Jimi Hendrix

Photo de Hendrix, Jimi
Prénom : Jimi
Nom : Hendrix
Date de naissance : 27-11-1942
Lieu de naissance : Seattle, Washington, USA
Décédé le : 27-11-1942

Informations de Wikipedia (v2.1 – 27/07/2025 03:50:49)
Jimi Hendrix

James Marshall Hendrix, né Johnny Allen Hendrix le 27 novembre 1942 à Seattle (Washington) et mort le 18 septembre 1970 à Londres (Angleterre), plus connu sous le nom de Jimi Hendrix (/ˈd͡ʒɪmi ˈhɛndɹɪks/), est un guitariste, auteur-compositeur et chanteur américain, fondateur du groupe The Jimi Hendrix Experience, actif de 1966 à 1970. Malgré une carrière internationale longue de seulement quatre ans, il est considéré comme l'un des virtuoses de la guitare électrique du XXe siècle (en août 2009, Time Magazine le classe premier de sa liste des dix meilleurs joueurs de guitare électrique de tous les temps et selon Rolling Stone, il figure également à la première place des 100 plus grands guitaristes de tous les temps dans les deux classements de 2003 et 2011). Américain d’ascendances africaine, européenne et indigène, Jimi Hendrix est l'un des artistes les plus novateurs de la musique populaire de son siècle, notamment en raison de l’approche révolutionnaire de son instrument et de ses techniques d'enregistrement originales en studio

Hendrix a la particularité, pour un guitariste gaucher, de jouer le plus souvent sur une guitare de droitier, dont les cordes sont remontées « à la gaucher »

Il lui arrive néanmoins d'emprunter une guitare à un droitier et de jouer avec les cordes telles quelles

Improvisateur sortant des sentiers battus, il libère la guitare solid body en utilisant les ressources nées de l'amplification, notamment en domestiquant l'effet Larsen et en explorant toutes les facettes du maniement de la tige de vibrato, ou des pédales d'effet comme la fuzz, l'UniVibe et, surtout, de la pédale wah-wah dont il est également un virtuose. Son influence dépasse largement le cadre de la musique rock et la plupart des styles musicaux qui se développent dans les années 1970 reprennent certains éléments de sa musique : Miles Davis, par exemple, joue un jazz électrique très marqué par le guitariste

Beaucoup de guitaristes de renom citent Jimi Hendrix parmi leurs principales inspirations pour diverses raisons

Il a contribué aussi bien à la naissance du jazz-rock, qu'à celle du hard rock, tout en inspirant de nombreux joueurs de blues contemporains

Il est admiré à la fois pour ses compositions, sa créativité, son jeu de scène extravagant, sa dextérité, son approche de l'instrument (mêlant rythmique, solos et ornementations) et sa capacité à mêler différents styles musicaux. Sa mort prématurée à 27 ans, survenant après celle de Brian Jones et précédant celles de Janis Joplin et Jim Morrison, participe à l'invention du mythe du Club des 27

Depuis sa mort, dans la plupart des classements dédiés aux guitaristes de blues et de rock, il reste numéro 1.

Biographie

Jeunesse

Johnny Allen Hendrix naît le au King County Hospital de Seattle, dans l'État de Washington, aux États-Unis. Il est le premier fils d'un couple afro-américain, James Allen « Al » Hendrix (né le au Canada et mort le ) et de Lucille Hendrix, née Jeter (née le et morte le ), d'origine afro-américaine et cherokee.

Sa grand-mère paternelle, Zenora (« Nora » Rose Moore, née le en Géorgie), est la fille de Robert Moore Sr. (natif de Géorgie) et de Fanny Moore (originaire de l'Ohio) et a, par cette dernière, une ascendance cherokee. Son grand-père paternel Bertran Philander Ross Hendrix (né « Hendricks » en 1866) est métis afro-européen, issu d'une relation extraconjugale entre une femme noire, nommée Fanny et un marchand de grains blanc, plus riche homme d'affaires de la région et vivant à Urbana dans l'Ohio. Ross Hendricks quitte sa région natale en 1896 pour s'installer à Chicago où il fait modifier son patronyme en « Hendrix ». Ross et Nora, tous deux comédiens ambulants, se rencontrent lors d'une tournée entre Portland et Seattle, où ils se marient en 1912. Ils déménagent quelques mois plus tard à Vancouver, au Canada, où ils donnent naissance à cinq enfants entre 1912 et 1926 : une fille et quatre garçons (dont le père de Jimi). Le , Ross et Nora Hendrix sont officiellement naturalisés et obtiennent la citoyenneté canadienne. Ross meurt d'une rupture de l'aorte en 1934 et Nora meurt en 1984 d'un cancer, à Vancouver, à l'âge de 100 ans. Après la mort de leur père, les enfants de Ross et Nora partent dans différentes directions. Le benjamin de la fratrie, Al, père de Jimi, fait des petits boulots dans la région de Vancouver, avant de se lancer dans une carrière de boxeur qui l'amène à revenir à Seattle en 1936, où il s'installe définitivement en 1940.

Les parents de Jimi se rencontrent lors d'un bal à Seattle en 1941, alors que Lucile a seize ans. Al Hendrix ne rencontre son fils que trois ans plus tard, car il est pris par ses obligations militaires, cantonné dans une base militaire en Oklahoma. Lucille est incapable d'assumer l'éducation de son fils à cause de son alcoolisme. Démobilisé, Al Hendrix récupère Johnny, qu'il rebaptise « James Marshall », en mémoire de son frère décédé, Leon Marshall Hendrix et propose à Lucille de s'installer avec elle. Elle donne naissance à Leon Hendrix en 1948. Cependant, le couple s'entend très mal, ne cesse de se disputer et finit par divorcer le .

James est profondément affecté par les conditions de pauvreté et de négligence dans lesquelles il a grandi, le divorce de ses parents lorsqu'il a neuf ans et la mort de sa mère, alcoolique, en . Al Hendrix, lui aussi alcoolique, bat son fils à maintes reprises. À Seattle, James vit dans un quartier où les échanges entre diverses communautés culturelles et ethniques sont constants. La ségrégation raciale est moindre que dans le Sud.

Son premier instrument de musique est un harmonica, offert par son père pour ses quatre ans, dont il se lasse vite. Il acquiert sa première guitare à quinze ans (achetée pour 5 dollars à un ami de son père), remplaçant avantageusement le ukulélé à une seule corde que son père lui avait donné après l'avoir surpris en train de jouer avec un balai. Dès lors, il apprend la guitare en autodidacte et y consacre tout son temps libre. Ses résultats scolaires s'en ressentent rapidement, mais il a désormais une obsession : devenir musicien. Assez rapidement, le jeune Jimmy (pas encore « Jimi ») rejoint son premier groupe : The Velvetones. Il se procure sa première guitare électrique, une Supro Ozark 1560S, qu'il utilise avec son groupe suivant : The Rocking Kings.

En 1961, mêlé à une histoire de voiture volée, Hendrix préfère s'enrôler dans l'armée plutôt que de risquer la prison. Il y rencontre le bassiste Billy Cox. En , il obtient le droit de porter l'écusson des Screaming Eagles, la 101e division aéroportée. Affecté à Fort Campbell (Kentucky), Hendrix forme The King Casuals avec Billy Cox à la basse. Il quitte l'armée deux ans plus tard à cause d'une blessure. Dans une interview, il raconte avoir été réformé en raison d'une blessure au dos consécutive à un saut en parachute. Selon d'autres sources, c'est en se faisant passer pour homosexuel que Hendrix aurait tenté de quitter l'armée.

Carrière

Débuts

Hendrix travaille comme guitariste, sous le nom de Jimmy, dans divers groupes de rhythm and blues qui tournent dans ce qu'on appelle alors le Chitlin' Circuit (le circuit des clubs fréquentés par des afro-américains). Il enregistre, à l'occasion, en tant que musicien de session.

Fin 1965, il joue avec des musiciens de renom tels que Sam Cooke, Ike and Tina Turner (Kings of Rhythm), The Isley Brothers et, surtout, Little Richard. Ce dernier estime que Jimi se met trop en avant et décide de se passer de ses services. Selon d'autres sources, il aurait été licencié par Ike Turner, qui exigeait de ses musiciens une grande précision, alors que Hendrix ne pouvait s'empêcher d'improviser. En 1965, Hendrix rejoint Curtis Knight & The Squires, un groupe new-yorkais sans grande envergure. Le , Hendrix signe un contrat d'enregistrement de trois ans avec un producteur nommé Ed Chalpin, pour seulement 1 dollar et 1 % de royalties sur les ventes des enregistrements effectués avec Curtis Knight. Sans incidence à la signature, ce contrat aura des conséquences désastreuses par la suite.

Installé à Greenwich Village, Hendrix décide de jouer sa propre musique et devient le leader de Jimmy James & The Blue Flames. Randy California, futur membre de Spirit, est guitariste au sein de ce groupe. Il n'existe aucun enregistrement amateur du groupe. Le témoignage de Mike Bloomfield permet toutefois de se faire une idée de la façon dont Hendrix joue en 1966 :

« La première fois que j'ai vu Jimi jouer, c'était avec Jimmy James & The Blue Flames. Je jouais avec Paul Butterfield et je pensais être le meilleur guitariste du coin ! Je n'avais jamais entendu parler d'Hendrix. Alors quelqu'un m'a dit : « Tu devrais aller écouter le guitariste de John Hammond. » J'étais au Cafe Au Go Go et il était au Nite Owl ou au Café Wha?, j'ai traversé la rue et je l'ai vu. Hendrix savait qui j'étais, et ce jour-là, en face de moi, il m'a désintégré. Des bombes H dégringolaient, des missiles téléguidés volaient dans tous les coins — je ne te raconte pas les sons qui sortaient de sa guitare. Tous les sons que je devais l'entendre reproduire plus tard, il les a faits, dans cette pièce, avec une Strat, un Twin, une Maestro Fuzz-Tone, et c'est tout ; il jouait à un volume très poussé. »

— Mike Bloomfield

En 1966, il fait la connaissance de Linda Keith, mannequin qui sort alors avec Keith Richards, guitariste des Rolling Stones. Elle organise une rencontre avec Chas Chandler, le bassiste de The Animals, qui souhaite devenir manager. Le rendez-vous se fait au Café Wha? où Hendrix se produit. Chandler lui propose alors de venir se faire connaître et d'enregistrer son premier single au Royaume-Uni, alors en pleine effervescence musicale, avec des groupes comme The Beatles et The Rolling Stones. Jimi Hendrix aurait accepté, à condition de rencontrer celui qui apparaît comme la référence guitaristique britannique de l'époque : Eric Clapton. Sur le chemin, il adopte alors définitivement le nom de « Jimi Hendrix » (au lieu de « Jimmy ») sur les conseils de son manager.

Il rencontre Clapton pour la première fois lors d'un concert de Cream (le trio que celui-ci venait de créer avec Ginger Baker et Jack Bruce) le au Central London Polytechnic. Considéré comme le meilleur guitariste de blues anglais depuis son passage chez John Mayall, Eric Clapton accepte que Jimi Hendrix les rejoigne sur scène — malgré la réticence de Ginger Baker. Dans son autobiographie, Clapton raconte comment Jimi a alors interprété le Killing Floor de Howlin' Wolf :

« Il a joué de la guitare avec les dents, derrière la tête, allongé par terre, en faisant le grand écart et d'autres figures. C'était stupéfiant et génial musicalement, pas uniquement un vrai feu d'artifice à contempler. […] Je pris peur, car, juste au moment où on commençait à trouver notre vitesse de croisière, voilà qu'arrivait un vrai génie. »

— Eric Clapton.

Formation du trio The Jimi Hendrix Experience (1966)

Peu de temps après son arrivée à Londres, des auditions sont organisées pour trouver les musiciens qui l'accompagneront. Il commence par recruter Noel Redding comme bassiste, alors qu'il postulait en tant que guitariste — il ne jouait pas encore de basse — au sein de The Animals, l'ancien groupe de Chas Chandler.

Peut-être inspirés par Cream, Hendrix et Chandler optent pour un trio, en s'adjoignant les services de Mitch Mitchell. Selon Jon Hiseman (le futur batteur de Colosseum), Mitchell est, à ce stade, inconnu du cercle des jazzmen de Londres. Amateur d'Elvin Jones et de Max Roach, il officiait auparavant dans un groupe où il n'avait aucune liberté d'action.

Impressionné par Hendrix — qu'un de ses amis rencontre dans un club londonien — Johnny Hallyday lui propose de rôder son nouveau groupe, en faisant sa première partie lors de quatre dates : le à Évreux, le 14 à Nancy, le 15 à Villerupt et le 18 à Paris à l'Olympia. Cette dernière date est importante : Europe 1 proposait alors une émission appelée Musicorama dont l'équipe a enregistré professionnellement la courte performance du Jimi Hendrix Experience.

En novembre 1966, le groupe se produit au Bag O' Nails, à Londres, devant un parterre de musiciens tels qu'Eric Clapton, John Lennon, Paul McCartney, Jeff Beck, Pete Townshend, Brian Jones, Mick Jagger et Kevin Ayers.

Le , Hey Joe marque les débuts discographiques du Jimi Hendrix Experience. Le single entre dans les charts anglais le et monte jusqu'à la sixième place. La plupart des biographes s'accordent sur l'intérêt que Chas Chandler, le manager de l'Experience, manifeste pour ce titre, avant même de découvrir Jimi Hendrix. C'est donc sans surprise que le choix s'est porté sur la composition de Billy Roberts, que Jimi jouait déjà au Café Wha? avec les Blue Flames. Le , Hendrix compose Purple Haze dans les coulisses d'un club, Chandler comprend aussitôt que l'Experience tient là un tube en puissance. Les faits lui donnent rapidement raison : publié le en Angleterre, le titre entre dans les charts dès le et culmine à la troisième place. Au-delà du succès commercial, Purple Haze est avant tout une réussite artistique majeure : Hendrix n'est pas seulement le meilleur instrumentiste de la musique rock, il est aussi un compositeur original dont les conceptions sont révolutionnaires. Il n'a pourtant ni l'inventivité mélodique des Beatles, ni la maîtrise harmonique de John Coltrane mais, dès son deuxième single, il crée un univers musical dépassant ses influences, univers dont la singularité est renforcée par sa maîtrise du studio et des effets. Purple Haze ne ressemble à rien de ce qui a été fait auparavant ; l'« Experience » peut véritablement commencer.

Le l'Experience donne un concert mémorable au Marquee Club de Londres ; la crème de la pop music est là, incluant les meilleurs guitaristes du moments.

Le troisième single du Jimi Hendrix Experience, The Wind Cries Mary, a été enregistré le même jour que le « basic track » de Purple Haze, en seulement vingt minutes, selon Chas Chandler. La réalité est sans doute un peu différente — enregistrer le « basic track », le solo et le chant en aussi peu de temps relèverait de l'exploit —, mais il n'en demeure pas moins que ce single est typique de la production de Chas Chandler et de son mode opératoire : travailler vite. Musicalement, The Wind Cries Mary tranche singulièrement avec les deux premiers singles : c'est une ballade minimaliste, où se fondent les influences de Bob Dylan et de Curtis Mayfield.

Are You Experienced et Axis: Bold As Love : année mythique (1967)

Le premier album du groupe, Are You Experienced, sort le . Véritable pierre angulaire de la guitare électrique, il partage les instrumentistes entre anciens et modernes. Considéré comme l'un des meilleurs[réf. souhaitée] disques de rock par la critique, il constitue non seulement la base du répertoire de l'Experience, mais aussi du trio Hendrix/Redding/Mitchell. Une prise inédite de I Don't Live Today montre que le guitariste se dirigeait vers une musique plus audacieuse encore, que la production de Chandler a sans doute limité, conscient que les plages trop libres étaient bien moins populaires, donc moins intéressantes d'un point de vue strictement commercial.

Le , au Saville Theatre de Londres, Hendrix interprète une version du morceau titre de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band, le nouvel album des Beatles publié seulement trois jours auparavant. Paul McCartney et George Harrison, présents dans l'assistance, sont impressionnés par la performance, même si le reste du concert est entaché de problèmes d'ordre technique. C'est sur les conseils de Paul McCartney que les organisateurs du Monterey International Pop Festival ont invité le Jimi Hendrix Experience, alors au sommet de sa popularité en Angleterre.

Leur performance du est historique ; de virtuellement inconnu aux États-Unis, le groupe devient rapidement culte dans les cercles rock, à défaut d'être véritablement connu du grand public. Immortalisée par le film de D. A. Pennebaker puis, plusieurs dizaines d'années plus tard, sur l'album Live at Monterey, la réputation de show-man de Jimi Hendrix est faite pour les années à venir, pour le meilleur et pour le pire. Car, si Monterey devient un concert rock extrêmement célèbre, Jimi Hendrix dégrade son image auprès des musiciens « sérieux », qui le prennent pour un « frimeur » (même si Miles Davis ne s'arrête pas à ça), mais aussi vis-à-vis du public, qui attend de lui, le plus souvent, un show plutôt qu'une performance uniquement musicale. Une image mythique reste dans les mémoires : le moment où il sacrifie sa Stratocaster en l'immolant par le feu avant de la fracasser sur le sol, rite qu'il effectue pour la première fois, sur les conseils du journaliste Keith Altham, le sur la scène du London Astoria sur le titre Fire et qu'il reproduit à la fin du festival de Monterey. Se brûlant légèrement aux deux mains, il doit être hospitalisé. Le concert de Monterey est si légendaire que la ville de Seattle inaugure le Jimi Hendrix Park à l’occasion de son 50e anniversaire (du concert), le .

Après Are You Experienced, le groupe enregistre le single Burning of the Midnight Lamp, avant d'assurer la première partie de The Monkees, lors de leur tournée américaine de l'été 1967. Le public des Monkees n'accroche pas aux prestations de l'Experience, qui quitte la tournée après seulement six concerts, en prétextant la plainte des Daughters of the American Revolution, une ligue de morale, selon laquelle Hendrix serait « trop érotique » pour les jeunes fans des Monkees.

Après une série de concerts, le groupe enregistre à Londres de nouvelles compositions qui donnent la matière du deuxième album du groupe : Axis: Bold as Love, publié en . C'est un album très différent de l'opus précédent : Hendrix se concentre ici sur ses talents de guitariste rythmique et d'auteur-compositeur. L'influence de la production de Chas Chandler est encore très présente, la plupart des titres ne dépassent pas les trois minutes. Dans la foulée, Hendrix enregistre à Londres une reprise du All Along the Watchtower de Bob Dylan.

Electric Ladyland (1968) : dernier album studio de Jimi Hendrix

Après une tournée américaine, Hendrix décide de continuer l'enregistrement de son troisième album au Record Plant, à New York. Hendrix tire profit au maximum des progrès technologiques de l'époque : l'album Electric Ladyland est enregistré sur un magnétophone 16 pistes, laissant à son créateur une liberté orchestrale jusqu'alors impossible. Hendrix, peu conventionnel dans sa manière de travailler, convie régulièrement qui veut bien venir au studio… où les ingénieurs du son doivent presque s'excuser de prendre leur place, nécessairement contraignante d'un point de vue strictement technique.

Lors de l'enregistrement de Gypsy Eyes, Chas Chandler jette l'éponge : Hendrix est désormais son propre producteur. Cet enregistrement marque aussi une nette détérioration des rapports qu'il entretient avec Noel Redding, son bassiste. Ce dernier se plaint du peu de place qu'Hendrix lui laisse au sein du groupe, mais aussi de la tournure que prennent les sessions, au cours desquelles Jimi Hendrix ne semble jamais satisfait des prises enregistrées. Noel Redding ne joue d'ailleurs que sur quelques titres du dernier album de l'Experience. De plus, Hendrix ne se limite pas aux seuls membres de l'Experience en studio et multiplie les rencontres avec des musiciens réputés (Steve Winwood, Chris Wood, Buddy Miles, Jack Casady et Al Kooper) qui se joignent à lui sur diverses compositions d'une rare richesse : Voodoo Child (Slight Return) et 1983... (A Merman I Should Turn to Be) figurent parmi les œuvres les plus ambitieuses de sa carrière.

Le , l'Experience se produit au Steve Paul's Scene où ils exécutent un set assez peu habituel (composé essentiellement de reprises) et se voient contraints de jouer avec un Jim Morrison, s'étant invité sur la scène, ivre et perturbant le bon déroulement du concert. Entre-temps, l'Experience publie la compilation Smash Hits en en Angleterre, puis l'année suivante aux États-Unis.

Electric Ladyland est le troisième album de Jimi et le dernier de l'Experience, il sort le . L'album-concept de Jimi Hendrix est initialement présenté sous la forme d'un double LP. Electric Ladyland est généralement considéré comme son album le plus abouti, avec de longues plages instrumentales. En répétition comme en concert, l'Experience évolue au fil des mois. Centrées sur des chansons qui étaient relativement courtes aux débuts du groupe, les performances sont désormais le théâtre de longues improvisations, dépassant souvent les dix minutes par morceau (cf. la version d'un quart d'heure de Voodoo Chile, 1983 dure 13 min 39 s…). À la suite de la sortie de l'album, le groupe se lance dans une nouvelle tournée américaine, de laquelle sera tiré l'album Winterland, en 2011, reprenant les concerts au Winterland de San Francisco du 10 au .

Période d'errance

Séparation de l'Experience (premier semestre 1969)

Depuis la sortie de l'album Electric Ladyland, les rapports au sein du groupe deviennent plus fluctuants, avec les invitations lancées à de nombreux musiciens de partager un moment (« pour le fun » et l'expérimentation, ainsi que le nom du groupe le laisse entendre). Les sessions d'enregistrement qui s'ensuivent prennent la forme de longues jams informelles (caractéristiques de l'acid rock), plutôt que des compositions rapidement achevées et publiables sur un disque de rock standard.

« Avec Jimi, on avait parlé d’intégrer d'autres musiciens dans le groupe. Il y avait une pression de la part de Michael Jeffery [manager du groupe], car les managers voient loin. Je pense qu'il concevait toujours l'Experience tel quel avec Noel [Redding] et moi. Mais Jimi voyait autre chose. »

— Mitch Mitchell

Début janvier 1969, après une absence de plus de six mois, Hendrix retourne à Londres avec l'Experience et s'installe brièvement dans l’appartement de sa petite amie, Kathy Etchingham, sur Brook Street, jusqu'au 9 avril, date de leur séparation définitive.

À peine arrivés et avant de partir en tournée européenne, un incident a lieu lors du passage du trio dans l'émission télévisée de la BBC Happening for Lulu le 4 janvier : le groupe interprète Voodoo Child, puis commence à jouer Hey Joe ; arrivé aux deux tiers du morceau, Hendrix s'arrête et annonce qu'au lieu de finir « cette médiocrité », il va jouer Sunshine of Your Love en hommage au groupe Cream qui vient tout juste de se séparer. Vexé, le producteur de l'émission décide d'interrompre la prestation ; et le groupe ne sera plus jamais invité sur les plateaux de la BBC.

Au début de l'année 1969, trois mois après la sortie de l'album Electric Ladyland, le guitariste confie au Melody Maker : « Très prochainement, certainement en cours de cette nouvelle année, nous allons dissoudre le groupe, sauf pour les dates prévues. » Les concerts dont fait mention Jimi sont la tournée européenne du 9 au 23 janvier à travers la Suède, le Danemark, la RFA, l'Autriche et la France (pour deux dates). Au cours de la tournée européenne du mois précédent, les rapports au sein du groupe se détériorent, surtout entre Hendrix et Noel Redding, ce dernier reprochant au premier de son comportement imprévisible et du contrôle créatif sur la musique.

Le trio revient à Londres le 24 janvier suivant. Les 18 et 24 février, la formation joue à guichets fermés au Royal Albert Hall de Londres, derniers concerts européens de l'Experience avant sa dissolution. Ce dernier concert est enregistré professionnellement, mais il ne sortira qu'après la mort du guitariste avec les albums Experience (1971) et More Experience (1972). Les dernières sessions de l'Experience se déroulent au studio Olmstead le 14 avril et au Record Plant de New York, sessions durant lesquelles est réenregistrée la chanson Stone Free. Mais ces sessions seront peu productives, ce qui va excéder encore plus le bassiste.

Le 9 avril, Hendrix retourne aux États-Unis (qu'il ne quittera plus avant fin août 1970) avec l'Experience pour se lancer dans leur dernière tournée américaine qui commence le 11 avril suivant et dure jusqu'à fin juin, tournée qui sera entrecoupée de diverses sessions d'enregistrement. Mais un autre incident se déroule durant la tournée : le , le Jimi Hendrix Experience arrive à neuf heures et demie à l'aéroport international de Pearson à Toronto (Ontario, Canada) ; les douanes canadiennes trouvent dans l'un des sacs du guitariste des substances illicites ; il est aussitôt arrêté, puis emmené au siège de la police dans le centre-ville de Toronto. Il est libéré contre une caution de 10 000 dollars en espèces et doit comparaître devant le tribunal de Toronto le . Les conséquences de cet incident sont désastreuses : Hendrix vivra avec la crainte d'un emprisonnement jusqu'à la fin de l'année 1969.

La dernière prestation de l'Experience a lieu le au festival de Denver, qui se déroule sur trois jours au Mile High Stadium a été marquée par l'image de la police utilisant des gaz lacrymogènes pour contrôler le public. Le groupe s’est échappé de justesse de la scène, à l’arrière d’un camion de location, qui a été en partie écrasé par des fans qui étaient grimpés sur le toit du véhicule.

Avant le concert, un journaliste a énervé Redding en lui demandant pourquoi il était là ; le journaliste l’a alors informé que, deux semaines plus tôt, Hendrix a annoncé qu’il était remplacé par Billy Cox. Le lendemain, Redding annonce qu’il quitte le groupe et qu’il a l’intention de retourner à Londres, poursuivre une carrière solo avec son nouveau groupe Fat Mattress, reprochant au guitariste de diriger le groupe sans demander son accord, ce qui justifiait son départ.

« Mitch et moi avons beaucoup traîné ensemble, mais nous sommes anglais. Si on sortait, Jimi restait dans sa chambre. Mais toutes les dissensions sont venues de ce que nous étions trois gars qui voyageaient trop, se fatiguaient trop, et prenaient trop de drogue... J’aimais Hendrix. Je n’aime pas Mitchell. »

— Noel Redding

Pour Mitch Mitchell, il n'a pas saisi, sur le moment, que la fin du groupe était définitive.

« Si par exemple Jimi et moi lui présentions quelque chose de type Motown, il réagissait négativement. À l'époque, la seule chose qu'il écoutait c'était deux albums des Small Faces. Les Small Faces étaient super, mais nous avions la tête ailleurs. Noel ne connaissait pas James Jamerson — le légendaire bassiste de R&B soul — ni les gars qui jouaient avec James Brown. L'essentiel du problème était que cela ne l'intéressait pas. [...] Noel, Dieu ait son âme, n'avait aucun intérêt pour la basse en tant qu'instrument. »

— Mitch Mitchell

Festival de Woodstock (été 1969)

À partir d'avril 1969, depuis sa séparation avec Kathy Etchingham, le guitariste passe tout son temps à New York. Il s'est lié d'amitié avec Deering Howe, fils de riches propriétaires d'hôtels à Manhattan et authentique passionné de la musique du guitariste — depuis que The Jimi Hendrix Experience avait loué son yacht quelques mois plus tôt —, ainsi qu'avec Colette Mimram et Stella Douglas qui tiennent une boutique de vêtements à Manhattan. Cette dernière présente à Jimi son mari, le producteur Alan Douglas, qui gérera l'héritage discographique du guitariste à partir du milieu des années 1970. Dans le même temps, deux jeunes femmes commencent à partager sa vie : Carmen Borrero, et Devon Wilson — amie de Stella Douglas.

Début , Jimi Hendrix est invité à deux émissions importantes : le Dick Cavett Show puis le Tonight Show. Il est accompagné par Mitch Mitchell et le bassiste Billy Cox lors de la seconde émission le 10 juillet durant laquelle ils interprètent une chanson inédite, Lover Man, en hommage à son ami Brian Jones mort dans les jours précédents à 27 ans. En fait, cela fait déjà plusieurs semaines qu'il répète et enregistre avec son ancien ami Billy Cox, qu'il avait connu à l'armée en 1962. Leur première session commune remonte au 21 avril 1969. Trois jours plus tôt, Jimi avait repris contact avec lui à l'occasion d'un concert à Memphis.

« On s'est revu en 1969 par le biais d'un ami qui savait que Jimi allait à Memphis. On s'est rejoint au concert. Et après on est allé dans sa chambre d'hôtel et on a discuté musique. »

— Billy Cox

En août, le manager loue la Shokan House — un manoir au milieu d'un parc de plusieurs hectares avec une piscine — près de Woodstock dans le nord de l’État de New York, dans le but de permettre au guitariste d'écrire et composer pour un prochain album. Après quelques jours de vacances au Maroc avec ses amis Deering Howe, Stella Douglas et Colette Mimram, Jimi rejoint le domaine où il séjourne à partir du à la mi-septembre. Dans la perspective d'un nouvel album, le guitariste met sur pied une nouvelle formation : le Gypsy Sun & Rainbows. En plus de Billy Cox, il rassemble autour de lui Larry Lee à la guitare (qu'il connaît depuis 1963) de retour à la vie civile depuis son retour de la guerre du Vietnam deux mois auparavant, Juma Sultan et Jerry Velez aux percussions. Hendrix était manifestement intéressé par l'idée de jouer avec des percussionnistes : les percussionnistes de Santana ont ainsi participé à la jam du Tinker Street Cinema début . La musique produite par le groupe se démarque du rock psychédélique de l'Experience, notamment par les formes musicales plus libres que le groupe expérimente. Mitch Mitchell est appelé par Hendrix fin juillet et redevient le batteur du groupe. Arrivé au manoir, le groupe répète pendant dix jours avec Mitchell en vue du concert au festival de Woodstock, mais la formation n'est pas toujours au point.

« Le management avait loué ce manoir grotesque. Apparemment ils répétaient depuis environ dix jours avant que je sois arrivé, mais ce n'était pas flagrant. Le groupe était sinistre et la maison était sinistre.[...] Lors des répétitions, j'ai eu l'impression, à plusieurs reprises, que Jimi avait compris que cela ne fonctionnait pas, et qu'il voulait en finir avec le concert et passer à autre chose.[...] C'est probablement le seul groupe avec lequel j'ai joué qui, tout simplement, n'a fait aucun progrès avec le temps. »

— Mitch Mitchell

Au mois d'août 1969, Jimi Hendrix est l'une des têtes d'affiche du Festival de Woodstock. Il se produit le dernier jour. Malgré le retard pris par le festival, le management de Jimi Hendrix refuse de changer l'ordre d'entrée en scène des groupes. Sans le film, la performance de Jimi Hendrix ne serait certainement pas devenue légendaire[réf. nécessaire] : le Gypsy Sun & Rainbows n'entre en scène que le matin du lundi , ce qui explique un public clairsemé lorsqu'il se produit.

Les mixages des différentes versions audio et vidéo mettent presque systématiquement le trio Hendrix/Cox/Mitchell en avant. Larry Lee est légèrement audible. Quant aux deux percussionnistes, ils sont quasi inaudibles d'un bout à l'autre. Juma Sultan regrettera amèrement le mixage power trio du Gypsy Sun & Rainbows, trouvant dommage d'avoir supprimé le foisonnement de percussions qui accompagne Star Spangled Banner. Inversement, John McDermott défend que le jeu foisonnant de Mitch Mitchell ne se marie pas bien avec celui des deux percussionnistes. Larry Lee revenait alors du Viêt Nam, et n'était certainement pas prêt à un tel évènement : seul son chant opère convenablement. Les deux titres qu'il chante lors de ce concert n'ont toutefois jamais eu les honneurs d'une publication officielle. Si les enregistrements pirates de la performance du Gypsy Sun & Rainbows montrent que le groupe n'était pas toujours en place, il n'empêche que la seconde partie du concert, portée à bout de bras par un Hendrix pourtant épuisé, reste l'un des plus grands moments d'improvisation de la musique rock[non neutre].

L'interprétation de l'hymne américain par le guitariste, véritable Guernica musical, est le point d'orgue du festival. Son approche de la guitare y est totalement révolutionnaire. D'autres guitaristes avaient utilisé le vibrato ou le feedback (comme Jeff Beck au sein des Yardbirds) avant lui. Mais il est le premier à avoir construit un langage inédit reprenant toutes ces techniques comme vocabulaire. Le passage central montre une vision musicale allant largement au-delà de genres établis comme le blues ou le rock : cris, bombes, Hendrix plonge avec sa musique dans l'univers de ses contemporains. Sa maîtrise du feedback sur les ultimes notes montre sa maîtrise des effets sonores (diversité des choix et réactivité instantanée). Avec Star Spangled Banner, Hendrix cristallise toute l'ambiguïté de l'intervention militaire des États-Unis au Viêt Nam.[réf. nécessaire]

À la suite du concert, le groupe se retrouve pendant une semaine en studio au Hit Factory à New York fin août pour travailler de nouvelles chansons. Mais ces sessions ne sont pas productives. Une nouvelle séance de travail se déroule donc aux Record Plant Studios début septembre, mais tourne vite au désastre avec le départ du guitariste Larry Lee, mettant fin au groupe Gypsy Sun and Rainbows. Mitch Mitchell et Billy Cox s'accordent sur le fait que le groupe ne progressait pas musicalement.

Band of Gypsys (automne 1969-début 1970)

Pour la Saint-Sylvestre 1969, au Fillmore East de New York, c'est avec une nouvelle formation que Jimi Hendrix se produit. Le Band of Gypsys est un trio entièrement afro-américain composé de Billy Cox et du batteur Buddy Miles. Jimi Hendrix y dévoile une évolution vers un jeu plus funk et y donne quatre concerts à l'occasion du nouvel an 1970 (les et le 1er janvier 1970, avec deux concerts par jour). Un album Live, Band of Gypsys, en est tiré : ce sera le dernier album publié de son vivant. La presse rock a été globalement déçue par une œuvre qui marquait, selon elle, un recul créatif vis-à-vis du troisième album de l'Experience (via un retour au rhythm and blues), et qui n'aurait pas dû sortir, de l'avis de Jimi Hendrix lui-même : « Je n'étais pas trop satisfait de l'album Band of Gypsys. Si ça n'avait tenu qu'à moi, je ne l'aurais jamais sorti. » L'album est en effet né de problèmes juridiques et non de la volonté initiale du musicien. Inversement, beaucoup voient dans le Band of Gypsys un groupe fondateur jetant les bases de nombreux courants musicaux des années 1970 : rock funk (Parliament/Funkadelic), jazz rock (Miles Davis, Mahavishnu Orchestra de John McLaughlin), etc. Miles Davis note d'ailleurs dans son autobiobraphie que c'est le groupe de Jimi Hendrix qu'il préférait. Durant les années 2000, la famille Hendrix publiera un double album contenant des enregistrements inédits tirés de cette série de concerts contenant d'excellentes versions.

Le , lors d'un concert donné au Madison Square Garden, dans le cadre du Winter Festival For Peace, le Band of Gypsys doit se produire gratuitement, afin de soutenir des opposants à la guerre du Viêt Nam. Le groupe monte sur scène vers trois heures du matin, dans ce qui s'avèrera être sa dernière performance, et peut-être le plus gros fiasco de toute la carrière de Jimi Hendrix. Après avoir présenté les membres de son groupe, alors qu'une jeune femme réclame Foxy Lady, Hendrix lui répond que « Foxy Lady est assise par là, en sous-vêtement jaunes, sales et tachés de sang. » Le groupe se lance alors dans une version particulièrement peu inspirée de Who Knows. Selon tous les témoins présents ce soir-là, Hendrix n'était pas en état de monter sur scène. Johnny Winter confiera par la suite que, pour lui, « c'était comme s'il était déjà mort. » Manifestement, Hendrix n'est pas dans son état normal : sur Who Knows, contrairement à son habitude, il ne mélange pas guitare et chant. La version qui suit de Earth Blues est encore moins convaincante, Hendrix interpellant ainsi le public alors qu'il s'arrête de jouer : « C'est ce qui arrive lorsque la Terre baise avec l'Espace, n'oubliez jamais ça. Voilà ce qui arrive ! » Buddy Miles tenta de calmer le jeu, faisant face à la stupéfaction de l'audience en promettant un retour sur scène qui n'arrivera pas : Hendrix débranche sa Stratocaster et quitte définitivement la scène, laissant à Buddy Miles le soin de gérer la foule. Aujourd'hui encore, la controverse reste entière sur ce qui s'est véritablement passé cette nuit-là au Madison Square Garden. Mike Jeffery profita de l'occasion pour virer sur le champ Buddy Miles… ce dernier accusant le manager d'avoir donné à Hendrix une dose de LSD le mettant dans l'incapacité de jouer. D'autres mettent en cause Devon Wilson, une des petites amies de Hendrix.

Lors de son interview du , menée par John Burks pour Rolling Stone (à l'initiative de Mike Jeffery), Hendrix reviendra sur la performance du Madison Square Garden : « C'est comme la fin d'un commencement ou quelque chose comme ça, je pense que le Madison Square Garden est comme la fin d'un long conte de fées. Ce qui est génial […]. En ce qui me concerne, le Band of Gypsys était formidable. […] C'est juste histoire de changer de tête, de se renouveler. […] J'étais très fatigué. » Il précisa ensuite qu'il avait affronté la plus grande guerre intérieure de toute sa vie, et que « ce n'était pas l'endroit pour le faire. »

L'album live homonyme sort le chez Capitol Records pour libérer toute obligation contractuelle, accompagné de la publication du single Stepping Stone / Izabella sous le nom de Hendrix Band of Gypsys. Enregistré en studio avec le trio éphémère, le single est rapidement retiré de la vente, Hendrix n'étant pas satisfait de son travail. Il passe beaucoup de temps à son appartement de Greenwich Village à commencer à écrire son prochain album studio.

Retour inachevé et mort

Inauguration et derniers enregistrements au studio Electric Lady (avril à août 1970)

Le concert donné le au L.A. Forum marque le retour de Jimi Hendrix sur le devant de la scène : c'est la première de ce qui s’avérera son ultime tournée américaine (le Cry of Love Tour). Première d'autant plus importante que c'est avec un nouveau groupe que Jimi Hendrix se présente : si Billy Cox est toujours à la basse, Mitch Mitchell est de retour à la batterie. Contrairement à ce que l'interview donnée en à John Burks aurait pu faire croire, Jimi Hendrix n'a pas reformé l'Experience avec ses membres d'origine. Le nom de cette formation est d'ailleurs toujours sujet à caution ; « Jimi Hendrix Experience » selon Billy Cox, « Cry of Love Band » pour d'autres, Jimi Hendrix semble n'avoir jamais véritablement clarifié ce point. Durant la tournée, le groupe donne le 4 mai un concert de soutien à l'intellectuel et apôtre du LSD Timothy Leary au Village Gate à New York avec Grateful Dead, Johnny Winter, Jim Morrison et le poète Allen Ginsberg.

Le rythme de cette tournée, bien plus raisonnable que celui des tournées précédentes, n'est pas étranger à la qualité tant des sessions studio que des concerts. Les critiques, biographes et journalistes tendent à décrire cette tournée dans des termes pour le moins mitigés. Pourtant, ainsi que John McDermott le souligne dans Setting The Record Straight, la tournée américaine de 1970 marque le retour d'une grande créativité. Selon Billy Cox, Hendrix n'arrêtait pas de setlists précises : il se contentait de préciser uniquement les premiers titres qu'ils allaient jouer. Le répertoire du groupe est d'ailleurs nettement moins stéréotypé que celui de l'Experience. Le concert du 4 juillet 1970 au festival d'Atlanta est une réussite avec le plus grand nombre de spectateurs de sa carrière (500 000 selon les sources), tandis que celui du 1er août à Honolulu est le dernier de son vivant sur le territoire américain.

Cette tournée marque aussi une reprise en main de sa carrière : Hendrix enregistre en une semaine son nouvel album studio et se produit en concert le week-end, afin de financer les travaux de construction de l'Electric Lady, son propre studio (à parts égales avec Mike Jeffery).

L'histoire du studio remonte à 1968 lorsque Jimi Hendrix et Michael Jeffery achètent le club The Generation récemment fermé au 52th W 8th St. dans le quartier de Greenwich Village à New York, où le guitariste avait multiplié les jam sessions et où avaient joué aussi bien B. B. King, Big Brother and the Holding Company, Chuck Berry et Sly and the Family Stone. Le club est transformé en studio d'enregistrement avec l'appui d'Eddie Kramer, qui voulait que Jimi possède un lieu à la mesure de ses ambitions artistiques, et sous l'égide de l'architecte et acousticien John Storyk, qui en a conçu les moindres détails. C'est à Lance Jost qu'a été confiée la décoration : une ambiance de science-fiction, destinée une fois encore à stimuler l'imagination du guitariste et compositeur.

Les premiers essais techniques et acoustiques sont effectués fin mai 1970, la toute première mise en service le 8 juin durant laquelle Jimi et Eddie Kramer se contentent de tester le matériel. Ce n'est qu'à partir du 15 juin que le groupe de Jimi Hendrix enregistre pour la première fois ensemble au studio. Selon la plupart des témoignages, Hendrix aborde les séances avec plus de sérieux que par le passé, même si ses sautes d'humeur, son rapport malsain avec son manager Jeffery et sa relation avec Devon Wilson compliquaient parfois leur bon déroulement. Mitch Mitchell ne partage pas son point de vue :

« J'ai entendu dire qu'au moment où [l'Electric Lady] a ouvert, il en avait marre d'enregistrer et de travailler, mais ce n'est pas vrai : c'était un rêve pour lui d'avoir son propre studio. ».

Après des mois de chaos personnel et de doutes artistiques, Hendrix retrouve son inspiration et progresse dans la création de son quatrième album studio. Les sessions comme celles du montrent son renouveau artistique. Sa musique est nettement plus rythmique, plus composée. Hendrix l'architecte prend le pas sur Hendrix l'instrumentiste. La guitare sert le discours, et non l'inverse.

Une fois la tournée terminée, la formation passe l'essentiel de la seconde quinzaine d'août aux studios Electric Lady, pour y enregistrer et terminer diverses chansons, que le guitariste avait accumulées depuis plus de neuf mois, en vue du prochain album - qui aurait dû s'intituler First Rays of the New Rising Sun. Mais l'album ne sera pas terminé du vivant du guitariste.

Le , Jimi Hendrix donne une fête d'inauguration de son studio Electric Lady. À ce moment-là, le guitariste a enregistré plus d'une trentaine de chansons, dont certaines sont totalement achevées et présentées à la fête. C'est également ce jour-là que le guitariste se trouve en studio pour la dernière fois de sa vie. En effet, le lendemain la formation part dans une tournée européenne de laquelle le guitariste ne reviendra pas.

Entre-temps, le même jour parait Historic Performances Recorded at the Monterey International Pop Festival par Reprise Records aux États-Unis et par Atlantic Records en France. L'album présente plusieurs chansons issues des concerts d'Otis Redding et de l'Experience au Monterey International Pop Festival le . Le concert dans son intégralité ne sera publié qu'en 1986, puis en 2007 sur Live at Monterey.

Les derniers jours en Europe (fin août à mi-septembre 1970)

Afin de financer le studio qu'il vient d'inaugurer officiellement, Hendrix accepte à contrecœur de se lancer dans ce qui s’avérera être son ultime tournée européenne. Ainsi, dès le 27 août 1970, au lendemain de l'inauguration de son studio, il se rend avec Cox et Mitchell au Royaume-Uni pour se produire trois jours plus tard au festival de l'île de Wight, au sud de l'Angleterre, devant 600 000 personnes. Bien que les titres emblématiques de son répertoire s'enchaînent avec les nouvelles compositions issues du dernier album en cours d'enregistrement, ce ne sera pas le meilleur concert du guitariste, loin de là, au point que celui-ci s'excusera auprès du public après trois chansons et qu'il reprendra tout depuis le départ, avant de jeter sa guitare en quittant la scène à la fin du concert.

« Pour être franc, c'était un mauvais concert. Je ne peux pas dire si le cœur de Jimi y était. Une chose est certaine, rétrospectivement, c'est que nous aurions vraiment dû répéter une fois. C'est étrange parce que le groupe jouait tellement bien, il était réglé comme une horloge. À ce stade, nous étions tous confiants vis-à-vis de nos jeux respectifs. Il n'y avait aucune raison que le concert soit peu réjouissant. Mais le feeling n'était pas au rendez-vous. »

— Mitch Mitchell

À l'initiative de Kristen Nefer, une mannequin danoise de 24 ans qui fréquente le guitariste, le groupe donne quatre concerts en Scandinavie entre le 31 août et le 3 septembre à Stockholm, Göteborg, Aarhus et Copenhague. Si les concerts des 1er (Göteborg) et (Copenhague) sont remarquables, celui du 2 septembre à Aarhus au Danemark est désastreux : Hendrix quitte la scène après seulement quelques titres. Hendrix semble très déprimé, et consomme beaucoup de drogues.

« Je ne suis pas sûr que j'atteindrai vingt-huit ans. Je veux dire qu'au moment où musicalement, je sentirai que je n'ai plus rien à donner, je ne serai plus de ce monde. »

— Jimi Hendrix

Après le concert du à Berlin, la santé de Billy Cox oblige le management du groupe à annuler le reste de la tournée : le concert donné sur l'île de Fehmarn (en Allemagne) dans le cadre du Love and Peace Festival le sera le dernier du trio et du guitariste.

Le soir du , après son dernier concert, Hendrix retourne à Londres et loue une suite au Cumberland Hotel dans le West End. Il donne son dernier entretien le . Entre-temps, il évoque avec les producteurs Chas Chandler et Alan Douglas son projet de virer son manager Michael Jeffery et de le remplacer par Douglas, considéré comme meilleur dans la gestion des affaires du guitariste. Alan Douglas avait été directeur du département jazz de United Artists Records, ce qui lui avait valu de travailler avec des artistes comme Duke Ellington, Max Roach et Charles Mingus. Il avait été l'ami et le conseiller de Jimi lorsque celui-ci avait formé le Band of Gypsys, ce qui l'avait amené à coproduire avec Stephan Bright les sessions de répétitions du groupe en novembre 1969, mais sans grand résultat.

Le , Jimi retrouve sa nouvelle petite amie Monika Danneman, jeune professeur de patinage sur glace et artiste peintre allemande, qu'il avait rencontrée pour la première fois lors d'un concert à Düsseldorf le 12 janvier 1969. Cette dernière avait remplacé Kirsten Nefer dans le cœur du guitariste, mais reste en concurrence avec Devon Wilson.

« Jimi a passé la majeure partie de ses derniers jours avec Monika Danneman qui — sans vouloir l'offenser — n'est pas le grand amour de sa vie. Des amours de ce genre, il n'en a vraiment eu que deux : Kathy Etchingham, à ses débuts en Angleterre, et Devon Wilson. »

— Mitch Mitchell

Le soir du 15, Jimi et Monika vont au Ronnie Scott's voir Eric Burdon et War. Le lendemain soir, Hendrix rejoint War le temps d'une jam session et joue sur deux titres, qui constituent les ultimes enregistrements amateurs du guitariste. Le , veille de sa mort, Hendrix pose pour des photos par sa petite amie Monika Danneman. Le guitariste est informé par Mitch Mitchell qu'une jam session est organisée au club Speakeasy à New York avec Sly Stone et qu'il fait part de son désir d'y participer. Eric Clapton avait projeté de rejoindre Jimi à cette jam pour lui offrir une nouvelle guitare pour gaucher. Le soir, Jimi et Monika sont invités par Devon Wilson, qu'ils ont croisée sur King Road plus tôt dans l'après-midi, à une soirée chez Philip Harvey, le fils du riche lord anglais Arthur Vere Harvey. Vers 23h, le couple quitte la soirée pour regagner l'appartement de Monika au Samarkand Hotel dans le quartier de Notting Hill. Puis quelques heures plus tard dans la nuit le , le couple se rend à une autre soirée chez Pete Kameron, lequel a secondé Kit Lamber et Chris Stamp pour la création de Track Record. Y sont présentes également Angie Burdon (la femme d'Eric Burdon), Stella Douglas (la femme du producteur Alan Douglas) et Devon Wilson. Le guitariste ne serait resté que trente minutes à la soirée avant de rentrer avec Monika vers trois heures du matin au Samarkand Hotel.

Mort

En milieu de matinée du , Hendrix est retrouvé mort dans l'appartement de Monika au Samarkand Hotel de Londres. Les circonstances exactes de sa mort sont incertaines, mais il semble être mort asphyxié par son vomi, à la suite d'un abus de barbituriques (Vesparax) lié à une prise d'alcool. Selon Monika, elle serait rentrée de courses et aurait remarqué que Jimi avait été malade cette nuit-là et aurait pris neuf comprimés de somnifère. N'ayant pas trouvé le numéro de téléphone du médecin de Jimi, elle aurait appelé l'ambulance qui serait arrivée vers 11 h 27. Le musicien aurait été conduit en urgence au St. Mary Abbots Hospital de Kensington, où il serait décédé trente minutes plus tard. Cette version est à prendre avec précaution car Monika a donné plusieurs versions différentes, voire contradictoires, concernant les dernières heures de Jimi Hendrix, comme celle où Jimi se serait endormi vers 7h15 du matin sans prendre de somnifères. Pour leur part, les urgentistes appelés sur les lieux ont affirmé que Jimi était déjà mort lorsqu'ils avaient pénétré dans l'appartement et qu'il n'y avait personne d'autre que lui à l'intérieur. Cette déclaration a été corroborée par les deux policiers présents.

En 2009, James Tappy Wright, son ancien assistant, affirme que Hendrix aurait été assassiné par son manager Michael Jeffery qui lui aurait fait ingurgiter de force des pilules et de l'alcool. Il prête à Jeffery les propos suivants : « Je devais le faire […] Jimi valait pour moi beaucoup plus mort que vif. Ce fils de pute allait me quitter. Si je le perdais, je perdais tout… On est entré dans la chambre d'hôtel de Monika, on a pris une poignée de pilules qu'on a fourrées dans la bouche de Jimi, et puis on lui a versé plusieurs bouteilles de vin rouge dans la gorge ».

La mort du guitariste a provoqué un séisme parmi ses fans, ses amis et sa famille.

« En peu de temps, le soleil s'en était allé. Mon frère a toujours semblé avoir été touché par la grâce, choisi par une force supérieure. Dès le début, il était destiné à être une star. Il l'avait, ce quelque chose de spécial qui le distinguait de tous les autres. Jimi était en avance sur son époque de son vivant et je savais qu'il grandirait encore au-delà de sa mort. »

— Leon Hendrix, le frère de Jimi

En dépit de sa volonté d'être inhumé à Londres, il est enterré à Seattle, sa ville natale, le , en présence de sa famille et de nombreux musiciens, dont un Miles Davis bouleversé qui assiste au seul enterrement de sa vie, et les anciens membres de l'Experience (Noel Redding et Mitch Mitchell). Après la cérémonie, un concert est donné pour lui rendre un dernier hommage.

« Jimi m'a toujours dit que l'on fasse la fête le jour de ses funérailles. On a loué une salle, rassemblé quelques instruments et nous lui avons adressé un dernier adieu chaleureux. Buddy Miles, Johnny Winter, Mitch et moi-même étions le centre d'une jam session qui a duré des heures. Jimi aurait apprécié... »

— Noel Redding

Mitch Mitchell a toujours regretté celui qu'il avait accompagné sur quasiment toute sa carrière musicale, comme il l'a exprimé en 1990 :

« En fin de compte, tout ce qu'on peut dire, c'est : "Quel putain de gâchis". Il était irremplaçable, à la fois comme ami et comme musicien. Il me manque autant aujourd'hui qu'il y a vingt ans. »

— Mitch Mitchell

La publication du livre de Monika Danneman The Inner World of Jimi Hendrix en 1995, dans lequel elle raconte son histoire avec la rock star, a conduit Kathy Etchingham à engager des poursuites judiciaires pour diffamation, qu'elle remportera en 1996. Peu de temps après, Monika est retrouvée morte dans sa voiture. Selon son mari Ulrich Roth, guitariste du groupe Scorpions, elle se serait suicidée après avoir reçu des menaces de mort.

La mort de Jimi Hendrix participe à l'invention du mythe du club des 27 regroupant les figures de la musique mortes de façon rapprochée à l'âge de vingt-sept ans (Brian Jones le 3 juillet 1969, Alan Wilson de Canned Heat le 3 septembre 1970, Janis Joplin le 4 octobre 1970, et Jim Morrison le 3 juillet 1971).


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