Charlie Chaplin

Photo de Chaplin, Charlie
Prénom : Charlie
Nom : Chaplin
Date de naissance : 16-04-1889
Lieu de naissance : Walworth, London, England, UK
Décédé le : 16-04-1889

Informations de Wikipedia (v2.1 – 22/07/2025 00:09:39)
Charlie Chaplin

Charles Spencer Chaplin, dit Charlie Chaplin [ˈt͡ʃɑːli ˈt͡ʃæplɪn], est un acteur, réalisateur, scénariste, producteur et compositeur britannique, né le 16 avril 1889, probablement à Londres (Royaume-Uni), et mort le 25 décembre 1977 à Corsier-sur-Vevey (Suisse). Devenu une idole du cinéma muet à partir du milieu des années 1910, et plus particulièrement du burlesque, grâce à son personnage de Charlot (désigné simplement comme « the tramp » — le vagabond — dans les versions originales), il acquiert ensuite une notoriété et une reconnaissance plus larges pour ses prestations d'acteur comme pour ses réalisations de films

Durant une carrière longue de 65 ans, il joue dans plus de 80 films

Sa vie publique et privée, ainsi que ses prises de position, font par ailleurs l'objet d'adulations comme de controverses. Chaplin grandit dans la misère entre un père absent et une mère en grande difficulté financière, tous deux artistes de music-hall, qui se séparent deux ans après sa naissance

Plus tard, sa mère est internée à l'hôpital psychiatrique alors que son fils a 14 ans

À l'âge de 5 ans, il fait sa première apparition sur scène

Il commence très tôt à se produire dans des music-halls et devient rapidement acteur

À 19 ans, il est remarqué par l'imprésario Fred Karno et réalise une tournée aux États-Unis

Il interprète son premier rôle au cinéma en 1914 dans le film Pour gagner sa vie et travaille avec les sociétés de production Essanay, Mutual et First National

En 1918, il est l'une des personnalités les plus connues au monde. En 1919, Chaplin cofonde la société United Artists et obtient ainsi le contrôle total sur ses œuvres

Parmi ses premiers longs métrages figurent Charlot soldat (1918), Le Kid (1921), L'Opinion publique (1923), La Ruée vers l'or (1925) et Le Cirque (1928)

Il refuse de passer au cinéma sonore et continue de produire des films muets dans les années 1930, comme Les Lumières de la ville (1931) et Les Temps modernes (1936)

Ses œuvres deviennent ensuite plus politiques, avec notamment Le Dictateur (1940), dans lequel il se moque de Hitler et de Mussolini

Sa popularité décline dans les années 1940 en raison de controverses au sujet de ses liaisons avec des femmes bien plus jeunes que lui et d'un procès en reconnaissance de paternité

Chaplin est également accusé de sympathies communistes, et les enquêtes du FBI et du Congrès lui font perdre son visa américain

Il choisit de s'établir en Suisse en 1952

Il abandonne son personnage de Charlot dans ses derniers films, dont Monsieur Verdoux (1947), Les Feux de la rampe (1952), Un roi à New York (1957) et La Comtesse de Hong-Kong (1967). Chaplin écrit, réalise et produit la plupart de ses films, en plus d'y jouer et d'en composer la musique

Il est perfectionniste et son indépendance financière lui permet de consacrer plusieurs années au développement de chacune de ses œuvres

Bien qu'étant des comédies de type slapstick, ses films intègrent des éléments de pathos et sont marqués par des thèmes sociaux et politiques ainsi que par des éléments autobiographiques

L'Academy of Motion Picture Arts and Sciences lui remet en 1972 un Oscar d'honneur pour sa contribution inestimable à l'industrie cinématographique, et plusieurs de ses longs métrages sont aujourd'hui considérés comme faisant partie des plus grands films de l’histoire du cinéma.

Biographie

Jeunesse (1889-1913)

Enfance

Charles Spencer Chaplin naît le  ; il est le deuxième enfant d'Hannah Chaplin née Hill (1865-1928) et de Charles Chaplin, Sr. (1863-1901). Selon David Robinson, le biographe officiel de Charlie Chaplin, sa branche paternelle serait d'origine huguenote : « La famille Chaplin a vécu pendant des générations dans le Suffolk. Le nom suggère qu'ils descendaient des huguenots, qui s'étaient installés en grand nombre en East Anglia depuis la fin du XVIIe siècle ». Son acte de naissance n'a pas été retrouvé dans les registres de l'état civil, mais Chaplin considérait qu'il était né dans une maison d'East Street dans le quartier de Walworth, dans le sud de Londres. En 2011, une lettre de 1970 adressée à Chaplin est redécouverte ; elle avance qu'il est né dans une famille gitane à Smethwick dans le Staffordshire et le fils de Chaplin, Michael, a suggéré que l'information est suffisamment importante pour que son père conserve la missive. Concernant sa date de naissance, Chaplin estimait qu'il était né le , mais une annonce dans l'édition du du journal The Magnet indique le 15. Quatre ans plus tôt, ses parents se marient et Charles Sr. reconnaît Sydney John, un fils issu d'une précédente relation d'Hannah avec un homme inconnu. Au moment de sa naissance, les parents de Chaplin sont tous deux des artistes de music-hall. Sa mère, fille d'un cordonnier, mène une carrière sans grand succès sous le nom de scène de Lily Harley, tandis que son père, fils d'un boucher, est un chanteur populaire. Ils se séparent vers 1891 et, l'année suivante, Hannah donne naissance à son troisième fils, Wheeler Dryden, issu d'une relation avec le chanteur de music-hall Leo Dryden ; l'enfant est emmené par son père à l'âge de six mois et reste éloigné de Chaplin pendant trente ans.

L'enfance de Chaplin est marquée par la misère et les privations, ce qui conduit son biographe officiel David Robinson à décrire son parcours comme « le plus spectaculaire de tous les récits jamais racontés sur l'ascension des haillons aux richesses ». Il passe ses premières années avec sa mère et son frère Sydney dans le borough londonien de Kennington ; hormis quelques travaux de couture ou de nourrice, Hannah n'a aucun revenu et Charles Sr. n'apporte aucun soutien à ses enfants. Alors que la situation financière du foyer se détériore, Chaplin est envoyé dans une workhouse à l'âge de sept ans. Il indique par la suite qu'il y connaît une « triste existence » et est brièvement rendu à sa mère 18 mois plus tard ; Hannah est rapidement contrainte de se séparer à nouveau de ses enfants, qui sont envoyés dans une autre institution pour enfants indigents.

En , la mère de Chaplin est admise à l'asile psychiatrique de Cane Hill après avoir développé une psychose apparemment provoquée par la malnutrition et la syphilis. Durant les deux mois de son hospitalisation, Chaplin et son frère sont envoyés vivre avec leur père qu'ils connaissent à peine. Charles Sr. sombre alors dans l'alcoolisme et sa conduite entraîne la visite d'une organisation de protection de l'enfance. Il meurt d'une cirrhose deux ans plus tard, à l'âge de 38 ans.

L'état de santé d'Hannah s'améliore, mais elle fait une rechute en . Chaplin, alors âgé de 14 ans, l’emmène au dispensaire, d'où elle est renvoyée à Cane Hill. Il vit seul pendant plusieurs jours et dort dans la rue en attendant le retour de son frère qui s'est engagé dans la Marine deux ans plus tôt. Hannah quitte l'asile au bout de huit mois, mais elle rechute de manière permanente en . Chaplin écrit plus tard : « Nous ne pouvions rien faire d'autre que d'accepter le sort de notre pauvre mère. » En , Charlie et son frère Sydney obtiennent la permission de la prendre avec eux à Hollywood. Charlie lui achète une maison en bord de mer, et Hannah y vit ses sept dernières années, soignée à domicile. C'est là qu'elle peut revoir son troisième fils, Wheeler Dryden, dont elle est séparée depuis trente ans. Elle meurt le .

Premières prestations

Chaplin commence très tôt à se produire sur scène. Il y fait sa première apparition à cinq ans en remplaçant Hannah lors d'un spectacle à Aldershot. C'est une exception, mais sa mère l'encourage dans cette voie, et « elle [l]'imprègne du sentiment [qu'il] a une sorte de talent ». Grâce aux relations de son père, il devient membre de la troupe de danseurs Eight Lancashire Lads et se produit dans des music-halls britanniques en et . Chaplin travaille dur et la troupe est populaire, mais il ne se satisfait pas de la danse et veut se tourner vers la comédie.

Lorsque Chaplin est en tournée avec les Eight Lancashire Lads, sa mère s'assure qu'il continue à aller à l'école, mais il abandonne vers treize ans. Passé une période de petits boulots, à quatorze ans et peu après la rechute de sa mère, il s'inscrit dans une agence artistique du West End de Londres. Le responsable de cette agence discerne un potentiel chez Chaplin et lui offre rapidement son premier rôle en tant que vendeur de journaux dans la pièce Jim, a Romance of Cockayne de Harry A. Saintsbury. La première a lieu en , mais le spectacle ne rencontre pas de succès et les représentations s'arrêtent au bout de deux semaines ; la performance comique de Chaplin est néanmoins remarquée par les critiques. Saintsbury lui obtient ensuite le rôle du groom Billy dans la pièce Sherlock Holmes de Charles Frohman. Son jeu est si bien reçu qu'il est appelé à Londres pour se produire aux côtés de William Gillette, qui a coécrit la pièce avec Arthur Conan Doyle. Il fait sa dernière tournée de Sherlock Holmes au début de l'année après y avoir joué pendant plus de deux ans et demi.

Acteur comique

Chaplin rejoint rapidement une autre compagnie et joue dans une comédie à sketchs, Repairs, avec son frère Sydney qui s'est également lancé dans une carrière artistique. En , il participe au spectacle pour enfants Casey's Circus et développe son jeu burlesque qui lui permet de devenir rapidement la star de la pièce. À la fin de la tournée en , le jeune homme de 18 ans est devenu un comédien accompli. Il a néanmoins des difficultés à trouver du travail et une brève incursion dans le stand-up ne rencontre pas le succès escompté.

Dans le même temps, Sydney Chaplin a rejoint en la prestigieuse troupe comique de Fred Karno, dont il est devenu l'un des acteurs principaux en . En février, il parvient à obtenir une période d'essai de deux semaines pour son frère cadet. Karno n'est initialement pas convaincu et considère Chaplin comme un « enfant à l'air renfrogné pâle et chétif » qui « semble bien trop timide pour faire quoi que ce soit de bien au théâtre ». Il est cependant impressionné par sa première prestation au London Theatre et l'engage immédiatement. Après des rôles secondaires, Chaplin accède aux rôles principaux en et il est l'acteur principal de la nouvelle comédie Jimmy the Fearless en . C'est un grand succès qui attire l'attention de la presse sur le jeune artiste.

Karno le choisit pour participer avec une partie de sa troupe à une tournée en Amérique du Nord. Chaplin mène les spectacles de music-hall et impressionne les critiques qui le décrivent comme « l'un des meilleurs artistes de pantomime jamais vus ». La tournée dure 21 mois et la troupe retourne en Grande-Bretagne en . Chaplin a alors le sentiment troublant de « revenir aux platitudes déprimantes » et il est ravi quand une nouvelle tournée commence en octobre.

Débuts dans le cinéma (1914-1917)

Keystone

Alors qu'il en est au sixième mois de sa tournée américaine, Chaplin est invité à rejoindre la New York Motion Picture Company ; un des responsables de la société a assisté à l'un de ses spectacles et pense qu'il peut remplacer Fred Mace, la star du studio Keystone, qui veut prendre sa retraite. Chaplin considère les comédies de Keystone comme un « mélange grossier », mais apprécie la perspective d'une nouvelle carrière ; il signe en un contrat d'un an avec un salaire hebdomadaire de 150 dollars (environ 3 880 dollars de 2025).

Chaplin arrive dans les studios de Los Angeles au début du mois de et rencontre son responsable Mack Sennett, qui pense que le jeune homme de 24 ans paraît trop jeune. Il ne joue pas avant la fin du mois de et profite de cette période pour se familiariser avec la réalisation cinématographique. Il fait ses débuts dans le court-métrage Pour gagner sa vie, sorti le , mais déteste le film. Dans celui-ci, il se présente comme une sorte de dandy en redingote étriquée, chapeau haut-de-forme et grandes moustaches tombantes. Pour son second rôle, Chaplin choisit le costume de Charlot (en anglais, The Tramp ou vagabond) avec lequel il se fait connaître ; dans son autobiographie, il décrit le processus :

« Je voulais que tout soit une contradiction : le pantalon ample, la veste étriquée, le chapeau étroit et les chaussures larges… J'ai ajouté une petite moustache qui, selon moi, me vieillirait sans affecter mon expression. Je n'avais aucune idée du personnage mais dès que j'étais habillé, les vêtements et le maquillage me faisaient sentir qui il était. J'ai commencé à le connaître et quand je suis entré sur le plateau, il était entièrement né. »

Ce film est L'Étrange Aventure de Mabel, mais le personnage de « Charlot » apparaît pour la première fois dans Charlot est content de lui, tourné peu après mais sorti deux jours auparavant, le 7 février 1914. Chaplin adopte rapidement ce personnage et fait des suggestions pour les films dans lesquels il apparaît, suggestions qui sont rejetées par les réalisateurs. Durant le tournage de son 11e film, Mabel au volant, il affronte la réalisatrice Mabel Normand et l'incident entraîne presque la résiliation de son contrat. Sennett le conserve néanmoins après avoir reçu des commandes pour de nouveaux films avec Chaplin. Il l'autorise également à réaliser son prochain film après que Chaplin a promis de payer 1 500 dollars (environ 38 287 dollars de 2025) s'il ne rencontre pas de succès.

Un béguin de Charlot, sorti le 4 mai 1914, marque les débuts de réalisateur de Chaplin et connaît un grand succès. Par la suite, il réalise quasiment tous les courts-métrages de Keystone dans lesquels il joue ; Chaplin rapporte par la suite que cette période, où il réalise environ un film par semaine, est la plus excitante de sa carrière. Il introduit une forme de comédie plus lente que les farces typiques de Keystone et rassemble rapidement un grand nombre d'admirateurs. En novembre 1914, il joue avec Marie Dressler dans le long-métrage Le Roman comique de Charlot et Lolotte réalisé par Sennett ; le film est un succès et accroît sa popularité. Lorsque le contrat de Chaplin expire à la fin de l'année, il demande un salaire hebdomadaire de 1 000 dollars (environ 25 525 dollars de 2025), une somme que Sennett refuse car jugée trop élevée.

Essanay

L'Essanay Film Manufacturing Company propose à Chaplin un salaire hebdomadaire de 1 250 dollars (environ 31 591 dollars de 2025) avec une prime d'embauche de 10 000 dollars. Il intègre le studio à la fin du mois de et rejoint d'autres acteurs comme Leo White, Bud Jamison, Paddy McGuire et Billy Armstrong. Alors qu'il est à la recherche d'un second rôle féminin pour son deuxième film, Charlot fait la noce, il repère une secrétaire appelée Edna Purviance dans un café à San Francisco. Il l'engage et elle tourne avec lui dans 35 films ; ils ont également une aventure sentimentale jusqu'en .

Chaplin exerce un contrôle important sur ses films et il commence à consacrer beaucoup de temps et d'énergie à chacune de ses réalisations. Un mois sépare sa seconde production, Charlot fait la noce, et sa troisième, Charlot boxeur, et il adopte ce rythme pour ses réalisations ultérieures avec Essenay. Il modifie également son personnage, critiqué par Keystone en raison de son caractère « malveillant, rustre et grossier », pour lui donner une personnalité plus douce et romantique. Cette évolution est illustrée par Le Vagabond en et Charlot garçon de banque en août, qui comportent un final plus triste. C'est une innovation pour les films comiques et les critiques sérieux commencent à apprécier davantage son travail. Avec Essanay, Chaplin trouve les thèmes qui définissent le monde de Charlot.

Immédiatement après ses débuts cinématographiques, Chaplin devient un phénomène culturel. Les magasins vendent des produits associés à son personnage de Charlot, qui apparaît dans des bandes dessinées et dans des chansons. En , selon un journaliste du magazine Motion Picture Magazine, la « chaplinite » se propage en Amérique. Sa popularité s'étend également à l'étranger et il devient la première star internationale du cinéma. Alors que son contrat avec Essenay expire en , Chaplin, pleinement conscient de sa célébrité, demande une prime d'embauche de 150 000 dollars (environ 3 790 954 dollars de 2025) à son nouveau studio. Il reçoit plusieurs propositions venant entre autres d'Universal, Fox et Vitagraph.

Mutual

Il est finalement engagé par le studio Mutual, qui lui accorde un salaire annuel de 670 000 dollars (environ 16 932 928 dollars de 2025), qui fait de Chaplin, alors âgé de 26 ans, l'une des personnes les mieux payées au monde. Cette somme élevée choque le public et est largement reprise dans la presse. Le président du studio, John R. Freuler, explique qu'ils peuvent se permettre de payer ce salaire à Chaplin, car « le public veut Chaplin et paiera pour le voir ».

Mutual accorde à Chaplin son propre studio à Los Angeles, qui est inauguré en . Il recrute deux nouveaux acteurs pour l'accompagner, Albert Austin et Eric Campbell, et réalise une série de films plus élaborés et mélodramatiques : Charlot chef de rayon, Charlot pompier, Charlot musicien, Charlot rentre tard, Charlot et le Comte. Pour Charlot usurier, il embauche l'acteur Henry Bergman, qui travaille avec lui pendant 30 ans. Charlot fait du ciné et Charlot patine sont ses dernières réalisations pour l'année . Les stipulations du contrat avec Mutual lui imposent de réaliser un court-métrage toutes les quatre semaines, engagement qu'il tient. Il commence néanmoins à demander plus de temps pour créer ses films et il n'en réalise que quatre autres pour Mutual dans les dix premiers mois de l'année  : Charlot policeman, Charlot fait une cure, L'Émigrant et Charlot s'évade. Du fait de leur réalisation méticuleuse et de leur construction soignée, ces films sont considérés comme parmi les meilleures œuvres de Chaplin par les spécialistes du cinéaste. Pour Chaplin, ses années à Mutual sont les plus heureuses de sa carrière.

Chaplin est critiqué par la presse britannique parce qu'il ne participe pas à la guerre mondiale en cours. Il répond qu'il est volontaire pour se battre pour le Royaume-Uni s'il est appelé et qu'il a déjà répondu à la conscription américaine ; aucun des deux pays ne lui demande de s'enrôler et l'ambassade britannique aux États-Unis publie une déclaration indiquant que Chaplin « est bien plus utile à la Grande-Bretagne en gagnant de l'argent et en achetant des obligations de guerre que dans les tranchées ». Malgré ces critiques, Chaplin est l'un des acteurs préférés des soldats et sa popularité continue de grandir dans le monde entier. Le magazine américain Harper's Weekly rapporte que le nom de Charlie Chaplin fait « partie de la langue véhiculaire de presque tous les pays » et que l'image de Charlot est « universellement familière ». En , les imitateurs professionnels de Charlot (dont Bobby Dunn ou Billy West) sont si répandus qu'il lance des actions en justice et il est rapporté que neuf hommes sur dix participant à des soirées costumées reprenaient son accoutrement. L'actrice Minnie M. Fiske écrit qu'un « nombre en constante augmentation de personnes cultivées commencent à considérer le jeune bouffon anglais, Charlie Chaplin comme un artiste extraordinaire et un génie comique ».

First National (1918-1922)

Mutual ne se formalise pas de la production réduite de Chaplin et le contrat se termine à l'amiable. Pour son nouveau studio, son principal objectif est d'avoir une plus large indépendance ; son frère Sydney, devenu son agent artistique, déclare à la presse que « Chaplin doit être autorisé à avoir tout le temps et l'argent nécessaires pour produire les films à sa manière… C'est la qualité, non la quantité, que nous voulons ». En , Chaplin signe un contrat d'un million de dollars (environ 19 955 844 dollars de 2025) pour huit films avec l'association de propriétaires de salles de cinéma First National Pictures. Il décide de construire son propre studio sur un terrain de 5 acres (20 200 m2) près de Sunset Boulevard avec les meilleures installations et équipements disponibles. Le studio est inauguré en et Chaplin reçoit une grande liberté pour la réalisation de ses films.

Une vie de chien, distribué en , est son premier film sous ce nouveau contrat. Il y démontre une attention grandissante pour l'intrigue et son traitement de Charlot comme une sorte de Pierrot. Le film est décrit par le critique français Louis Delluc comme « la première œuvre d'art totale du cinéma ». Chaplin participe ensuite à l'effort de guerre en réalisant une tournée d'un mois aux États-Unis afin de lever des fonds pour les Alliés. Il produit également un court-métrage de propagande pour le gouvernement appelé The Bond. Son film suivant, Charlot soldat, met en scène Charlot dans les tranchées ; ses associés le mettent en garde contre une comédie sur la guerre, mais il pense autrement : « dangereuse ou non, l'idée m'excitait ». Le tournage dure quatre mois et le film de 45 minutes rencontre un grand succès à sa sortie, en .

Après la sortie de Charlot soldat, Chaplin demande plus de fonds à la First National, qui refuse. Frustré par le manque de considération du studio pour la qualité et inquiet des rumeurs d'une fusion avec Famous Players-Lasky, il se rapproche de ses collègues Douglas Fairbanks, Mary Pickford et D. W. Griffith pour fonder une nouvelle société de distribution. La création d'United Artists en est une révolution pour l'industrie cinématographique, car les quatre fondateurs peuvent dès lors personnellement financer leurs œuvres et avoir un contrôle total sur elles. Chaplin est alors impatient de pouvoir commencer avec sa nouvelle entreprise et offre de racheter son contrat avec la First National. Le studio refuse et insiste pour qu'il livre les six derniers films promis.

Avant la création d'United Artists, Chaplin se marie pour la première fois. L'actrice de 17 ans Mildred Harris est enceinte et ils se marient discrètement à Los Angeles en pour éviter la controverse ; la grossesse se révèle fausse. Chaplin n'est pas heureux de cette union, qui selon lui affecte sa créativité, et la réalisation d’Une idylle aux champs est difficile. Harris tombe ensuite réellement enceinte et elle accouche d'un garçon le . Le nouveau-né, Norman Spencer Chaplin, est cependant malformé et meurt trois jours plus tard. Les époux divorcent en et Chaplin explique dans son autobiographie qu'ils n'étaient « absolument pas faits l'un pour l'autre ».

Cette tragédie personnelle influence l'œuvre de Chaplin, car il envisage de faire de Charlot le tuteur d'un jeune garçon. Le tournage du Kid commence en avec le jeune Jackie Coogan, alors âgé de quatre ans. Chaplin réalise que le projet est plus important que prévu et, pour apaiser la First National, arrête sa production et tourne rapidement Une journée de plaisir. La réalisation du Kid dure neuf mois, jusqu'en , et sa durée de 68 minutes en fait le plus long du cinéaste jusque là. Le film est marqué par les thèmes de la pauvreté et de la séparation et on considère[Qui ?] que Le Kid est influencé par la propre enfance de Chaplin. Il s'agit en outre de l'un des premiers films à associer la comédie et le drame. Le succès est immédiat à sa sortie, en , et il est distribué dans plus de cinquante pays dans les trois années qui suivent.

Chaplin consacre cinq mois à son film suivant de 31 minutes, Charlot et le Masque de fer. Après sa sortie en , il décide de retourner en Grande-Bretagne pour la première fois en près d'une décennie. Il remplit ensuite son contrat avec la First National en réalisant Jour de paye en et Le Pèlerin un an plus tard.

United Artists (1923-1938)

L'Opinion publique et La Ruée vers l'or

Ayant rempli ses obligations avec la First National, Chaplin est à présent libre de réaliser ses films en tant que producteur indépendant. En , il commence le tournage de L'Opinion publique. Il veut que ce drame romantique lance la carrière d'Edna Purviance et ne réalise qu'un bref caméo non crédité dans cette production. Souhaitant que le film soit réaliste, il demande à ses acteurs de jouer de manière retenue, expliquant que dans la vie réelle « les hommes et les femmes essayent de dissimuler leurs émotions plutôt que de vouloir les montrer ». La première de L'Opinion publique en est acclamée par la critique pour son approche subtile, qui est alors une innovation. Le public semble cependant peu intéressé par un film de Chaplin sans Charlot et il sera un échec. Fier de son film, le cinéaste est affecté par ce revers car il a voulu réaliser un film dramatique ; il retire L'Opinion publique des salles aussi vite que possible.

Chaplin revient à la comédie pour son prochain projet et il pense alors : « Ce prochain film doit être une épopée ! la plus grande ! ». Inspiré par une photographie de la ruée vers l'or du Klondike de et par le récit de l'expédition Donner de -, il réalise ce que le journaliste Geoffrey Macnab qualifie de « comédie épique sur un sujet grave ». Dans La Ruée vers l'or, Charlot est représenté comme un prospecteur solitaire affrontant l'adversité et à la recherche de l'amour. Avec Georgia Hale comme partenaire, Chaplin commence le tournage dans les montagnes de l'ouest du Nevada en . La production est complexe, avec plus de 600 figurants, des décors extravagants et des effets spéciaux ; la dernière scène n'est réalisée qu'en , après 15 mois de tournage.

Avec un coût de près d'un million de dollars, Chaplin considère que La Ruée vers l'or est le meilleur film qu'il a réalisé jusque-là. Après sa sortie en , il devient l'un des plus gros succès du cinéma muet, avec cinq millions de dollars (environ 72 893 738 dollars de 2025) de recettes. La comédie comporte certaines des scènes les plus célèbres de Chaplin, comme celle de Charlot mangeant sa chaussure ou celle dite de la « danse des petits pains », et il déclare par la suite qu'il aimerait que les gens se souviennent de lui grâce à ce film.

Lita Grey et Le Cirque

Alors qu'il réalise La Ruée vers l'or, Chaplin se marie pour la deuxième fois. Comme pour sa première union, Lita Grey est une jeune actrice qui doit apparaître dans le film et dont la grossesse imprévue oblige Chaplin à l'épouser. Elle a alors 16 ans et lui 35, et selon la loi californienne cette relation peut être qualifiée de viol sur mineure. D'après les documents du divorce, Chaplin a voulu la faire avorter, mais celle-ci a refusé. La mère de Lita Grey a par ailleurs menacé Chaplin de le dénoncer à la police s'il n'épouse pas sa fille. Il organise donc une cérémonie discrète au Mexique, le . Lita accouche d'un premier fils, Charles Chaplin Jr., le , et d'un second, Sydney Earle Chaplin, le .

Cette union est malheureuse et Chaplin passe beaucoup de temps en studio pour éviter de voir son épouse. En , Lita Grey quitte leur foyer avec leurs enfants. Lors de la difficile procédure de divorce, les documents de Lita Grey accusant Chaplin d'infidélité, de violence et d'entretenir des « désirs sexuels pervers » sont publiés par la presse. Il est rapporté que Chaplin est au bord d'une crise de nerfs, alors que l'histoire fait la une des journaux et que des groupes sont créés pour demander l'interdiction de ses films. Impatients de mettre un terme à l'affaire, les avocats de Chaplin acceptent en de payer 600 000 dollars (environ 8 831 034 dollars de 2025), la plus grosse somme accordée lors d'un procès aux États-Unis jusqu'alors. La popularité de Chaplin lui permet de surmonter l'incident, qui est rapidement oublié, mais il en reste profondément affecté.

Avant le début de la procédure de divorce, Chaplin commence à travailler sur un nouveau film, Le Cirque. Le tournage est suspendu dix mois durant le scandale de son divorce et la production est marquée par les difficultés. Finalement terminé en octobre, Le Cirque sort en et reçoit un accueil positif. Lors de la 1re cérémonie des Oscars, Chaplin reçoit un Oscar d'honneur « pour sa polyvalence et son génie à jouer, écrire, mettre en scène et produire Le Cirque ». Malgré le succès du film, Chaplin l'associe avec le stress de sa production ; il ne le mentionne pas dans son autobiographie et a du mal à travailler dessus quand il le resonorisa en .

Les Lumières de la ville

« J'étais résolu à continuer la réalisation de films muets… J'étais un mime et dans ce registre j'étais unique et, sans fausse modestie, un maître. »

Chaplin sur le cinéma parlant

Le cinéma sonore apparaît à l'époque où sortait Le Cirque. Chaplin est sceptique quant à cette nouvelle technique et estime que les « parlants » ne valent pas les films muets, du point de vue artistique. Il est également réticent à l'idée de changer la formule qui a fait son succès et craint que donner une voix à Charlot ne limite son attrait à l'international. Il rejette donc cette mode hollywoodienne et commence à travailler sur un nouveau film muet ; cette décision le rend néanmoins anxieux et il le reste tout au long de la production de ce nouveau projet.

Lorsque le tournage commence à la fin de l'année , Chaplin travaille sur l'histoire depuis près d'un an. Les Lumières de la ville met en scène l'amour de Charlot pour une fleuriste aveugle, jouée par Virginia Cherrill, et ses efforts pour lever des fonds pour une opération destinée à lui rendre la vue. Chaplin a travaillé « jusqu'au bord de la folie pour obtenir la perfection » et le tournage dure 21 mois, jusqu'en .

Chaplin finalise Les Lumières de la ville en à un moment où les films muets sont devenus anachroniques. Une pré-projection ne rencontre pas de succès, mais la presse est séduite. Un journaliste écrit : « Personne d'autre que Charlie Chaplin n'aurait pu le faire. Il est le seul à avoir ce quelque chose d'étrange appelé « attrait de l'audience » en quantité suffisante pour défier le penchant populaire pour les films qui parlent ». Lors de sa sortie officielle en , Les Lumières de la ville est un succès populaire et financier qui rapporte plus de trois millions de dollars. Le British Film Institute le cite comme la plus grande réussite de Chaplin et le critique James Agee évoque son final comme « le meilleur jeu d'acteur et le plus grand moment de l'histoire du cinéma ».

Paulette Goddard et Les Temps modernes

Les Lumières de la ville est un succès mais Chaplin n'est pas certain de pouvoir réaliser un nouveau film sans dialogues. Il reste convaincu que le son ne marcherait pas dans ses films, mais est également « obsédé par la peur déprimante d'être démodé ». En raison de ces incertitudes, le comédien choisit au début de l'année de prendre des vacances et il arrête de tourner pendant 16 mois. Il visite l'Europe de l'Ouest, dont la France et la Suisse, et décide spontanément de se rendre dans l'empire du Japon. Là-bas, il est témoin de l'incident du 15 mai 1932, durant lequel des officiers nationalistes tentent un coup d'État, assassinant le Premier ministre du Japon Tsuyoshi Inukai. Le plan initial inclut notamment de tuer Charlie Chaplin afin de déclencher une guerre avec les États-Unis. Quand le Premier ministre est tué, son fils Takeru Inukai assiste à une compétition de sumo avec Charlie Chaplin, ce qui leur a probablement sauvé la vie.

Dans son autobiographie, il note qu'à son retour à Los Angeles en , il se sent « perdu et sans but, fatigué et conscient d'une extrême solitude ». Il envisage brièvement la possibilité de prendre sa retraite et de s'installer en Chine.

La solitude de Chaplin est apaisée quand il rencontre en juillet l'actrice de 21 ans Paulette Goddard, avec qui il forme un couple heureux. Hésitant encore sur l'opportunité d'un film, il écrit un roman-feuilleton sur ses voyages, qui est publié dans le magazine Woman's Home Companion. Son séjour à l'étranger, durant lequel il rencontre plusieurs personnages influents, a un effet très stimulant pour Chaplin, et il s'intéresse de plus en plus aux questions internationales. L'état du monde du travail américain durant la Grande Dépression le trouble et il craint que le capitalisme et les machines ne provoquent un fort taux de chômage. Ce sont ces inquiétudes qui le motivent à développer son nouveau film.

Les Temps modernes est présenté par Chaplin comme « une satire de certaines situations de notre vie industrielle ». Il envisage d'en faire un film parlant, mais change d'avis lors des répétitions. Comme ses prédécesseurs, Les Temps modernes utilise des effets sonores synchronisés, mais presque aucune parole. Dans le film, l'interprétation en « charabia » d'une chanson par Chaplin donne néanmoins pour la première fois une voix à Charlot. Après l'enregistrement de la musique, le résultat est présenté en . Il s'agit de son premier film depuis Le Kid à intégrer des références politiques et sociales et cet aspect entraîne une forte couverture médiatique, même si Chaplin tente de minimiser le sujet. Le film connaît un succès moindre que ses précédents films et les critiques sont plus mitigées, certaines désapprouvant sa signification politique. Les Temps modernes est néanmoins devenu un classique du répertoire de Chaplin.

À la suite de cette sortie, Chaplin se rend en Extrême-Orient avec Goddard. Le couple refuse tout commentaire sur la nature de leur relation et on ne sait alors pas vraiment s'ils sont mariés ou non. Quelque temps plus tard, Chaplin révèle qu'ils se sont mariés à Canton, en Chine, durant ce voyage. Les deux s'éloignent cependant rapidement l'un de l'autre pour se consacrer à leur travail ; Goddard demande finalement le divorce en , avançant qu'ils sont séparés depuis plus d'un an.

Controverses et popularité déclinante (1939-1952)

Le Dictateur

Chaplin est profondément perturbé par les tensions politiques et la montée du nationalisme en Europe dans les années et estime qu'il ne peut en faire abstraction dans ses films. Les observateurs font des rapprochements avec Adolf Hitler : ils sont nés à quatre jours d'écart, ont tous deux accédé à la notoriété mondiale malgré leur origine modeste, et le dictateur allemand porte la même moustache que Charlot. Cette ressemblance physique devient la base du film suivant de Chaplin, Le Dictateur, qui se moque directement d'Hitler et du fascisme.

Chaplin consacre deux années à la rédaction du scénario et commence le tournage en alors que la Seconde Guerre mondiale vient d'éclater. Chaplin décide de renoncer au film muet, qu'il estime démodé et parce qu'il est plus facile de délivrer un message politique avec la parole. Réaliser une comédie sur Hitler est très délicat, mais l'indépendance financière de Chaplin lui permet de prendre le risque : « J'étais déterminé à le faire, car on doit se moquer d'Hitler ». Dans le film, Chaplin s'éloigne de son personnage de Charlot, tout en conservant son accoutrement, en jouant un « barbier juif » vivant dans une dictature européenne ressemblant considérablement à la dictature hitlérienne ; Chaplin répond ainsi aux nazis qui prétendent qu'il est juif. Charlie Chaplin jouera également le dictateur « Adenoïd Hynkel », parodiant Hitler.

Le Dictateur passe une année en postproduction et est présenté au public en . Le film est l'objet d'une importante campagne publicitaire et un critique du New York Times le qualifie de film le plus attendu de l'année. Il connaît un succès populaire considérable, même si le dénouement est controversé. Dans ce final où son personnage de barbier juif prend la place du dictateur, Chaplin prononce un discours de six minutes face à la caméra, dans lequel il expose ses opinions politiques personnelles. Selon l'historien du cinéma Charles J. Maland, à une époque où le cinéma évite les thèmes politiques controversés, cette prise de liberté a marqué le début du déclin de la popularité de Chaplin : « Dorénavant, aucun admirateur ne pourra séparer la dimension politique de la star de cinéma ». Le Dictateur est nommé dans cinq catégories lors de la 13e cérémonie des Oscars, dont celles du meilleur film, du meilleur acteur et du meilleur scénario, même s'il ne remporte aucune statuette.

Joan Barry et Oona O'Neill

Dans le milieu des années , Chaplin est impliqué dans une série de procès qui accaparent une grande partie de son temps et affectent son image publique. Ces derniers sont liés à sa relation intermittente avec l'aspirante actrice Joan Barry, entre et l'été . Ils se séparent après que cette dernière montre des troubles mentaux, et elle est arrêtée à deux reprises pour harcèlement après cette rupture. Elle réapparaît l'année suivante en annonçant être enceinte du réalisateur ; ce dernier nie et Barry entame une procédure en reconnaissance de paternité.

J. Edgar Hoover, le directeur du Federal Bureau of Investigation (FBI), qui se méfie des tendances politiques de Chaplin, exploite l'opportunité de nuire à sa réputation. Dans le cadre d'une campagne de diffamation, le FBI l'inculpe dans quatre affaires reliées à ce scandale. Chaplin est en particulier accusé d'avoir violé le Mann Act qui interdit le transport entre États de femmes à des fins sexuelles. L'historien Otto Friedrich a soutenu qu'il s'agissait de « poursuites absurdes » en application d'un « ancien texte », mais Chaplin risquait jusqu'à 23 ans de prison. Les preuves pour trois motifs d'accusation se révèlent insuffisantes pour aller jusqu'au procès, mais l'étude de la violation du Mann Act commence en . Chaplin est acquitté deux semaines plus tard. L'affaire fait fréquemment la une des journaux et le journal Newsweek la qualifie de « plus grand scandale de relations publiques depuis le procès pour meurtre de Roscoe Arbuckle en  ».

Barry accouche en d'une fille, Carole Ann, et le procès en paternité débute en . Après deux procès difficiles au cours desquels Chaplin est accusé de « turpitude morale » par le procureur, il est déclaré être le père. Le juge refuse d'accepter les preuves médicales, et en particulier la différence de groupe sanguin qui infirme cette conclusion, et Chaplin est condamné à payer une pension alimentaire à sa fille jusqu'à ses 21 ans. La couverture médiatique du procès est influencée par le FBI, qui transmet des informations à l'influente journaliste à scandales Hedda Hopper.

La controverse entourant Chaplin s'accroît encore quand le , deux semaines après le début de la procédure de reconnaissance de paternité, un nouveau mariage est annoncé avec sa nouvelle jeune protégée de 18 ans, Oona O'Neill, la fille du dramaturge américain Eugene O'Neill. Chaplin, alors âgé de 54 ans, lui a été présenté par un agent artistique sept mois plus tôt, et dans son autobiographie, il décrit leur rencontre comme « l'événement le plus heureux de [sa] vie » et indique qu'il avait découvert le « parfait amour ». Ils restent mariés jusqu'à sa mort en et ont huit enfants : Geraldine Leigh (), Michael John (), Josephine Hannah (), Victoria (), Eugene Anthony (), Jane Cecil (), Annette Emily () et Christopher James ().

Monsieur Verdoux et accusations de communisme

Chaplin avance que ces procès ont démoli sa créativité et en , il commence le tournage d'un film sur lequel il travaille depuis . Monsieur Verdoux est une comédie noire sur un employé de banque français, M. Verdoux joué par Chaplin, réduit au chômage et qui commence à épouser et assassiner de riches veuves pour subvenir aux besoins de sa famille. L'idée lui est fournie par Orson Welles, qui voulait qu'il joue dans un film sur le tueur en série français Henri Désiré Landru. Chaplin estime que ce concept « ferait une superbe comédie » et achète le scénario à Welles pour 5 000 dollars (environ 65 555 dollars de 2025).

Chaplin exprime à nouveau ses idées politiques dans Monsieur Verdoux en critiquant le capitalisme et le film est très controversé à sa sortie, en . Il est hué lors de la première et certains demandent son interdiction. Il s'agit du premier film où son personnage n'a aucun rapport avec Charlot ; il est également le premier à être un échec critique et commercial aux États-Unis, il est mieux accueilli à l'étranger. Il est cité pour le meilleur scénario lors de la 20e cérémonie des Oscars. Chaplin est néanmoins fier de son œuvre et écrit dans son autobiographie : « Monsieur Verdoux est le plus intelligent et le plus brillant des films que j'ai réalisés ».

L'accueil négatif de Monsieur Verdoux est largement le résultat de l'évolution de l'image publique de Chaplin. Outre le scandale de l'affaire Joan Barry, il est publiquement accusé d'être communiste. Ses actions politiques se sont intensifiées durant la Seconde Guerre mondiale et il a fait campagne pour l'ouverture d'un second front afin de soulager les Soviétiques. Il se rapproche de sympathisants communistes connus comme Hanns Eisler et Bertolt Brecht et participe à des réceptions organisées par des diplomates soviétiques à Los Angeles. Dans le contexte politique de « peur rouge » qui prévaut à l'époque aux États-Unis, de telles activités font que Chaplin est, selon Larcher, considéré comme « dangereusement progressiste et amoral ». Le FBI, déterminé à lui faire quitter le pays, lance une enquête officielle à son encontre en .

Chaplin nie être communiste et se présente comme un pacifiste qui estime que les actions du gouvernement américain pour réprimer une idéologie sont une violation inacceptable des libertés publiques. Refusant de se taire sur cette question, il proteste ouvertement contre les procès des membres du parti communiste américain devant le House Un-American Activities Committee (HUAC) et est convoqué par ce dernier. Alors que ses actions sont largement relayées dans la presse et que la guerre froide gagne en intensité, sa non-acquisition de la citoyenneté américaine est critiquée et certains demandent son expulsion. Le représentant du Mississippi John E. Rankin (en) déclare devant le Congrès en  : « Sa vie à Hollywood est nuisible au tissu moral des États-Unis. [S'il est expulsé], ses films répugnants pourront être gardés à l'écart des yeux de la jeunesse américaine. Nous devons l'expulser et nous en débarrasser une fois pour toutes. »

Les Feux de la rampe et expulsion des États-Unis

Même si Chaplin reste politiquement actif dans les années qui suivent l'échec de Monsieur Verdoux, son film suivant sur un comédien de vaudeville oublié et une jeune ballerine dans le Londres de l'époque édouardienne est dépourvu de toute signification politique. Les Feux de la rampe est largement autobiographique et fait référence à l'enfance de Chaplin, à la vie de ses parents et à sa perte de popularité aux États-Unis. Parmi les acteurs figurent plusieurs membres de sa famille, dont ses enfants les plus âgés et son demi-frère, Wheeler Dryden.

Après trois ans de préparation, le tournage commence en . Il adopte un ton bien plus sérieux que dans ses précédents films et parle régulièrement de « mélancolie » en expliquant le scénario à sa partenaire Claire Bloom. Le film est également notable pour la présence de Buster Keaton — dont c'est l'unique collaboration avec Chaplin.

Chaplin décide d'organiser la première mondiale des Feux de la rampe à Londres, où se déroule l'action du film. Quittant Los Angeles, il indique qu'il s'attend à ne jamais pouvoir revenir, chassé par l'Amérique maccarthyste. À New York, il embarque avec sa famille à bord du paquebot transatlantique HMS Queen Elizabeth le . Le lendemain, le procureur général des États-Unis, James McGranery, révoque le visa de Chaplin et déclare qu'il doit se soumettre à un entretien sur ses opinions politiques et sa moralité pour pouvoir revenir aux États-Unis. Même si McGranery indique à la presse qu'il a « un dossier assez solide contre Chaplin », Maland conclut, en s'appuyant sur les documents du FBI rendus publics dans les années , que le gouvernement américain n'a pas réellement de preuves suffisantes pour empêcher le retour de Chaplin ; il est même probable qu'il aurait obtenu un visa s'il en avait fait la demande. Cependant, quand il reçoit un câblogramme l'informant de cette décision, Chaplin décide de rompre tous ses liens avec les États-Unis :

« Que je revienne ou non dans ce triste pays avait peu d'importance pour moi. J'aurais voulu leur dire que plus tôt je serais débarrassé de cette atmosphère haineuse, mieux je serais, que j'étais fatigué des insultes et de l'arrogance morale de l'Amérique. »

Comme tous ses biens sont aux États-Unis, Chaplin ne fait aucun commentaire négatif dans la presse, mais l'affaire fait sensation. Si Chaplin et son film sont bien accueillis en Europe, Les Feux de la rampe sont largement boycottés aux États-Unis malgré des critiques positives. Maland écrit que la chute de Chaplin d'un niveau de popularité inégalé « est peut-être la plus spectaculaire de toute l'histoire de la célébrité aux États-Unis ».

Années européennes (1953-1977)

Suisse et Un roi à New York

« J'ai fait l'objet de calomnies et d'une propagande orchestrée par de puissants groupes réactionnaires qui, par leur influence et l'aide de la presse jaune américaine, ont créé une atmosphère malsaine dans laquelle les individus aux tendances libérales peuvent être persécutés. Dans ces conditions, j'ai trouvé qu'il était virtuellement impossible de continuer mon travail de réalisation cinématographique et j'ai par conséquent abandonné mon séjour aux États-Unis ».

Communiqué de presse de Chaplin sur sa décision de ne pas revenir aux États-Unis.

Chaplin ne tente pas de revenir aux États-Unis après la révocation de son visa d'entrée et envoie sa femme à Los Angeles pour régler ses affaires. Le couple se décide pour la Suisse et la famille s'installe en au manoir de Ban, une propriété de 15 hectares surplombant le lac Léman dans la commune de Corsier-sur-Vevey. Chaplin met en vente sa résidence et son studio de Beverly Hills en mars et rend son visa en avril. L'année suivante, sa femme renonce à sa nationalité américaine pour devenir Britannique. Il abandonne ses derniers liens professionnels avec les États-Unis en quand il vend ses parts dans la United Artists, qui est en difficultés financières depuis le début des années .

Chaplin reste une figure controversée tout au long des années , en particulier après avoir reçu le prix international de la paix décerné par le Conseil mondial de la paix, d'obédience communiste, et en raison de ses rencontres avec le Chinois Zhou Enlai et le Soviétique Nikita Khrouchtchev. Il commence à développer son premier film européen, Un roi à New York, en . Jouant le rôle d'un roi exilé cherchant asile aux États-Unis, Chaplin exploite ses problèmes récents pour écrire le scénario. Son fils, Michael, est présenté comme un garçon dont les parents sont visés par le FBI, tandis que le personnage de Chaplin est accusé d'être un communiste. Cette satire politique parodie les actions de l'HUAC ainsi que le consumérisme de la société américaine des années . Dans sa critique, le dramaturge John Osborne le qualifie comme film le « plus acide… et de plus ouvertement personnel » de Chaplin.

Chaplin fonde une nouvelle société de production appelée Attica et tourne dans les studios de Shepperton, dans la banlieue de Londres. Ce tournage est difficile car il est habitué à son studio et à ses équipes hollywoodiennes, et ne dispose plus d'une durée de production illimitée. Cela a un impact sur la qualité du film, qui reçoit des critiques mitigées à sa sortie en . Chaplin empêche les journalistes américains d'assister à la première à Paris et décide de ne pas diffuser le film aux États-Unis. Cela nuit fortement à son succès commercial, même si le film obtient un succès d'estime en Europe. Un roi à New York n'est présenté aux États-Unis qu'en .

Dernières années et regain d'intérêt

À partir du milieu des années , Chaplin se concentre sur la resonorisation et la réédition de ses anciens films, ainsi que sur la protection de ses droits d'auteur. La première de ces rééditions est La Revue de Charlot (), comprenant de nouvelles versions d'Une vie de chien, de Charlot soldat et du Pèlerin.

Aux États-Unis, l'atmosphère politique commence à évoluer et l'attention du public se tourne à nouveau vers les films de Chaplin et non plus vers ses opinions. En , le New York Times publie un éditorial indiquant que « nous ne pensons pas que la République serait en danger si l'inoublié petit Charlot d'hier était autorisé à se promener sur la passerelle d'un navire ou d'un avion dans un port américain ». Le même mois, Chaplin reçoit un doctorat honorifique en Lettres des universités d'Oxford et de Durham. En , le Plaza Theater de New York commence une rétrospective des films de Chaplin, dont Monsieur Verdoux et Les Feux de la rampe pour lesquels les critiques sont bien plus positives que dix ans plus tôt. voit la publication de ses mémoires, Histoire de ma vie, sur lesquels il travaille depuis . Le livre de 500 pages mettant l'accent sur ses premières années et sa vie privée connaît un succès mondial, même si les critiques pointent le manque d'informations sur sa carrière cinématographique.

Peu après la publication de ses mémoires, Chaplin commence à travailler sur La Comtesse de Hong-Kong (), une comédie romantique basée sur un scénario qu'il a écrit dans les années pour Paulette Goddard. Située sur un paquebot, l'action met en scène Marlon Brando jouant un ambassadeur américain et Sophia Loren dans le rôle d'une passagère clandestine. Le film diffère des précédentes productions de Chaplin sur plusieurs points : il est le premier à employer le technicolor et le format écran large, tandis que Chaplin se concentre sur la réalisation et n’apparaît à l'écran que dans le rôle mineur d'un steward malade. Il signe également un contrat avec le studio Universal Pictures pour le distribuer. La Comtesse de Hong-Kong reçoit des critiques négatives à sa sortie en et c'est un échec commercial. Chaplin est profondément affecté par ce revers et ce film sera le dernier.

Chaplin est victime de plusieurs AVC mineurs à la fin des années et cela marque le début d'un lent déclin de sa santé. Malgré ces difficultés, il se met rapidement à écrire le scénario de son nouveau projet de film, The Freak, sur une jeune fille ailée découverte en Amérique du Sud, projet destiné à lancer la carrière de sa fille, Victoria Chaplin. Sa santé fragile l'empêche néanmoins de mener à bien ce projet, et au début des années Chaplin se concentre plutôt sur la réédition de ses anciens films, dont Le Kid et Le Cirque dont il refait la bande-son. En , il est fait commandeur de l'Ordre national de la Légion d'honneur lors du festival de Cannes et l'année suivante il reçoit un Lion d'or pour sa carrière durant la mostra de Venise.

En , l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences lui décerne un Oscar d'honneur, ce que Robinson considère comme le premier signe que les États-Unis « voulaient se faire pardonner ». Chaplin hésite à l'accepter, puis décide de se rendre à Los Angeles pour la première fois en vingt ans. La visite est l'objet d'une large couverture médiatique, et lors de la remise de la récompense il reçoit une ovation de douze minutes, la plus longue de toute l'histoire des Oscars. Visiblement ému, Chaplin accepte la statuette rendant hommage « à l'effet incalculable qu'il a eu en faisant des films de cinéma la forme d'art de ce siècle ».

Même si Chaplin a encore des projets de film, sa santé devient très fragile dans le milieu des années . Plusieurs AVC affectent son élocution et il doit utiliser un fauteuil roulant. Parmi ses dernières réalisations figurent la création d'une autobiographie en images, My Life in Pictures () et la resonorisation de L'Opinion publique en . Il apparaît également dans un documentaire sur sa vie, The Gentleman Tramp (), réalisé par Richard Patterson. En , la reine Élisabeth II le fait chevalier.

Mort

En , la santé de Chaplin s'est détériorée au point qu'il demande une attention de tous les instants. Il meurt d'un AVC dans son sommeil le matin du , à l'âge de 88 ans. Selon ses dernières volontés, une petite cérémonie funéraire anglicane est organisée le 27 décembre et il est inhumé dans le cimetière de Corsier-sur-Vevey. Parmi les hommages du monde du cinéma, le réalisateur René Clair écrit : « il était un monument du cinéma » ; l'acteur Bob Hope a quant à lui déclaré : « nous avons eu de la chance de vivre à son époque ».

Le , le cercueil de Chaplin est exhumé et volé par deux mécaniciens automobiles, un Polonais, Roman Wardas, et un Bulgare, Gantcho Ganev. Leur but est d'extorquer une rançon de cent mille francs suisses à Oona Chaplin afin de pouvoir ouvrir plus tard un garage automobile. Ils sont arrêtés lors d'une vaste opération de police le et le cercueil est retrouvé enterré dans un champ de maïs près du village de Noville. Il est réenterré dans le cimetière de Corsier-sur-Vevey et un caveau en béton armé est ajouté pour empêcher tout nouvel incident.


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Distinctions

Chaplin a reçu de nombreuses récompenses et distinctions, particulièrement à la fin de sa vie. En , les universités de Durham et d'Oxford lui décernent un diplôme honorifique de docteur ès Lettres. En , il partage le prix Érasme avec Ingmar Bergman, et en , il est fait commandeur de l'Ordre national de la Légion d'honneur par le gouvernement français. En , il est anobli par la reine Élisabeth II et fait chevalier commandeur de l'Ordre de l'Empire britannique, devenant « sir Charles Chaplin ».

L'industrie cinématographique le récompense avec un Lion d'or spécial à la Mostra de Venise 1972, ainsi qu'une étoile sur le Hollywood Walk of Fame en (cette inscription lui est auparavant refusée en raison de ses opinions politiques).

Chaplin reçoit au total trois Oscars : un premier Oscar d'honneur en 1929 « pour sa polyvalence et son génie à jouer, écrire, mettre en scène et produire Le Cirque », un second en 1972 « pour l'effet incalculable qu'il a eu en faisant des films de cinéma la forme d'art de ce siècle » et un troisième en 1973 pour la meilleure musique originale (conjointement avec Ray Rasch et Larry Russell), pour Les Feux de la Rampe. Il est également nommé dans les catégories du meilleur acteur, du meilleur film et du meilleur scénario pour Le Dictateur, ainsi que dans celle du meilleur scénario pour Monsieur Verdoux.

Six des films de Chaplin ont été sélectionnés pour être préservés dans le National Film Registry de la Bibliothèque du Congrès américaine : L'Émigrant (), Le Kid (), La Ruée vers l'or (), Les Lumières de la ville (), Les Temps modernes () et Le Dictateur ().

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    Document créé le 01/05/2020, dernière modification le 14/04/2025
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