Richard Simon
Prénom : Richard
Nom : Simon
- Richard Simon
Richard Simon, né le 13 mai 1638 à Dieppe où il est mort le 11 avril 1712, est un exégète biblique hébraïsant français. Longtemps unilatéralement dénoncé et ensuite tout aussi unilatéralement loué, aujourd’hui considéré comme le véritable initiateur de la critique biblique en langue française, père de la critique et génie tutélaire de l'exégèse, la Commission biblique pontificale l’a reconnu comme le « père de l'exégèse moderne », en 1993.
Biographie
Un jeune érudit
Richard Simon a reçu sa première éducation au collège que les Oratoriens de Jésus et de Marie avaient fondé dans sa ville natale peu après la fondation de leur ordre. Ses parents n’étant pas en mesure de lui donner les moyens de poursuivre longtemps ses études (son père était forgeron), l’un des prêtres locaux, lui-même oratorien, l’a persuadé d’entrer dans l’ordre, pour lui éviter les dépenses habituellement liées à l’entrée. Mais avant la fin de l’année de son noviciat, il a démissionné, ne pouvant se soumettre à la règle de la maison, selon laquelle les novices devaient mettre de côté leurs études pendant cette période, pour se contenter de lire des livres édifiants et d’entreprendre des exercices spirituels.
Après les Oratoriens de Dieppe, les Jésuites de Rouen financent sa seconde année de philosophie, celle où l’on étudiait la logique et la morale, avant que la générosité de son ami l’abbé de La Roque (d) ne lui permette d’étudier la théologie à Paris. Alors qu'il terminait ses deux ans de cours de philosophie et ses trois ans de cours de théologie, il tournait déjà son attention vers l'étude de la Bible, étudiant l’hébreu et les langues orientales apparentées, comme le syriaque. Particulièrement attiré par la bibliothèque de la maison des Oratoriens à Paris, après que le recteur, l'abbé Bertad, auquel il donnait une heure de cours par jour, lui eut donné l'autorisation de poursuivre ses études pendant son noviciat, il décida d'y entrer de nouveau, en 1662.
À l’Oratoire, ayant tout loisir de se livrer à l’étude des langues de base de la Bible, des rabbins, des Pères de l’Église, il s’est abstenu de prendre part aux exercices spirituels, qui lui paraissaient une perte de temps. Ceci lui a valu une plainte auprès du supérieur général Senault, dont il a résulté une fouille et une interrogation de la part de ce dernier et de trois assistants. Simon a tellement été indigné de ces méthodes qu’il voulait démissionner pour passer chez les Jésuites, mais le Père Bertad l’a convaincu que c'était encore chez les oratoriens qu’il pourrait jouir le plus de liberté, d’autant plus que le supérieur général s’était retiré très satisfait de compter dans son ordre un intellectuel aux capacités si prometteuses. C'est néanmoins à partir de cet incident que Simon a développé une profonde aversion pour la vie monastique.
À la fin de son noviciat, ne pouvant payer sa pension, il est envoyé au collège de Juilly pour y enseigner la philosophie, jusqu’à ce que, l’année suivante, le bibliothécaire de l’Oratoire soit chargé par le bibliothécaire de préparer le catalogue du riche fonds de manuscrits orientaux du couvent de l'oratoire du Louvre, rue Saint-Honoré, la plupart apportés de Constantinople par l’ambassadeur Harlay de Sancy, dont de nombreux écrits rabbiniques, plusieurs manuscrits de l’Ancien Testament et un beau Pentateuque samaritain.
Désormais libre de se livrer à ses études favorites, Simon étudie avec le plus grand soin les écrits rabbiniques qui lui ont été confiés, compare les manuscrits de l’Ancien Testament, rassemble leurs différentes lectures et même traduit la Massorah pour son propre usage. Doué d’une excellente mémoire et d’un esprit vif, prompt à saisir, s’occupant également des évangiles, des écrits des Pères de l’Église, surtout du grec, et de beaucoup d’autres, il a amassé de grandes connaissances, qu’il a ensuite exploitées dans ses ouvrages, dont le premier a été Fides Ecclesiae orientalis, seu Gabrielis Metropolitae Philadelphiensis opuscula, cum interpretatione Latina, cum notis, pour démontrer que la croyance de l’Église grecque touchant à l’eucharistie était la même que celle de l’Église catholique.
En 1668, le catalogue du fonds de l’Oratoire de Saint-Honoré achevé, il retourne un temps enseigner la philosophie à Juilly. Ordonné prêtre, en 1670, il est de retour à Paris en 1672, où un savant juif de Pignerol, du nom de Salvador, son ami, venait, le samedi après-midi, lire avec lui des écrits rabbiniques dont il était friand. Ce dernier lui ayant parlé de la condamnation de plusieurs Juifs de Metz par le parlement local, après avoir été injustement accusés d'avoir assassiné un enfant (allégation de « meurtre rituel »). L’un, Raphaël Lévy, avait été condamné à mort par le feu, après avoir été torturé ; Mayer Schoüabb et Gédéon Lévy devaient s’attendre au même verdict, et ils avaient fait appel au conseil royal (1670). Aussitôt Richard Simon rédige, pour leur défense, le Factum servant de réponse au livre intitulé Abrégé du procès fait aux Juifs de Metz, qui a été imprimé et distribué aux juges et à quelques hommes de haut rang, dans lequel il prouvait la nullité de tous les crimes imaginaires dont les Juifs avaient toujours été accusés.
La querelle avec Port-Royal
Peu de temps auparavant, il avait attiré l’hostilité des jansénistes de Port-Royal, qui devait lui valoir tant d’ennuis au cours de sa vie. La doctrine augustinienne de la grâce ne satisfaisait pas son entendement, et les Pères de l’Église grecque, qu'il étudiait avec une affection particulière, ne pouvaient que l’inciter à s’y opposer. Même s’il voulait rester neutre, sa position sur la question étaient plus conforme à celle des jésuites. Aussi, en 1669, à la parution du premier volume de l’ouvrage d’Arnauld et Nicole contre le controversiste et pasteur calviniste Jean Claude, La Perpétuité de la foi de l’Église catholique touchant l’eucharistie, il a noté, à la demande d’un de ses amis, les objections qui pouvaient être soulevées contre les arguments du côté protestant, et les envoya, sous forme de lettre, à Arnauld. Cette lettre, qui devait rester confidentielle, s’étant retrouvée entre de nombreuses mains, un grand tollé s’éleva à son sujet, et Simon a été accusé d’avoir, sous prétexte d’exposer les points faibles de l’ouvrage, pris pour le parti réformé, et dénigré Port-Royal, ce dont il a difficilement réussi à se justifier. Pour ne rien arranger à l’affaire, le Père Bertad avait été remplacé, comme recteur, par l’abbé Seguenot (d), fervent janséniste, qui ne perdait jamais aucune occasion de lui manifester son courroux. Cette dernière circonstance devait motiver sa démission de l’ordre des Oratoriens.
Après avoir suscité l’indignation durable chez les amis et les admirateurs d’Arnauld, il s’attira aussi l’hostilité des bénédictins quand, pour aider son ami oratorien François Verjus, en procès contre les moines de l’abbaye de Fécamp, il a composé un mémorandum, n'épargnant pas les Bénédictins, auxquels il tenait pas plus que ces Messieurs de Port-Royal. C'était une nouvelle pierre d'achoppement pour son ordre car les oratoriens et les mauristes faisaient tous deux front aux jésuites. Enragé par les plaintes des bénédictins, le nouveau général de l’ordre, Abel-Louis de Sainte-Marthe qui, dès son entrée en fonction en 1669, avait écarté de l’Oratoire ceux qui n'étaient pas attachés à l’augustinisme, tout en épargnant Simon, en raison de sa grande érudition, le convoqua et lui reprocha amèrement de préférer s'occuper des ennemis plutôt que des amis de l'Oratoire. De plus, le frère de son ami, François Verjus, étant un éminent Jésuite, l’accusation de jésuitisme a également été portée contre lui.
Grande était l’agitation dans les milieux ecclésiastiques, et l’on envisagea sérieusement d’éloigner Simon, non seulement de Paris, mais même de France. Alors qu’il était très occupé à superviser l’impression de son Histoire critique du Vieux Testament, une proposition de mission à Rome lui a été faite mais, en ayant facilement décelé l’intention, il l’a refusée. Il avait espéré, que, grâce à l’influence du Père de La Chaise, confesseur du roi, et du duc de Montausier, il lui serait permis de dédier l’ouvrage à Louis XIV, mais le roi était alors en Flandre et, en son absence, le livre ne pouvait être édité avant qu’il n’eût accepté la dédicace, même s’il avait passé la censure de la Sorbonne et si le chancelier de l’Oratoire avait donné son autorisation.
L’imprimeur du livre, afin de favoriser la vente, avait fait imprimer séparément les différents chapitres et les avait fait mettre en circulation. Ces éditions partielles, voire probablement une copie du travail entier, avaient fini par tomber entre les mains des défenseurs de Port-Royal. Dans l’intention de nuire à la vente de l’ouvrage, dont on savait dans le milieu des théologiens que Simon avait mis longtemps à le préparer, les Messieurs de Port-Royal avaient entrepris une traduction en français des Prolégomènes à la Bible polyglotte de Brian Walton.
L’opposition de Bossuet
Pour contrecarrer cette manœuvre, Simon annonce son intention de publier une édition annotée des Prolégomènes, et ajouta à l’Histoire critique une traduction des quatre derniers chapitres de cet ouvrage, qui ne faisait aucunement partie de son plan primitif. Cette annonce de Simon empêcha que parût la traduction projetée, mais ses ennemis n’en étaient que plus irrités. Ils tenaient maintenant l’occasion qu’ils avaient longtemps cherchée. La liberté avec laquelle Simon s’exprimait sur divers sujets, et particulièrement ces chapitres où il déclarait que Moïse ne pouvait pas être l’auteur de bien des passages des Écritures qu’on lui attribuait, avait particulièrement excité les oppositions. On fit appel à Bossuet, à l’époque précepteur du dauphin et très influent ; le chancelier, Michel Le Tellier, apporta son aide ; on obtint un décret du Conseil d’État, et après les intrigues les plus basses, la totalité de l’impression (sauf six exemplaires), c’est-à-dire 1 300 exemplaires, fut saisie par la police et détruite. Nicolas Toinard se joignit à la meute en l’accusant, avec la complicité de ce dernier, avoir plagié une dissertation de l'abbé de Longuerue.
L’animosité de ses collègues de l’Oratoire grandit alors à un tel point contre Simon qu’ils ne le reconnurent plus comme membre de leur ordre. Rempli d’amertume et de dégoût, Simon se retira en 1679 à la cure de Bolleville en Seine-Maritime, où il avait été récemment nommé par le vicaire général de l’abbaye de Fécamp.
On lui proposa de rééditer l’ouvrage aux Pays-Bas, mais Simon s’y opposa d’abord, dans l’espoir, en opérant des changements dans les parties contestées de surmonter l’opposition de Bossuet qui, tout en l’accusant de favoriser le socinianisme, ne pouvait tenir pour partie négligeable sa défense de la tradition contre les protestants, par sa démonstration que l’Écriture seule est une base trop mal assurée pour servir de fondement à la foi.
Après avoir pris un temps considérable, les négociations avec Bossuet ont fini par échouer, et l'Histoire critique sortit en 1685 des presses de Reenier Leers à Rotterdam, portant le nom de Simon sur la page de titre. Une édition imparfaite avait précédemment été éditée à Amsterdam par Daniel Elzevier, fondée sur une copie manuscrite d’un des exemplaires originaux échappé à la destruction, qui avait été envoyé en Angleterre et dont on avait fait par la suite une traduction latine et une traduction anglaise. L’édition de Leers reproduisait cette première édition, avec une nouvelle préface, des notes, et ce qui avait été publié pour et contre l’ouvrage jusqu’à cette date.
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