-C., puis annexe la Grèce et les royaumes hellénistiques par étapes entre et La Grèce fait ensuite partie de l'empire romain, dont la partie orientale est de culture dominante grecque, posant les bases de l'Empire romain d'Orient, dont l'acte de naissance peut être situé lors de la fondation de Constantinople en 330.
  • Antiquité tardive (v. 284/330-750/800) : mise en place progressive de la civilisation byzantine (on parle aussi de période « paléo-byzantine » à partir du ive siècle), autour de l'Empire romain d'Orient dirigé depuis Constantinople, de langue grecque, christianisation des pays de culture grecque, fin des institutions civiques antiques.

Origines

La recherche moderne considère généralement que la langue grecque n'est pas née en Grèce, mais elle n'est pas arrivée à un consensus quant à la date d'arrivée des groupes parlant un « proto-grec », qui s'est produite durant des phases préhistoriques pour lesquelles il n'y a pas de texte indiquant quelles langues étaient parlées. Les premiers textes écrits en grec sont les tablettes en linéaire B de l'époque mycénienne, au xive siècle av. J.-C., ce qui indique que des personnes parlant un dialecte grec sont présentes en Grèce au plus tard durant cette période. La linguistique n'est pas en mesure de trancher, pas plus que l'archéologie. Les moments d'arrivée des premiers locuteurs d'une langue grecque dans ce pays ont généralement été recherchés durant les phases de transition entre cultures préhistoriques, vus comme des phases de rupture qui pourraient être imputables à des mouvements de populations. Ont donc pu être proposés : la fin de l'âge du Bronze moyen (vers le milieu du IIe millénaire av. J.-C.), position longtemps dominante, désormais supplantée par la période située entre la fin du Bronze ancien et le début du Bronze moyen (autour de -), mais d'autres penchent en faveur de la fin du Néolithique et le début du Bronze ancien (v. ), voire la période des migrations du début du Néolithique (v. ).

Quoi qu'il en soit, rien n'indique que l'arrivée de ces « proto-Grecs » soit une problématique historique cruciale. En effet, elle ne semble pas avoir eu un impact significatif sur l'évolution de la région et la formation des civilisations égéennes, qui ne sont pas venues d'ailleurs mais se sont développées en Grèce même. Les étapes majeures sont d'abord le développement de la civilisation minoenne, et de la mycénienne à sa suite, puis de la Grèce antique à proprement parler, dont les traits caractéristiques se constituent pour la plupart après l'âge du Bronze (voir plus bas).

Cela implique du reste qu'il y ait eu des groupes parlant d'autres langues que le grec implantés en Grèce aux hautes époques, qui ont alors joué un rôle majeur. De nombreux noms de lieux, rivières, plantes et animaux présents en grec ne s'expliquent pas par une origine grecque, ni par une origine extérieure identifiable. La tradition grecque évoque des Pélasges qui auraient vécu en Grèce avant les Grecs, mais il est impossible de savoir s'ils ont effectivement existé, et le cas échéant quelle langue ils parlaient (des langues anatoliennes ont souvent été évoquées, sans emporter la conviction). Les seules traces de langues pré-grecques sont à chercher en Crète, dans les inscriptions de l'âge du Bronze, en hiéroglyphes crétois et linéaire A, qui ne transcrivent manifestement pas du grec, mais une ou des langue(s) non identifiée(s), et les inscriptions alphabétiques du Ier millénaire av. J.-C. en étéocrétois, langue non-grecque.

Âge du bronze

On distingue trois aires culturelles dans le monde égéen de l'âge du bronze (-) :

  • la culture minoenne, dont le foyer est l'île de Crète ;
  • la culture cycladique, dont les foyers sont dans les Cyclades (Milos, Santorin, Kéros, Kéa, etc.) ;
  • la culture helladique, dans la partie sud de la Grèce continentale.

Au début du IIe millénaire av. J.-C., durant l'âge du bronze moyen, émerge la première culture complexe de la Grèce, la civilisation minoenne qui s'est développée à partir de la Crète. Elle doit son nom au mythique roi crétois Minos, connu par la tradition grecque postérieure, qui a peut-être conservé par ce biais un lointain souvenir de cette civilisation. C'est une civilisation souvent désignée comme « palatiale », la première période étant dite comme « protopalatiale » (v. -), parce qu'elle voit l'apparition d'un ensemble de constructions considérées comme étant des palais (à Cnossos, Phaistos, Malia, Zakros), même si leur fonction exacte est débattue (ils semblent avoir une fonction rituelle importante). L'organisation politique de l'époque est inconnue, quoiqu'il soit manifeste qu'elle s'inspire de celles des cultures du Proche-Orient et d’Égypte de l'époque. Des centres urbains se constituent, l'artisanat se développe (céramique, métallurgie). C'est alors que l'écriture apparaît avec les hiéroglyphes crétois et le linéaire A, mais ces systèmes ne sont pas traduits. Les textes, souvent sur tablettes d'argile, sont de nature administrative. Le début de la période néopalatiale (v. -) voit la destruction des palais, puis une reprise autour de Cnossos qui semble devenue hégémonique. La culture minoenne s'étend sur les îles voisines de l'Égée, et aussi vers le continent, où la culture helladique connaît un essor, avec l'apparition de tombeaux monumentaux au riche matériel funéraire (tombes « royales » de Mycènes),,. La culture cycladique, qui était particulièrement prospère au début de l'âge du bronze, développe au même moment des centres urbains, sous influence minoenne (Akrotiri sur Santorin), avant de connaître une phase de déprise après le milieu du IIe millénaire av. J.-C.

Après , l'aire helladique voit à son tour l'émergence d'une civilisation palatiale, la civilisation mycénienne, qui doit son nom à son site principal, Mycènes, mais il y a d'autres sites majeurs tels Pylos, Thèbes, Volos, etc. qui sont des candidats pour être les capitales de royaumes mycéniens, quoi que là encore l'organisation politique ne soit pas bien connue. La redécouverte de cette civilisation s'est faite en grande partie avec les références homériques en tête, cette période étant souvent vue comme correspondant à celle de la guerre de Troie, si tant est qu'elle ait effectivement eu lieu. Cela explique qu'on y ait cherché les royaumes mentionnés par Homère, les « Achéens » dominés par le roi de Mycènes, mais la documentation archéologique et épigraphique n'a jamais confirmé cela, bien que là encore les épopées homériques aient pu conserver un lointain souvenir de ces époques, même si elles renvoient essentiellement au contexte de la fin des âges obscurs. L'archéologie indique que la Crète connaît au même moment une nouvelle crise, qui se solde par la destruction de ses palais, à l'exception de celui de Cnossos, qui devient le principal site de l'île. La Crète est alors devenue de culture mycénienne (période « postpalatiale », v. -), ce qui est généralement vu comme la conséquence d'une invasion depuis le continent, à laquelle on pourrait imputer les destructions précédentes. Une nouvelle écriture, le linéaire B, apparaît dans l'île puis sur le continent ; elle est comprise puisqu'elle transcrit du grec, la documentation étant là encore de nature administrative. Elle ne contient pas d'informations sur l'histoire politique, mais donne des indications sur le système politique et économique, organisé autour d'un roi et de son administration dirigeant des activités économiques sur leur territoire depuis le palais, et sur la religion, puisqu'elle enregistre des offrandes aux divinités, qui sont pour plusieurs d'entre elles des figures connues de la religion grecque postérieure (par exemple Zeus, Héra, Hermès). C'est donc une civilisation grecque, au profil certes bien différent de celle de l'Antiquité classique. La culture mycénienne connaît à son tour une expansion dans le monde égéen, puisqu'on retrouve ses traits matériels jusque sur la côte anatolienne. Elle est sans doute rentrée en contact avec le royaume dominant cette région, les Hittites, qui mentionnent la présence d'un royaume occidental appelé Ahhiyawa, dont le nom rappelle celui des Achéens homériques. La civilisation mycénienne s'effondre après , avec la destruction de ses palais et de son système palatial (son écriture disparaît), pour des raisons indéterminées : des invasions extérieures (« doriennes ») ont été invoquées par le passé, des facteurs internes semblent actuellement plus probables, mais plusieurs éléments peuvent s'être combinés,,.

Âges obscurs

Les caractères matériels de la civilisation mycénienne disparaissent progressivement dans le courant du xiie siècle av. J.-C. (période « post-palatiale »), puis l'habitat et les activités économiques connaissent une contraction brutale. S'ouvre ensuite une période sans documentation écrite et avec une documentation archéologique bien moins abondante, essentiellement constituée de sépultures, sans trace d'organisation politique complexe, désignée comme des « âges (ou siècles) obscurs », qui porte surtout bien son nom pour la période qui va d'environ à La période suivante, celle qui voit le développement de la tradition des céramiques géométriques, voit une reprise des échanges et une nouvelle phase de formation d'entités politiques, visible surtout en Crète, mais aussi sur le continent (Lefkandi sur Eubée, en Attique, en Argolide). Cette période est le début de l'âge du fer, le travail de ce métal se développant rapidement. Les contacts avec le Proche-Orient sont renoués. Les xe – ixe siècle av. J.-C. sont donc de plus en plus vus comme une phase de reprise, préparant la formation du monde des cités grecques. C'est peut-être de cette période que parlent avant tout les épopées homériques : un âge où les communautés sont dirigées par des rois ayant un rôle avant tout militaire, et une autorité relativement limitée. Il ne reste en fin de compte plus grand-chose des traditions mycéniennes, dont l'architecture et l'écriture ont disparu, et les accomplissements sont largement oubliés : les Grecs sont passés à autre chose, développant une nouvelle civilisation,.

Époque archaïque

Au viiie siècle av. J.-C., le rythme des changements s'accélère, et certains n'hésitent pas à parler de renaissance du monde grec, même si la tendance récente est à réévaluer les avancées accomplies durant la seconde partie des « âges obscurs ». C'est dans le courant de cette période que se situe le début de l'époque archaïque, souvent placé de façon symbolique en , date supposée des premiers jeux olympiques. Sa fin se produit au plus tard lors de la seconde guerre médique, en -

Le principal signal de la mise en place d'un monde nouveau à la fin des âges obscurs est l'adoption de l'écriture, cette fois-ci à partir de l'alphabet phénicien, autour de , ce qui conduit à l'émergence de l'alphabet grec. Sur le plan sociopolitique, cela s'accompagne de la formation d'un nouveau type d'entité, la « cité-État », polis, qui est adoptée progressivement dans la partie méridionale du monde égéen, entre la Grèce centrale et la côte occidentale d'Asie Mineure, en passant par les îles, dont la Crète qui joue encore un rôle pionnier durant les premiers siècles archaïques, avant de s'effacer. Le pays est alors divisé en une multitude de petites communautés indépendantes, situation imposée par la géographie grecque, où chaque île, vallée ou plaine est totalement coupée de ses voisins par la mer ou les montagnes. Le phénomène de formation des cités s'accompagne rapidement d'un processus d'expansion en dehors du monde égéen, la colonisation grecque, après , qui voit la fondation de cités sur les rives de la Méditerranée, notamment en Sicile et sur la péninsule italienne, où se forme la « Grande Grèce », et sur la mer Noire. Les cités mettent progressivement en place des lois et des institutions qui leur sont propres, ce qui débouche sur le développement d'une vie politique originale, très dynamique, impliquant une grande partie du corps social, adulte et masculin, les citoyens. Cette particularité grecque est souvent vue comme l'origine des nombreux changements culturels qui se produisent et aboutissent à la mise en place de la civilisation grecque antique : c'est en effet à cette période que se développent l'art et l'architecture grecques, se dégageant vite des modèles orientaux et égyptiens, avant tout destinés dans un premier temps à satisfaire les demandes de la vie religieuse qui se réorganise dans le cadre civique, qu'émerge la littérature poétique grecque à partir des récits épiques d'Homère et d'Hésiode (qui auraient vécu dans la seconde moitié du viiie siècle av. J.-C.) puis la poésie lyrique, et les premiers philosophes et scientifiques grecs en Ionie et en Grande Grèce (Thalès, Pythagore, Héraclite, Parménide, etc.), qui créent une façon de voir le monde rompant avec les pratiques antérieures. Une autre innovation de la période est l’apparition de la monnaie frappée, depuis l'Asie mineure, qui se diffuse rapidement dans le monde grec. La civilisation des cités grecques reprend certes de nombreux éléments techniques et intellectuels des civilisations antiques du Proche-Orient et d’Égypte, mais elle se les réapproprie et les repense pour mettre en place une civilisation originale et novatrice,.

L'histoire politique et militaire de la période ne peut être reconstituée faute de sources explicites. L'art de la guerre grec se met en place lors de la « révolution hoplitique », qui voit l'apparition d'armées de citoyens organisés en phalanges de fantassins. Quelques guerres sont mentionnées pour cette période, la plus ancienne étant la guerre lélantine (autour de ), entre Chalcis et Érétrie, qui aurait déjà impliqué par le jeu des alliances un grand nombre de cités du monde grec, y compris des colonies. Les cités connaissent divers défis, notamment la gestion d'une croissance démographique qui semble causer un manque de terres, qui serait en bonne partie à l'origine de la fondation des colonies, et des tensions sociales qui peuvent dégénérer en conflits civils. C'est dans ce contexte qu'émergent des tyrans, personnages qui profitent des troubles pour accaparer le pouvoir dans de nombreuses cités (Argos, Corinthe, puis Athènes, etc.). La cité de Sparte, dirigée par une oligarchie et organisée autour d'une armée redoutable, connaît une phase d'expansion territoriale qui en fait une des plus puissantes cités grecques. Athènes est également plus étendue et puissante que les autres, mettant en place son système démocratique après avoir mis fin à la tyrannie à la fin du vie siècle av. J.-C..

À la fin de la période archaïque, le monde grec fait face à des périls extérieurs : d'abord la Lydie qui domine la plupart des cités d'Asie Mineure durant la première moitié du vie siècle av. J.-C., puis l'empire perse des Achéménides qui l'absorbe, et met en place une politique d'expansion militaire vers le monde égéen et les Balkans. Ils rencontrent la résistance de plusieurs cités grecques, conduites par Athènes, ce qui aboutit au déclenchement de la première guerre médique en 492, qui s'achève par le triomphe athénien lors de la bataille de Marathon, en 490. La seconde guerre médique, organisée une dizaine d'années plus tard et plus méthodiquement par les Perses, impliquant une armée d'une grande dimension, entraîne la soumission de nombreuses cités grecques et d'importantes destructions. La résistance grecque, menée par Athènes et Sparte, l'emporte cependant à nouveau et éloigne la menace perse plus durablement.

Époque classique

L'époque classique va de la fin des guerres médiques en / jusqu'à la mort d'Alexandre le Grand en Elle couvre donc en gros le ve et le ive siècle av. J.-C. C'est traditionnellement la période vue comme l'« âge d'or » des cités grecques (au moins dans les domaines politique et militaire), et une référence du point de vue culturel.

La fin des guerres médiques laisse la Grèce partagée entre les deux vainqueurs, Athènes et Sparte, qui établissent chacune leur sphère de domination, la première prenant la domination des mers, la seconde celle des terres. Pendant un demi-siècle elles s'affrontent surtout de manière indirecte. Athènes connaît une forte expansion, constituant une sorte d'« empire » organisé autour de la ligue de Délos, alliance dont elle a la direction qui doit en principe servir à combattre l'influence des Perses, mais devient progressivement un instrument servant sa domination, surtout après la conclusion de la paix de Callias avec la puissance iranienne en En Occident, les riches cités grecques de Sicile et d'Italie connaissent leur propre lutte contre une puissance extérieure, Carthage.

L'époque classique est également dominée par Athènes sur le plan des sources, ce qui explique que cette cité ait focalisé l'attention. Son système politique démocratique est abondamment documenté, au risque de masquer la diversité des cités qui n'apparaissent qu'épisodiquement dans nos sources, à l'exception de sa rivale spartiate (à vrai dire surtout connue grâce à des témoignages athéniens). Du point de vue culturel Athènes devient le principal centre du monde grec, et produit la majeure partie des œuvres littéraires connues pour la période, est le lieu principal des débats philosophiques (Socrate, Platon, Aristote), la seule cité dont on connaisse les œuvres théâtrales, et son art (surtout la sculpture) et son architecture sont couramment présentés comme la quintessence des réalisations grecques, illustrées par les réalisations du chantier de l'Acropole commandité par Périclès, le principal homme politique de la période précédant le conflit contre Sparte. Le cité est également un pôle économique majeur du monde grec, et attire vers elles des individus de tout cet espace. Cela explique le tropisme athénien des études sur la Grèce antique, qui ne doit pas faire oublier la diversité d'un monde qui va de l'Espagne jusqu'à l'Asie Mineure et la mer Noire, qui ne comprend du reste pas que des cités puisqu'on trouve des monarchies en Grèce du Nord, notamment la Macédoine.

La rivalité entre Sparte et Athènes éclate en conflit ouvert en , date qui marque le début de la très destructrice guerre du Péloponnèse. Les deux puissances se tiennent en respect en misant sur leurs domaines respectifs, la terre pour l'une et la mer pour l'autre, et s'infligent à plusieurs reprises des défaites cinglantes, qui ne modifient cependant pas l'équilibre. La dernière phase du conflit est marqué par une expédition calamiteuse des Athéniens en Sicile, et l'alliance entre Sparte et les Perses, qui leur donne accès à des moyens financiers leur permettant de constituer une flotte et de prendre progressivement le dessus sur les Athéniens sur leur domaine privilégié. En 404 Athènes capitule, mais elle est épargnée par son vainqueur.

Ce n'est pas pour autant que l'hégémonie spartiate peut s'imposer au monde grec. Le ive siècle av. J.-C. est en effet marqué par des tentatives successives de domination qui tournent court malgré des succès importants : Sparte se voit de plus en plus concurrencée par Thèbes, tandis qu'Athènes reconstitue progressivement sa puissance. Les troupes terrestres spartiates voient leur suprématie s'achever après leur défaite à Leuctres en 371, face aux troupes thébaines menées par Épaminondas. Les trois rivaux s'affaiblissent chacun à son tour, et c'est le royaume de Macédoine dirigé par Philippe II qui parvient finalement à s'imposer en quelques années comme la principale puissance grecque. La bataille de Chéronée en met Thèbes et Athènes hors jeu, tandis que Sparte a déjà entamé son éclipse,.

Philippe II meurt assassiné en , alors qu'il nourrit le projet de partir à l'assaut de l'empire perse. Son projet est mis à exécution par son fils Alexandre à partir de 334. En une dizaine d'années, il parvient à la suite d'une série de victoires d'ampleur à détruire l'empire achéménide et à dominer un territoire allant de l’Égypte jusqu'au monde indien, bouleversant l'ordre politique de cette partie du monde. Il entend en conserver le contrôle, et y fonde de nombreuses cités, ouvrant la voie à une nouvelle phase d'expansion du monde grec, cette fois-ci en direction des terres orientales. Sa mort prématurée en laisse aux Gréco-Macédoniens la suprématie sur les contrées des plus anciennes civilisations antiques,.

Époque hellénistique

À la mort d'Alexandre le Grand en , date qui marque le début de l'époque hellénistique, son immense empire est partagé entre ses principaux généraux, les Diadoques. Ptolémée, Séleucos et Antigone fondent des dynasties qui règnent sur de vastes royaumes. La prépondérance des rois et des royaumes dans le jeu politique est un changement de taille, reléguant les cités au rang de pions dans l'échiquier politique qui se met en place, généralement dans l'incapacité de s'émanciper. Les rois légitiment leur pouvoir par la victoire et mettent en place un culte royal. Les Lagides (ou Ptolémées) dominent l'Égypte, disposant d'un royaume cohérent territorialement, où ils sont peu inquiétés. Ils étendent également leur influence vers Chypre et le monde égéen. Les Séleucides dominent au départ les pays asiatiques allant du Proche-Orient jusqu'à l'Asie centrale, soit la majeure partie de l'ancien empire perse, mais ils perdent rapidement les territoires des confins et leur empire se concentre surtout sur la Syrie et la Mésopotamie. Des royaumes grecs se constituent sur une partie des anciennes provinces séleucides, en Bactriane (royaume gréco-bactrien) et dans la vallée de l'Indus (royaumes indo-grecs). Après avoir été disputée entre plusieurs prétendants, la Macédoine passe sous le contrôle des Antigonides et redevient une puissance essentiellement européenne, et doit composer avec sa voisine, l'Épire. L'Anatolie est divisée en plusieurs royaumes plus ou moins hellénisés, le plus puissant étant celui de Pergame dirigé par les Attalides. En Grèce et en Asie Mineure certaines cités préservent leur autonomie, mais elles ne sont alors plus en mesure de jouer un rôle politique notable, à l'exception de Rhodes qui dispose d'une flotte puissante. La Grèce continentale voit l'émergence d’États fédéraux (Arcadie, Achaïe, Étolie) qui sont en mesure de tenir tête aux royaumes,. La période est marquée par un état de guerre quasi-permanent, entre grands royaumes, cités, fédérations, mais également des puissances extérieures (Parthes, Rome).

La conquête d'Alexandre a donc marqué une rupture en élargissant considérablement le monde grec, et en plaçant de vastes et riches régions sous domination gréco-macédonienne (Égypte, Syrie, Mésopotamie, Perse). De nombreuses cités grecques sont fondées, avant tout en Asie, même si la plus vaste d'entre elles est la capitale des Lagides, Alexandrie d’Égypte. Le nombre de cités grecques s'accroît donc considérablement. La cité reste donc le cadre de vie privilégié des Grecs et Grecques, quel que soit leur pays de résidence. Les Grecs constituent parfois une part importante de la population des pays dominés (Fayoum, Syrie du Nord, peut-être Bactriane), mais ils restent en général minoritaires. Les autochtones peuvent adhérer plus ou moins à la culture grecque, ce qui a été désigné comme une hellénisation, phénomène qui marque plus certaines régions (Phénicie, Anatolie centrale), que d'autres où les résistances sont fortes (Égypte, Judée). Quoi qu'il en soit la culture grecque se diffuse dans tous les pays dominés, certes à des degrés divers, et est amenée à exercer une influence durable sur beaucoup de ces régions, et des foyers de culture grecque se constituent hors de Grèce, en premier lieu Alexandrie qui est le principal lieu de création littéraire et artistique de la période.

Dans le courant de la seconde moitié du iiie siècle av. J.-C., Rome commence à s'étendre en direction du monde grec, à commencer par les cités de Grande Grèce, puis prend pied sur la rive orientale de l'Adriatique dès 229. Le royaume de Macédoine subit une série de défaites qui se soldent par des pertes territoriales puis son annexion et sa division en 168. Entre-temps les Séleucides ont été amputés de plusieurs de leurs territoires, mais ce sont surtout leurs revers à l'est face aux Parthes qui précipitent leur déclin en leur faisant perdre la Mésopotamie. En Grèce, la confédération achaïenne et un ensemble de cités sont à leur tour défaites par Rome, qui prend le contrôle de la région après la destruction de Corinthe en . Les Romains acquièrent progressivement les territoires hellénistiques par conquête, mais aussi par héritage (Pergame, Bithynie, Cyrénaïque). Une nouvelle tentative de secouer le joug romain, sous la direction du roi Mithridate VI du Pont en se conclut par un nouvel échec et le saccage d'Athènes. Puis les régions grecques subissent les guerres civiles de la fin de la République romaine, qui entraînent de nouvelles destructions et trouvent leur conclusion durant la bataille d'Actium en , quand Octave défait Marc-Antoine et Cléopâtre, la dernière des souverains hellénistiques, ce qui débouche sur l'annexion de l’Égypte lagide.

Époque romaine

Après les temps difficiles de la basse époque hellénistique, la mise en place de l'empire romain par Octave devenu Auguste ouvre une période de stabilité et de prospérité pour le monde grec, qui dure jusqu'au iiie siècle. La cité grecque est l'unité de base sur laquelle se repose l'administration impériale, et les Romains en créent de nouvelles, ainsi que des colonies romaines, et ce jusqu'au ive siècle, ce qui se traduit par un nouvel accroissement du nombre de cités, et continue de faire de celles-ci le cadre de vie fondamental des Grecs. Elles préservent largement leur autonomie pour leurs affaires internes. Les éléments culturels romains se diffusent mal dans le monde grec : le culte des empereurs est certes adopté ainsi que certains traits de la vie romaine (jeux du cirque), mais le latin est peu pratiqué en dehors de l'administration impériale, alors que le grec continue à se diffuser, notamment en Asie Mineure, et est plus que jamais la langue de culture des élites du monde hellénisé. Les grands centres culturels hellénistiques restent très actifs (Alexandrie, Athènes, Rhodes, Antioche). Surtout la culture grecque a largement été adoptée par les élites romaines, ce qui octroie une position à part aux Grecs dans l'empire, parce qu'ils sont certes dominés politiquement mais sont dans une position de force culturellement. Les notables hellénisés sont de plus en plus intégrés dans l'édifice politique romain, en obtenant par exemple des positions au Sénat, et les Grecs sont généralement enclins à la loyauté envers le pouvoir romain, quand bien même cela soit parfois présenté comme de la résignation,.

Antiquité tardive

Après la crise qui affecte le monde romain durant le iiie siècle, le pouvoir impérial connaît de profonds changements dans son organisation, dont la fondation d'une nouvelle capitale en Orient n'est pas le moindre : Constantinople, inaugurée en 330. Celle-ci devient progressivement la principale ville du monde grec, son centre politique et également culturel. La division de l'Empire romain entre Orient et Occident se constitue progressivement, et le monde grec devient alors autonome, assurant la continuité de l'empire romain après la fin de sa moitié occidentale. Cet empire survivant, que l'on connaît surtout sous le nom de « byzantin », est en fait romain de nom mais grec de culture, et aussi d'administration puisque le latin y perd rapidement son statut de langue officielle. La christianisation progresse, et devient un phénomène de première importance au ive siècle, évinçant progressivement les cultes polythéistes. Le monde grec romain semble voir sa prospérité se poursuivre jusqu'au vie siècle au plus tard. La peste justinienne qui sévit à partir de 541, les invasions slaves qui ravagent une grande partie de la Grèce à partir de 582, puis le terrible conflit entre l'Empire romain d'Orient et les Perses sassanides au début du viie siècle qui cause d'importantes destructions en Asie marquent un renversement de la tendance et voient ces régions s'enfoncer progressivement dans une période de difficultés profondes. La période des conquêtes arabo-musulmanes fait définitivement rentrer le monde hellénisé d'Asie et d'Afrique dans une nouvelle ère,. Dans ce chaos, les villes déclinent et les institutions pluriséculaires des cités grecques disparaissent. Le monde byzantin assure dès lors la continuité de l'hellénisme, certes sous un nouveau profil très marqué par le christianisme, mais conservant une partie des traditions intellectuelles antiques.

Source: Wikipedia ()

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La Grèce antique est composée de 2 localités1 et 60 entités

Répartition des entités géographiques : île, région

Grèce antique

région

Flag Acarnanie - Grèce centrale
Ἀκαρνανία
Acarnanie - Grèce centrale, Grèce antique
Flag Almopie - Macédoine
Αλμωπία
Almopie - Macédoine, Grèce antique
Flag Apérantie - Grèce centrale
Ἀπεραντία
Apérantie - Grèce centrale, Grèce antique
Flag Arcadie - Péloponnèse
Ἀρκαδία
Arcadie - Péloponnèse, Grèce antique
Flag Athamanie - Épire
Ἀθάμανία
Athamanie - Épire, Grèce antique
Flag Attique - Grèce centrale
Ἀττική
Attique - Grèce centrale, Grèce antique
Flag Bisaltie - Macédoine
Βισαλτία
Bisaltie - Macédoine, Grèce antique
Flag Bottiée - Macédoine
Βοττιαία
Bottiée - Macédoine, Grèce antique
Flag Béotie - Grèce centrale
Βοιωτία
Béotie - Grèce centrale, Grèce antique
Flag Chalcidique - Macédoine
Χαλκιδική
Chalcidique - Macédoine, Grèce antique
Flag Chaonie - Épire
Χαονία
Chaonie - Épire, Grèce antique
Flag Corinthie - Péloponnèse
Κορινθία
Corinthie - Péloponnèse, Grèce antique
Flag Crestonie - Macédoine
Κρηστωνία
Crestonie - Macédoine, Grèce antique
Flag Dassarètes - Épire
Δεξάροι
Dassarètes - Épire, Grèce antique
Flag Dolopie - Grèce centrale
Δολοπία
Dolopie - Grèce centrale, Grèce antique
Flag Doride - Anatolie
Δωρίς
Doride - Anatolie, Grèce antique
Flag Doride - Grèce centrale
Δωρίς
Doride - Grèce centrale, Grèce antique
Flag Eubée - Grèce centrale
Εὔϐοια
Eubée - Grèce centrale, Grèce antique
Flag Histiéotide - Thessalie
Ἱστιαιῶτις
Histiéotide - Thessalie, Grèce antique
Flag Ionie - Anatolie
Ἰωνία
Ionie - Anatolie, Grèce antique
Flag Laconie - Péloponnèse
Λακωνική
Laconie - Péloponnèse, Grèce antique
Flag Locride - Grèce centrale
Λοκρίς
Locride - Grèce centrale, Grèce antique
Flag Lyncestide - Macédoine
Λυγκηστίς
Lyncestide - Macédoine, Grèce antique
Flag Magnésie - Thessalie
Μαγνησίας
Magnésie - Thessalie, Grèce antique
Flag Malis - Thessalie
Μαλίς
Malis - Thessalie, Grèce antique
Flag Messénie - Péloponnèse
Μεσσηνία
Messénie - Péloponnèse, Grèce antique
Flag Molossie - Épire
Μολοσσοί
Molossie - Épire, Grèce antique
Flag Mygdonie - Macédoine
Μυγδονία
Mygdonie - Macédoine, Grèce antique
Flag Mégaride - Grèce centrale
Μεγαρίς
Mégaride - Grèce centrale, Grèce antique
Flag Odomantice - Macédoine
Ὀδόμαντες
Odomantice - Macédoine, Grèce antique
Flag Orestide - Macédoine
Ὀρεστίς
Orestide - Macédoine, Grèce antique
Flag Parauaea - Épire
Παραυαία
Parauaea - Épire, Grèce antique
Flag Perrhébie - Thessalie
Περραιβία
Perrhébie - Thessalie, Grèce antique
Flag Phocide - Grèce centrale
Φωκίς
Phocide - Grèce centrale, Grèce antique
Flag Phthie - Thessalie
Φθιώτιδα
Phthie - Thessalie, Grèce antique
Flag Piérie - Macédoine
Πιερία
Piérie - Macédoine, Grèce antique
Flag Pélagonie - Macédoine
Πελαγονíα
Pélagonie - Macédoine, Grèce antique
Flag Pélasgiotide - Thessalie
Πελασγιῶτις
Pélasgiotide - Thessalie, Grèce antique
Flag Sintice - Macédoine
Σιντική
Sintice - Macédoine, Grèce antique
Flag Thesprotie - Épire
Θεσπρωτίας
Thesprotie - Épire, Grèce antique
Flag Thessaliotide - Thessalie
Θεσσαλιῶτις
Thessaliotide - Thessalie, Grèce antique
Flag Tymphée - Épire
Τυμφαία
Tymphée - Épire, Grèce antique
Flag Édonide - Macédoine
Ἠδωνίς
Édonide - Macédoine, Grèce antique
Flag Élide - Péloponnèse
Ἦλις
Élide - Péloponnèse, Grèce antique
Flag Élimée - Macédoine
Ἐλιμιώτις
Élimée - Macédoine, Grèce antique
Flag Émathie - Macédoine
Ἠμαθία
Émathie - Macédoine, Grèce antique
Flag Énianie - Grèce centrale
Αἰτωλία
Énianie - Grèce centrale, Grèce antique
Flag Éolide - Anatolie
Αἰολίς
Éolide - Anatolie, Grèce antique
Flag Éordée - Macédoine
Ἐορδαία
Éordée - Macédoine, Grèce antique
Flag Œtée - Grèce centrale
Οἰταία
Œtée - Grèce centrale, Grèce antique

île

Document créé le 03/01/2018, dernière modification le 29/04/2024
Source du document imprimé : https://www.gaudry.be/lieu/g6.html

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