Skopje, Mazedonien (Ehem. Jugoslawische Republik)

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Skopje : descriptif

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Skopje

Skopje (en macédonien : Скопје, prononcé [ˈskɔ.pjɛ] (skopiè), en albanais : Shkup) est la capitale et la plus grande ville de la Macédoine du Nord

Située au cœur des Balkans, au nord du pays, près de la frontière avec le Kosovo, la ville est édifiée sur les rives du Vardar

Seule métropole macédonienne, elle concentre la majeure partie des fonctions administratives, économiques et culturelles du pays. La ville de Skopje comptait 526 502 habitants au dernier recensement en 2021, soit le quart de la population totale du pays, dont une importante minorité albanaise ainsi que des communautés turque et rom

Ses habitants sont appelés les Skopiotes (en macédonien : Cкопјани, Skopjani)

La ville de Skopje est ainsi la plus peuplée de Macédoine du Nord, devant Kumanovo, deuxième ville du pays avec 75 051 habitants. Après avoir été le lieu de diverses occupations préhistoriques, Skopje naît véritablement au Ier siècle avec la fondation d'une colonie romaine appelée « Scupi », qui est rattachée à l'Empire romain d'Orient en 395

La ville antique est détruite par un séisme en 518

Reconstruite quelques kilomètres plus loin et fortifiée, elle connaît de nombreuses invasions au cours des Xe et XIe siècles, devenant notamment bulgare pendant quelques années

La domination byzantine s'achève avec la conquête serbe en 1282, et Skopje devient capitale de l'Empire serbe en 1346

L’État s'affaiblit toutefois rapidement et la ville est conquise par les Ottomans en 1392. La ville devient alors majoritairement musulmane et sa fonction commerciale est favorisée par sa situation entre l'Europe centrale et la mer Égée

Au XVIIe siècle, Skopje est l'une des plus grandes villes des Balkans

Mais elle est incendiée en 1689 au cours de la Deuxième Guerre austro-turque et elle périclite par la suite jusqu'au milieu du XIXe siècle

L'ouverture d'une voie ferrée permet une certaine croissance démographique, et Skopje devient chef-lieu du vilayet du Kosovo en 1877. Elle redevient serbe en 1912, puis est intégrée à la Yougoslavie en 1918

Chef-lieu de la banovine du Vardar, l'une des dix régions du royaume de Yougoslavie, elle devient capitale de la République socialiste de Macédoine après la Seconde Guerre mondiale, puis capitale de la Macédoine lorsque celle-ci devient indépendante en 1991

Tout au long du XXe siècle, la croissance démographique est soutenue et la ville s'industrialise

Cet essor est brièvement interrompu par le tremblement de terre de 1963

La ville est presque entièrement détruite, mais la reconstruction est rapide et s'accompagne d'une forte croissance des investissements. Les années qui suivent l'indépendance sont difficiles sur le plan économique

Skopje demeure une ville pauvre par comparaison aux autres villes européennes, bien que les Skopiotes aient un meilleur niveau de vie que le reste des Macédoniens

La ville se caractérise par une architecture variée, comprenant plusieurs témoignages de la présence ottomane ainsi qu'un important ensemble de style moderniste édifié après le séisme de 1963

Le centre-ville est depuis la fin des années 2000 le siège d'une vaste opération d'urbanisme, destinée à lui donner un visage plus monumental et affirmer son statut de capitale nationale.

Géographie

Topographie

Paysage de la vallée de Skopje près de Bardovtsi, à l'ouest de la ville.

Skopje (42° 00′ N, 21° 26′ E) se trouve au nord de la Macédoine du Nord, au cœur des Balkans et à mi-chemin entre Belgrade et Athènes. La ville est construite dans la vallée de Skopje, orientée selon un axe ouest-est correspondant au cours du Vardar, principal fleuve du pays, qui se jette dans la mer Égée. Cette vallée couvre environ 2 000  et elle est limitée par plusieurs massifs montagneux au nord et au sud. Ces massifs limitent l'étalement urbain de Skopje, qui s'effectue le long des rives du Vardar ainsi que de la Serava, un petit affluent venant du nord. Dans ses limites administratives, la ville fait ainsi plus de 24 kilomètres de long, mais n'a qu'une largeur moyenne de neuf kilomètres.

Skopje se situe à une altitude d'environ 245 . La surface urbanisée se limite toutefois à 68 . La ville dans ses limites administratives englobe donc bon nombre de terres agricoles ou laissées à l'état naturel et de très nombreux villages et localités, comme Dratchevo, Gorno Nerezi ou Bardovtsi. Lors du recensement de 2002, la ville de Skopje, c'est-à-dire l'agglomération ainsi que les villages inclus dans ses limites, comptait 506 926 habitants, tandis que l'unité urbaine stricte en comptait 378 243.

La ville de Skopje touche la frontière avec le Kosovo, qui la borde au nord-ouest. Les communes macédoniennes limitrophes sont, dans le sens des aiguilles d'une montre et en partant du nord, Čučer-Sandevo, Lipkovo, Aračinovo, Ilinden, Studeničani, Sopište, Želino et Jegunovce.

La ville de Skopje, avec ses limites administratives en rouge.

Hydrographie

Le Vardar et le pont de pierre, symbole de la ville.

Le Vardar, qui arrose Skopje, n'est qu'à une soixantaine de kilomètres de sa source située près de Gostivar. Il a un débit moyen de 51 .

Plusieurs cours d'eau se jettent dans le Vardar sur le territoire de la ville. Le plus important est la Treska, qui fait 130 Lepenec, venu du Kosovo, qui rejoint le Vardar au nord-ouest de l'agglomération. La Serava, une petite rivière qui prend sa source à quelques kilomètres au nord de la ville, traversait autrefois le vieux bazar avant de se jeter dans le Vardar près de l'actuel siège de l'Académie macédonienne. Très polluée et insalubre, elle a été déviée vers l'ouest dans le cadre des travaux de reconstruction réalisés après le séisme de 1963 et se jette désormais dans le Vardar près des ruines de la ville antique de Scupi. Enfin la Markova Reka, qui prend sa source au sud du mont Vodno se jette dans le Vardar à l'extrémité orientale de la ville. Ces trois rivières font moins de 70 .

Le Vardar est un fleuve sujet aux crues, et afin de limiter les inondations, son lit fut creusé à l'époque byzantine et son débit régulé au début du  siècle. Malgré ces aménagements le Vardar sort parfois de son lit comme en 1962. Le fleuve avait alors atteint un débit de 1 110 . D'autres inondations catastrophiques ont dévasté la ville en 1895, 1897, 1935, 1937, 1978 et 1979. Cette année-là, le fleuve avait atteint un débit de 980 mètres cubes par seconde et les dégâts matériels le long de sa vallée avaient été estimés à 7,4 % du revenu national. En 1994, un barrage et une centrale hydroélectrique furent construits en amont de la ville, sur la rivière Treska, tributaire du Vardar, afin de réduire encore le risque d'inondations, qui depuis est quasiment nul. Le barrage, situé à une quarantaine de kilomètres de la ville, a donné naissance au lac lac Kozjak, long de 32 kilomètres. La ville de Skopje compte sur son sol deux lacs artificiels, plus petits situés également sur la Treska. Il s'agit du lac Matka, lui aussi destiné à réguler le débit de la Treska, et du lac Treska, à but récréatif. Le premier se trouve à l'extrémité des gorges de la rivière, le second quelques kilomètres plus bas dans la vallée, près de la limite ouest de l'agglomération de Skopje. Trois petits étangs se situent enfin au nord-est de l'agglomération, près du village de Smilykovtsi.

Le sous-sol de la ville renferme une nappe phréatique contenue par de l'argile et du gravier ; en contact avec le Vardar, elle fonctionne comme une rivière souterraine, coulant dans le même sens que le fleuve. En dessous, se trouve également une aquifère composée de marne. La nappe débute à une profondeur comprise entre 4 et 12 mètres et a une épaisseur allant de 4 et 144 mètres. Elle est exploitée grâce à plusieurs puits, mais l'essentiel de l'eau consommée à Skopje provient de la source karstique de Rachtché, située à l'ouest de la ville.

Géologie

Le mont Vodno vu depuis le pont de pierre.

La vallée de Skopje est bordée à l'ouest par les monts Šar, au sud par le massif de la Jakupica, qui culmine à 2 533 Osogovo, qui marque la frontière entre la Macédoine du Nord et la Bulgarie. Au nord, la vallée est séparée du Kosovo et de la Serbie par la Skopska Crna Gora, qui culmine à 1 561 mètres d'altitude. Le mont Vodno, point culminant de la ville de Skopje, s'élève à une altitude de 1 066 mètres et forme un prolongement septentrional de la Jakupica.

Bien que construite au pied de cette montagne, la ville est plutôt plate, avec cependant quelques collines, généralement non construites, comme celles de Gazi Baba (325 mètres d'altitude), Zajčev Rid (327 mètres), les contreforts du mont Vodno (entre 350 et 400 mètres pour les plus bas) ou bien le promontoire sur lequel se trouve la forteresse.

Cet environnement de moyennes montagnes connaît régulièrement des mouvements sismiques. La proximité de la faille entre les plaques tectoniques eurasienne et africaine, ainsi que la nature poreuse du sol font de Skopje une ville à risque sismique. De grands tremblements de terre furent ainsi enregistrés en 518, 1505 et en 1963.

La vallée de Skopje appartient à la zone géotectonique du Vardar, qui est principalement composée de sédiments du Néogène et du Quaternaire. Le substratum rocheux est composé de sédiments du Pliocène comprenant du grès, des marnes et des conglomérats variés. Ce substratum est recouvert par une première couche de sédiments quaternaires sableux et limoneux qui fait entre 70 et 90 mètres de profondeur. S'ajoute une deuxième couche de sédiments, mesurant entre 1,5 et 5,2 mètres, apportée par le Vardar et composée d'argile, de sable, de limon et de gravier. La nature parfois karstique du sol a entraîné la formation de ravins creusés par des cours d'eau. Ainsi, la Treska, lorsqu'elle entre sur le territoire de Skopje, traverse le massif du mont Vodno à travers des gorges. Ces gorges sont aussi environnées par dix grottes, faisant entre 20 et 176 mètres de profondeur.

Climat

La rue de Macédoine sous la neige.

La ville connaît un climat continental marqué toutefois par une forte influence méditerranéenne en raison de la sécheresse estivale. Mais les hivers sont trop froids pour que le climat soit qualifié de méditerranéen. L'hiver est sec et l'air est réchauffé par le vardarec, un vent qui remonte la plaine du Vardar et apporte de faible pluies, bien que des chutes de neige se produisent parfois. Les étés sont très chauds et secs, et la chaleur est amplifiée par la présence de nombreuses usines ainsi que par la situation de la ville dans une vallée fermée par des montagnes.

Juillet et août, avec une température moyenne de 24,2 .

Skopje est située dans une région aride, et avec une moyenne de 448,4 millimètres de pluie par an, elle reçoit moins de pluie que le reste du pays, dont la moyenne est comprise entre 500 et 1 000 millimètres. Le taux d'évaporation annuel se situe entre 450 et 580 millimètres. Skopje est une ville qui a un ensoleillement exceptionnel tout au long de l année, même en hiver le soleil brille souvent. La ville connaît environ 2 700 heures d'ensoleillement dans l'année.

La température moyenne à Skopje a augmenté de 2,2°C entre 1900 et 2017.

Données climatiques :

Skopje-Zajčev Rid 1963 - 2012, sauf ensoleillement (2001-2009)
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) −2,8 −2,3 3,6 7,4 12 15,7 17,8 18,5 14,6 9,2 5,1 −0,8 7,2
Température maximale moyenne (°C) 5,5 9,5 19,2 23,5 25,4 30,8 33,4 34,5 30,5 23,8 18,5 6,5 19,3
Record de froid (°C)
date du record
−25,6
1985
−21,8
2012
−10,8
1987
−5,8
2003
−1
1978
5
1973
12
1974
10
1985
5
1977
−6,4
1988
−12,2
1995
−22,9
2001
−25,6
1985
Record de chaleur (°C)
date du record
20,7
2010
27,7
1995
32,8
2001
34,4
1998
37,2
2008
42,1
2007
44,8
1984
47,2
1994
40,3
2008
37,6
1994
30,2
1990
25,1
2010
47,2
1994
Ensoleillement (h) 123,5 195,7 209,9 236,7 287,1 322,4 355,2 348,6 307,9 242,4 175,5 105,5 2 920,4
Précipitations (mm) 30 29 38 40 43 54 20 17 27 37 45 48 428
Source : ,


Nature et environnement

Skopje vue du mont Vodno et les câbles du téléphérique.

La vallée de Skopje est naturellement couverte de chênes et de bruyère mais aussi de steppes arides, tandis que l'érable, le frêne et le noisetier poussent sur les pentes des montagnes environnantes. La région possède aussi une faune riche, avec des pies, des hiboux, des corbeaux, des faucons, des loups, des renards, des sangliers, des martres, des lézards et des carpes dans le Vardar, mais elle s'est raréfiée à cause de l'extension urbaine et de l'agriculture, qui ont fait disparaître le cerf, la truite, le lynx et la chèvre sauvage. Le mont Vodno, qui surplombe le centre-ville, est la principale aire protégée de la ville ainsi qu'une importante destination de loisirs, notamment grâce au téléphérique qui permet d'accéder au sommet. D'autres espaces protégés sont situés dans les faubourgs de la ville, comme ou le lac Matka et son défilé.

La ville en elle-même compte quelques parcs et jardins qui représentent ensemble 4 361 hectares. Parmi ceux-ci se trouvent le parc de la Ville (Gradski Park) planté par les Ottomans au début du parc des Femmes, situé face au palais de l'Assemblée, l'arboretum de l'Université et la forêt de Gazi Baba. La ville compte enfin un très grand nombre de rues et boulevards plantés d'arbres.

Skopje connaît de nombreux problèmes de pollution, et la pauvreté économique relègue les considérations environnementales au second plan des préoccupations des autorités. L'alignement de la législation macédonienne sur celle de l'Union européenne engage toutefois des progrès, notamment dans le traitement des eaux, des déchets et des émissions des usines.

L'industrie métallurgique, très importante pour la vie économique de la ville, est responsable de la pollution des sols, qui contiennent des traces de métaux lourds (plomb, zinc, cadmium…), ainsi que de l'air, qui contient des taux élevés d'oxydes d'azote et de monoxyde de carbone. Le trafic automobile est également responsable de la pollution atmosphérique, tout comme les centrales de chauffage urbain à lignite. Les pics ont généralement lieu en automne et en hiver, quand ces dernières fonctionnent le plus, et la pollution a par exemple atteint sept fois le seuil normal fixé par l'Union européenne en décembre 2011.

Des stations d'épuration sont progressivement construites, mais une part des eaux usées est encore déversée dans le Vardar sans traitement. Les déchets sont quant à eux laissés dans une décharge à ciel ouvert, compromettant la qualité des sols et de l'eau, particulièrement dans le cas des déchets chimiques et industriels. La décharge municipale se trouve à 15 .

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Toponymie

En 1912, la Macédoine du Vardar est annexée par la Serbie et « Üsküb » devient « Skoplje ».

Le nom actuel de la ville vient de « Scupi », nom latin d'une colonie romaine qui a donné naissance à la ville. Toutefois, avant la fondation de cette colonie, l'endroit était déjà occupé par des Illyriens et ce sont probablement eux qui sont à l'origine de ce nom, dont l'étymologie reste obscure.

Après l'Antiquité, la ville est occupée par plusieurs peuples qui lui donnent chacun un nom dans leur propre langue. Ainsi, Scupi devient « Skopié » (Скопие) pour les Bulgares, puis « Üsküb » (اسكوب) pour les Ottomans, nom adapté par les Occidentaux en « Uskub » ou « Uskup », tout en utilisant parfois le nom « Scopia » ou « Skopia », « Scopie » en français.

Lorsque la Macédoine du Vardar échoit au royaume de Serbie en 1912, Uskub devient officiellement « Skoplje » (Скопље) et ce toponyme est repris par la plupart des autres langues n'ayant pas d'appellation propre pour désigner la ville. Cette dernière prit son nom actuel, « Skopje » (Скопје), après la Seconde Guerre mondiale, lorsque la langue macédonienne est standardisée.

La minorité albanaise appelle la ville « Shkup » et « Shkupi » (forme définie), et les Roms, « Skopiye ».

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Histoire

Préhistoire

Statuette du Néolithique conservée au musée de la Ville de Skopje.

La colline sur laquelle se trouve la forteresse est le premier site occupé par l'homme à Skopje. Elle est habitée à partir du Chalcolithique. Les premiers habitants ont laissé des traces de huttes en terre sèche, des objets de culte, ainsi que des puits dans lesquels ils jetaient leurs ordures ou bien entreposaient diverses choses. La présence de nombreuses statuettes en terre cuite et d'outils en os et en pierre suggère l'existence d'une localité importante économiquement.

Cependant, la localité est moins grande pendant l'âge du bronze, et se confine à une petite partie de la colline. De cette époque datent des traces de maisons et des morceaux de céramique. Les fouilles archéologiques menées sur le site confirment la présence d'une seule culture locale qui évolue progressivement, d'abord grâce aux liens avec les autres cultures des Balkans et du Danube, puis, vers la fin de l'âge du bronze, à la faveur des contacts avec le monde de la mer Égée. L'âge du fer a laissé quelques traces de maisons en torchis ainsi que des céramiques. Ensuite, le site semble avoir été déserté, et seul un puits rituel du a été retrouvé.

Cependant, d'autres localités subsistent dans les environs, comme Scupi, un village fondé au Illyriens, puis occupé par les Dardaniens. Ce site se trouve sur la colline de Zajčev Rid, à environ cinq kilomètres au nord-ouest du centre actuel de Skopje et de sa forteresse. Scupi, tout comme Naissus (actuelle Niš, Serbie) est située sur un axe stratégique puisqu'elle est sur la route qui relie la mer Égée au centre de la péninsule balkanique. Cependant, l'histoire du village avant la conquête romaine est presque inconnue. Seule une des quatre nécropoles de la ville romaine conserve des traces de sépultures de la fin de l'âge du bronze et du début de l'âge du fer (1200-900 .

Antiquité

Les ruines de Scupi.

La région tombe sous la domination des rois de Macédoine en 335 Alexandre le Grand étend son État jusqu'à la rive sud du Danube. À sa mort, la Macédoine entre en décadence et doit faire face à de nombreuses guerres avec les Romains. Les Dardaniens, un peuple vivant approximativement sur le territoire du Kosovo actuel, menacent également le pouvoir macédonien. Les Dardaniens vivent de l'agriculture et de l'élevage du bétail, mais l'influence macédonienne leur garantit un certain développement. Ils envahissent la région autour de Skopje au Quintus Cæcilius Metellus Macedonicus vainc Persée, le dernier roi de Macédoine, en 148 province romaine de Macédoine, puis rejoint la Mésie, lorsque la conquête du Nord des Balkans au .

La Vénus pudique de Scupi, datée du IIe siècle.

En 13 ou 11 Auguste, une garnison est installée à Scupi et l'historien Tite-Live, mort en 17, en fait la première mention écrite. Le site sert alors principalement à la pacification de la région, dont certaines zones sont encore sous contrôle dardanien. Ensuite, Domitien y installe des vétérans à qui il offre des terres en remerciement de leurs services et transforme la garnison en colonie vers 85 dynastie flavienne à laquelle l'empereur appartient. Au même moment, l'empereur divise la Mésie en deux et inclut Scupi dans la nouvelle Mésie supérieure. La population de Scupi est diverse, et les inscriptions sur les tombes des vétérans indiquent qu'une minorité d'entre eux étaient originaires d'Italie, tandis qu'un certain nombre venaient de Macédoine, de Dalmatie, de Gaule du Sud et de Syrie. Cette mixité ethnique explique que le latin soit devenu la langue majoritaire de la cité, la seule que tous les habitants aient en commun, au détriment du grec, pratiqué dans d'autres villes de Mésie et de Macédoine.

La colonie romaine grandit rapidement au cours des siècles suivants et, à la fin du . La première église de Scupi est construite sous le règne de Constantin édit de Milan, signé en 313, qui légalise le christianisme, permet à la ville de devenir un siège épiscopal. Le premier évêque de la ville, Perigorius, participe au concile de Serdica, qui se tient en 343. En 395, lors de la séparation en deux de l'Empire romain, Scupi se retrouve dans l'Empire romain d'Orient.

À son apogée, Scupi couvre 40 hectares et elle est entourée par un mur de 3,5 mètres de large. Elle possède de nombreux éléments caractéristiques des villes romaines de l'époque, comme quatre nécropoles, un théâtre, des thermes, ainsi qu'une basilique paléochrétienne, construite au .

Moyen Âge

En 518, Scupi est frappée par un séisme. Le tremblement de terre a laissé une faille dans le sol qui s'étend sur 45 kilomètres de long et fait jusqu'à quatre mètres de profondeur, ce qui laisse penser qu'il fut le plus violent qu'ait jamais connu la Macédoine. D'après les écrits du chroniqueur illyrien Marcellinus Comes, la ville disparaît totalement et ses habitants n'ont la vie sauve que parce qu'ils avaient déjà fui leurs maisons par peur de possibles invasions barbares,.

Scupi est toutefois reconstruite sous l'impulsion de l'empereur , dont le règne est marqué par la fondation de nouvelles cités construites en hauteur. C'est le cas de Scupi, qui n'est pas rebâtie sur son site initial, mais vers la colline sur laquelle se trouve la forteresse, c'est-à-dire dans le centre-ville actuel de Skopje. Justinien aurait rebaptisé la localité en « Justiniana Prima », mais ce nom reste incertain car selon certaines sources, il aurait plutôt été attribué à Caričin Grad, une ancienne ville du Sud de la Serbie. Néanmoins, le nom de « Scupi » disparaît des écrits jusqu'à la fin du .

Également à la fin du Théophylacte, Scupi est pillée par les premières tribus slaves et des habitants sont pris en otages. Il est probable que la ville tombe définitivement aux mains des Slaves en 695, année durant laquelle de nombreux réfugiés des cités de Dardanie s'enfuient à Salonique. La tribu slave qui fonde une Sklavinie autour de Skopje est probablement celle des Berzites, qui occupent toute la haute vallée du Vardar. Une fois les Slaves définitivement installés dans la région au Grecs et les Valaques sont devenus minoritaires et la Macédoine est régulièrement disputée entre les Byzantins et les Bulgares. Aucun écrit ne mentionne la ville au cours des trois siècles suivants.

Une des tours de la forteresse de Skopje.

La forteresse de Skopje ne renferme pas de traces apparentes d'occupation au temps de Justinien, et seuls les restes d'un mur cyclopéen, non daté, peuvent suggérer un aménagement byzantin. Il faut attendre le de Bulgarie a créé en 976. Pendant le règne de Samuel, Skopje se développe et devient un centre de commerce en nouant des liens avec les cités voisines et celles de la côte adriatique.

perd toutefois la ville en 1004, lorsqu'elle est reprise par les Byzantins. Son empire disparaît totalement dix ans plus tard. Les Byzantins, d'abord conciliants avec les vaincus, imposent rapidement un clergé grec et des lois fiscales plus contraignantes. En réponse, deux soulèvements slaves et valaques ont lieu et Skopje se retrouve à chaque fois au centre des combats. Le premier soulèvement est conduit par Petrou Deleanou qui rassemble une armée puis prend la ville en 1040, avant de prendre le contrôle de la Thrace, l'Épire et la Macédoine En 1041, toutefois, Deleanou est abandonné par ses alliés et défait par les Byzantins. La seconde insurrection a lieu en 1072 et elle est conduite par Gjorgij Vojteh , un notable appuyé par Mihajlo de Dioclée, descendant de Samuel. Après s'être emparé de Skopje, Vojteh occupe les régions de Prizren et d'Ohrid, mais les Byzantins le défont rapidement.

Le couronnement de Stefan Uroš IV Dušan à Skopje par Alfons Mucha, 1926.

La situation reste instable tout au long du Normands de Robert Guiscard, après avoir délogé les Byzantins de Sicile et envahi les côtes grecque et adriatique, arrivent à Skopje. Ils conservent la ville jusqu'en 1088. Elle est prise en 1093 par Vukan Nemanjić, un joupan serbe, puis les Normands la récupèrent quatre ans plus tard après l'invasion du Polog par Bohémond de Tarente, fils de Robert Guiscard et futur meneur de la première croisade. Cependant, la famine et une épidémie de peste déciment vite son armée et il est rapidement contraint de restituer les territoires conquis aux Byzantins.

Aux Empire byzantin permet aux Serbes de constituer un royaume allant jusqu'à Salonique. Skopje est ainsi conquise en 1282 par le roi Milutin. Sous la dynastie Nemanjić, Skopje connaît une période de prospérité et la ville s'étend autour de la forteresse, de l'emplacement du vieux bazar jusqu'à l'actuel quartier de Gazi Baba. Cette ville-basse est fortifiée à son tour. Églises, monastères et marchés se multiplient : des marchands de vénitiens et ragusains s'y installent. La ville profite des caravanes qui apportent des produits du reste de l'Europe, du Moyen-Orient et d'Afrique. Elle devient au Balkans : Stefan Uroš IV Dušan y déplace sa cour puis s'y fait couronner en 1346 « Empereur des Serbes et des Grecs ».

Après la mort de Stefan Uroš IV Dušan, son empire est disloqué par des luttes entre joupans et Skopje se retrouve dans le petit royaume de Vukašin Mrnjavčević, qui règne de 1366 à 1371. La division des Balkans en petits États facilite l'invasion ottomane, et après la bataille de la Maritsa puis la bataille de Kosovo Polje en 1389, la péninsule tombe progressivement aux mains des Turcs. Skopje devient ottomane le .

Âge d'or ottoman

La mosquée Mustafa Pacha vue de la forteresse.

Après la conquête ottomane, la forteresse perd son caractère urbain et n'est plus qu'un site militaire. L'ensemble est réaménagé, des entrepôts, des baraques et des ateliers d'armes sont construits, mais Skopje perd rapidement son importance stratégique, car les frontières de l'Empire ottoman sont sans cesse déplacées vers le nord, où les conquêtes se poursuivent. Skopje, rebaptisée Üsküb, devient alors le siège d'une petite garnison. L'extension de l'Empire vers le nord permet cependant à Üsküb de rester sur un grand axe commercial, qui relie la mer Égée à Belgrade et la Hongrie. La ville basse connaît un véritable essor commercial jusqu'au islam sont nombreuses dans les villes des Balkans et de nouvelles communautés s'installent, notamment des Turcs et des Juifs, ces derniers venant surtout de la péninsule Ibérique d'où ils fuient l'Inquisition. En 1455, Üsküb compte 511 foyers musulmans et 339 foyers orthodoxes, et en 1519, 717 foyers musulmans alors que le nombre de foyers orthodoxes est descendu à 302. Les chrétiens de la ville sont surtout des Macédoniens et des Albanais non convertis, mais aussi des marchands arméniens et ragusains. Chaque communauté vit dans son propre quartier, par exemple les Juifs se concentrent entre le Vardar et la forteresse.

Vue de Skopje en 1594.

Le bazar est aménagé autour du bezisten, marché couvert mentionné pour la première fois en 1469, et les principales mosquées de la ville, comme celles de Mustafa Pacha ou du Sultan Murat sont construites des années 1430 au début du hammams et des caravansérails. Ces constructions sont patronnées par des dignitaires ottomans locaux comme Mustafa Pacha, Ishak Bey et Yahya Pacha, vizirs, gouverneurs de la ville ou bien issus de l'entourage du Sultan. Üsküb est par ailleurs au cours des Serbie et de la Bosnie. Vers 1450, la ville compte 71 imams, 58 muezzins et 377 artisans, dont la grande majorité est musulmane. Üsküb est aussi un centre soufi et compte vingt tekkes au . En 1505, un séisme touche Üsküb et détruit une partie de la ville ; cependant, elle reprend rapidement son activité.

Bien que la première synagogue connue de Skopje ait été construite en 1366, la communauté juive n'augmente significativement en nombre qu'à partir de 1481 puis après son expulsion d'Espagne en 1492. Selon un voyageur italien qui visite Üsküb en 1560, les Juifs dépassent alors en nombre toutes les autres communautés de la ville. La fondation de la synagogue Bet Ya'akov au Sabbataï Tsevi et Nathan de Gaza, alors considérés par beaucoup de Juifs comme les nouveaux messies. Nathan de Gaza, qui meurt en 1680, est par ailleurs enterré à Üsküb.

La tour du Bey, construite au XVIIe siècle, est l'une des seules constructions ottomanes de la rive sud du Vardar.

Üsküb est visitée par plusieurs voyageurs étrangers au cours des Philippe Canaye, dans son Voyage du Levant, publié en 1573, décrit la ville comme :

« une très grande cité placée suivant quelques-uns en Bulgarie, mais à mon avis en Macédoine, si l'on conserve les anciennes frontières, […] là passe un fleuve nommé Vardar. À l'entrée de la ville sont les ruines d'un vieux château, et à l'intérieur de celui-ci une église grecque. […] Cette ville a une horloge publique qui s'entend de toute la ville et qui sonne les heures à la française. […] À Scopia réside le Beylerbey de Grèce, quand il n'est pas à Stamboul. »

De son côté, Dilger Zede, un Turc, écrit au XVIIe siècle :

« J'ai voyagé pendant longtemps à travers le pays de Roumélie, vu beaucoup de belles villes et été impressionné par la grâce d'Allah, mais aucune ne m'a autant impressionné ni transporté que cette ville du paradis - Üsküb, à travers laquelle coule le Vardar. »

L'écrivain et voyageur turc du Evliya Çelebi, comptabilise 10 160 maisons vers 1670. La population de l'époque est estimée entre 30 000 et 60 000 habitants. Üsküb est alors, avec Sarajevo et Belgrade, l'une des seules grandes villes sur le territoire de la future Yougoslavie. Par comparaison, Raguse, actuelle Dubrovnik, qui est pourtant un grand port de commerce, compte à peine 7 000 habitants à la même période.

Guerre austro-turque et déclin

La mosquée Murat Pacha, construite après l'incendie sur les ruines d'un édifice plus ancien.

Üsküb est durement touchée par la Deuxième Guerre austro-turque. En 1689, l'armée autrichienne, après avoir obligé les Turcs à lever le siège de Vienne, pénètre en Macédoine. Üsküb, où sévit une épidémie de choléra, est déserte et sa forteresse en mauvais état : 400 cavaliers suffisent aux Autrichiens pour la prendre le 25 octobre. Le général Engelberto d'Ugo Piccolomini fait incendier la ville le même jour, pour anéantir le choléra, mais probablement aussi pour venger les dégâts faits à Vienne par les Ottomans. Üsküb continue de brûler pendant deux jours, les dégâts sont considérables, surtout dans le quartier juif.

La présence autrichienne satisfait de nombreux chrétiens de Macédoine, pour qui elle signifie la fin de l'hégémonie musulmane. Les Autrichiens sont soutenus par de nombreux haïdouks, comme Petar Karpoch, qui profite de la guerre pour mener une rébellion contre les Turcs. Mais les Autrichiens quittent rapidement la Macédoine et les Turcs écrasent les rebelles chrétiens. Bon nombre de ceux-ci quittent définitivement Üsküb et trouvent refuge dans le Nord des Balkans. Petar Karpoch est arrêté et empalé par les Turcs sur le pont de pierre.

Üsküb connaît après la guerre austro-turque une longue période de récession. La forteresse est reconstruite vers 1700, tout comme les édifices officiels, dont les mosquées et les caravansérails, mais la ville dans son ensemble n'est plus qu'un conglomérat de taudis. Les habitants sont décimés à plusieurs reprises par des épidémies de peste et de choléra, et un grand nombre d'entre eux émigrent, par exemple beaucoup de Turcs partent s'installer à Istanbul, dans le quartier d'Eyüp. L'Empire ottoman est alors ébranlé par de graves crises qui l'affaiblissent et des rébellions éclatent un peu partout en Macédoine. Elles sont généralement conduites par des hors-la-loi turcs, qui profitent de la faiblesse de la Sublime Porte pour piller les villages, mais aussi par des janissaires ou des haïdouks, qui réclament plus de droits ou de pouvoir.

La récession se poursuit tout au long du vers 1836 indique qu'Üsküb n'a plus que 10 000 habitants, soit à peine le tiers de sa population du Macédoine du Nord, Bitola (40 000 habitants) et Štip (entre 15 000 et 20 000 habitants). Un recensement ottoman de 1842 indique quant à lui 1 016 foyers musulmans et 295 foyers non-musulmans. Selon ce même recensement, la ville compte alors 7 305 habitants, dont 5 080 musulmans, 1 475 chrétiens et environ 500 Tsiganes et 250 Juifs. La , c'est-à-dire la ville ainsi que les villages autour, regroupe alors 25 095 habitants.

Renouveau économique et culturel

La cathédrale de la Nativité de la Vierge, construite en 1835.

Une petite croissance démographique est amorcée à Üsküb après 1850. Elle est soutenue par l'arrivée de petits groupes, comme des Tsiganes venus des environs, ou des Turcs et des Bosniaques fuyant la Serbie et la Bulgarie nouvellement indépendantes et qui s'installent dans le nouveau quartier de Madjir Maalo,, mais surtout par l'exode rural de Macédoniens. La construction en 1873 d'une voie ferrée qui relie la ville à Thessalonique accélère par ailleurs le renouveau économique de la ville. Cette ligne, construite par des entreprises occidentales, est prolongée l'année suivante jusqu'à Kosovska Mitrovica, puis une bifurcation vers Belgrade est ouverte en 1888. La position de la gare, sur la rive sud du Vardar, entraîne le déplacement progressif des activités commerciales de ce côté du fleuve, jusque-là pratiquement désert.

L'exode rural change sensiblement le visage ethnique de la ville, puisque les Macédoniens sont de plus en plus nombreux. Un nouveau quartier chrétien comprenant 55 maisons est par exemple construit en 1884. Le renouveau économique de la ville permet l'émergence d'une classe aisée macédonienne parmi laquelle les idées nationalistes circulent. Les propriétaires macédoniens les plus riches font construire des églises et des écoles slaves afin de contrer l'hégémonie de l'Église grecque sur les chrétiens slaves. Les premières, la cathédrale de la Nativité de la Vierge, l'église de l'Ascension ouvrent en 1835 et en 1836, à la même période que l'école municipale. Plus tard, en 1850, sont inaugurées une autre école, qui peut accueillir environ 180 élèves, puis une bibliothèque. Les principales figures locales du nationalisme slave sont Yordan Hadji Konstantinov-Djinot, professeur expulsé de la ville en 1857 sous la pression de l'évêque grec, et Théodose de Skopje, métropolite rattaché à l'exarchat de Bulgarie, mais partisan de la création d'une Église orthodoxe macédonienne, expulsé à son tour en 1892. Üsküb est l'un des cinq principaux foyers de l'Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne lorsque cette dernière organise l'insurrection d'Ilinden en 1903. Ce soulèvement nationaliste, qui se déroule du 2 août à mi-novembre, se cantonne toutefois autour de Bitola et Krouchevo, laissant Skopje en dehors du conflit.

Des couteliers dans le vieux bazar au début du XXe siècle.

En 1877, Üsküb se retrouve à la tête du vilayet du Kosovo, nouvellement créé, qui regroupe notamment le Kosovo actuel, le Nord-Ouest de la Macédoine et le Sandjak de Novipazar. Avec environ 32 000 habitants en 1905, c'est la plus grande ville du vilayet, dépassant toutefois Prizren de peu (30 000 habitants). En 1898, la ville compte 32 mosquées, 8 medreses, 19 tekkes, une synagogue, quatre églises, deux métropolites, une imprimerie, 17 écoles musulmanes et autant d'écoles non-musulmanes, huit hôtels, 75 restaurants, 44 auberges, 32 cafés, 69 boulangeries et 1 410 magasins. Selon l'Encyclopædia Britannica de 1911, Üsküb est aussi le siège d'un corps d'armée, d'un archevêché grec et catholique ainsi que d'un évêché bulgare. Les principales activités économiques sont la teinture, le tissage, le tannage, le travail des métaux et la production de vin et de farine. La Banque impériale ottomane ainsi que la Banque de Salonique y ont des bureaux et le français est la langue du commerce.

Au début du 1906. L'avènement des Jeunes-Turcs après le renversement du sultan en 1909 permet une première démocratisation de la Turquie, et donc de la Macédoine. Des partis politiques locaux sont créés, comme l'Organisation social-démocrate d'Üsküb, qui devient une branche du Parti social-démocrate ottoman. Un premier courant socialiste émerge également dans la ville.

Certaines mesures prises par les Jeunes-Turcs, comme l'augmentation des impôts et l'interdiction des organisations politiques fondées à bases ethniques, mécontentent cependant les minorités. Les Albanais s'opposent également à la promotion du nationalisme turc par le mouvement et lancent des révoltes locales en 1910 et en mai 1912. Cette dernière part d'Albanie et du Kosovo et s'étend rapidement jusqu'à l'est d'Üsküb. Les insurgés s'emparent de Kosovska Mitrovica et Pristina puis, le 11 août, font tomber Üsküb, gardée par 4 000 soldats ottomans. La prise d'Üsküb est un grand succès pour les insurgés, et plusieurs groupes d'Albanais arrivent dans la ville les jours suivants pour y défiler. Le mouvement reste calme, cependant, et les habitants ne sont pas menacés. Le 18 août, les insurgés signent avec les Turcs les accords d'Üsküb qui garantissent l'autonomie d'une province albanaise au sein de l'Empire et ils sont finalement amnistiés le 19 août 1912.

Des guerres balkaniques à la Première Guerre mondiale

de Serbie en visite à Skoplje vers 1914

La Bulgarie, la Grèce et la Serbie veulent expulser définitivement les Turcs des Balkans et forment une alliance en 1912. Les trois pays essaient de partager par avance la Turquie d'Europe, mais ne peuvent se mettre d'accord sur le sort de la Macédoine. Alors que la Grèce peut prétendre à la moitié sud, les Serbes et les Bulgares se disputent plusieurs villes, dont Üsküb fait partie.

La Première Guerre balkanique commence le et dure six semaines. La Serbie, qui a mobilisé 350 000 soldats, l'emporte rapidement avec la victoire écrasante de Kumanovo et son armée atteint Üsküb le 26 octobre. L'armée ottomane a déserté la ville la veille. Les soldats serbes, rejoints par des paysans venus de toute la Serbie pour célébrer la victoire, massacrent des Albanais de la ville, et dans les environs, comme au Kosovo, des villages sont pillés et incendiés. Le traité de Bucarest, signé le 10 août 1913, entérine le partage de la Macédoine et donc l'appartenance d'Üsküb, désormais « Skoplje », au royaume de Serbie. Cette annexion entraîne l'exode de nombreux Turcs ; 725 familles turques quittent par exemple la ville le 27 janvier 1913. Un recensement organisé par les Serbes la même année fait état de 37 000 habitants à Skopje.

Lors de la Première Guerre mondiale, la Bulgarie envahit la Macédoine serbe en 1915. La Serbie ralliée à la Triple-Entente, est très vite aidée par la France, le Royaume-Uni, la Grèce et l'Italie. Les armées de ces pays constituent, au nord de la Grèce le front de Salonique, et progressent dans la Macédoine serbe. En 1917, l'Autriche-Hongrie, alliée de la Bulgarie, installe un quartier général dans la forteresse afin de couper la route vers le nord. Le 29 septembre 1918, l'Armée française d'Orient, profitant de la rupture du front parvient aux portes de Skoplje et, sous le commandement de Jouinot-Gambetta, prend la ville par surprise. Une fois Skoplje tombée, la route vers Belgrade et le Danube est ouverte.

Le , les Bulgares demandent l'armistice. La Macédoine serbe est incluse la même année dans le royaume des Serbes, Croates et Slovènes, qui devient en 1929 le royaume de Yougoslavie. Skoplje est alors la plus grande ville de la région la moins développée d'Europe.

Entre-deux-guerres

Le théâtre national et la forteresse vers 1920.

Les Yougoslaves conservent la vocation militaire de la ville et font construire divers édifices dans la forteresse entre 1921 et 1930. Elle retrouve aussi une fonction administrative en 1922, lorsqu'elle devient chef-lieu de l'un des 33 départements du Royaume. En 1931, avec le changement de constitution, les départements disparaissent et Skoplje est faite chef-lieu de la banovine du Vardar, l'une des neuf régions de la Yougoslavie.

Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, Skoplje connaît une période de développement et une hausse démographique. La population, estimée à 41 066 habitants en 1921, atteint 64 807 habitants dix ans plus tard, et elle est évaluée autour de 80 000 en 1941. Bien que sise dans une région sous-développée, Skoplje attire un certain nombre de bourgeois serbes qui y ouvrent des entreprises. Ces derniers, comme le personnel administratif, issus de régions yougoslaves riches, contribuent à la modernisation et à l'occidentalisation de la ville. Les plus riches font construire de grandes demeures et le pouvoir central, de son côté, commande des monuments imposants, comme un musée ethnographique ouvert en 1933 et une nouvelle gare avec une façade néobyzantine. En 1941, la ville compte 45 usines, soit environ la moitié de toute l'industrie macédonienne, et parmi ces usines se trouve l'entreprise Monopol, qui produit 25 % des cigarettes yougoslaves. En 1928, un aéroport est construit à trois kilomètres du centre-ville, il est régulièrement desservi par la ligne Vienne-Zagreb-Belgrade-Thessalonique à partir de 1929.

Le palais des Čitkuševi, construit dans les années 1920 et détruit par le séisme de 1963.

Rebecca West, qui visite le royaume de Yougoslavie en 1937, rend compte des transformations opérées par les Serbes dans la ville :

« La gare est située dans la nouvelle partie de Skoplje, au bout de la rue principale, laquelle ressemble étrangement à un quartier commercial de ville industrielle anglaise, il y a une cinquantaine d'années. […] Il se trouve que, malheureusement, les Yougoslaves, dans leur joie à expulser les Turcs et devenir maîtres de la Macédoine, ont démoli la belle mosquée […] et l'ont remplacé par un Club d'Officiers qui est l'un des bâtiments les plus hideux de toute l'Europe. […] Tous les soirs, les Slaves de Skoplje qui appartiennent au monde moderne, comme les fonctionnaires ou les membres des professions libérales, déambulent le long de la Grand-Rue qui va de la gare au pont principal sur le Vardar, tandis que les Slaves qui appartiennent à l'ancien monde, comme les artisans et les paysans, arpentent un bout du quai. Mais les musulmans et les gitans ont leur corso dans cette partie périphérique de la ville, au sommet d'une colline. »

Seconde Guerre mondiale

Enveloppe envoyée depuis Skopje en 1941, on y voit des timbres bulgares ainsi que le drapeau militaire nazi.

En 1941, Adolf Hitler pose un ultimatum au roi Pierre II. Soit il signe le traité d'alliance qu'ont déjà signé l'Allemagne, l'Italie et le Japon, soit les nazis envahissent le pays. Le roi temporise. En fin de compte les nazis envahissent la Yougoslavie et la Grèce sans déclaration de guerre et conquièrent rapidement ces deux pays.

Les nazis prennent Skoplje le après l'avoir bombardée deux jours auparavant. Ils poursuivent leur avance vers la frontière grecque et abandonnent la ville aux mains de leurs alliés bulgares le 19 avril. Ces derniers font de Skoplje le siège du commandement de l'Armée d'occupation bulgare, du district de police et du commissariat civil pour toute la Macédoine. Par ailleurs, ils lancent aussitôt une campagne de bulgarisation de la région. Les écoles serbes sont fermées, les livres serbes interdits, et à Skoplje, le clergé est remplacé. Un grand nombre de professeurs serbes sont arrêtés puis déportés. Certains élèves et étudiants sont même tués par balle. Les Bulgares ouvrent leurs propres écoles ainsi qu'un institut d'enseignement supérieur, l'université du roi Boris.

Dès le début de l'occupation, les Juifs de Skoplje, qui sont environ 4 000 en 1940, subissent des humiliations publiques, leurs magasins sont attaqués. En mars 1943, les nazis et le gouvernement bulgare s'accordent pour les déporter en Pologne. Les 10 et 11 mars, des ordres sont envoyés à travers la Macédoine et tous les Juifs de la région sont envoyés à Skoplje où ils sont emprisonnés dans l'usine de tabac Monopol. À partir du , ils sont finalement déportés au camp d'extermination de Treblinka. Seuls 2 % des Juifs de Macédoine échappent à la mort et la plupart d'entre eux s'installent en Israël après la Libération. En 1946, Skopje compte toutefois encore 452 Juifs, mais ils ne sont plus que 95 en 1952 et cette communauté disparaît tout à fait vers 1958.

Le monument aux Libérateurs de Skopje.

Dans la ville, des résistants constituent des réseaux antifascistes et antibulgares, principalement dans la mouvance du Parti communiste de Macédoine. Le premier détachement de Partisans est créé en août 1941, alors que des sabotages ont déjà été menés à l'aéroport et à l'atelier de maintenance de locomotives. De nombreux résistants sont pris, meurent en prison ou finissent exécutés.

En 1943, les combats de la libération s'intensifient. Skoplje est bombardée le 18 octobre par les avions américains de la 12th USAAF qui parviennent à détruire des infrastructures ferroviaires et des locomotives. D'autres bombardements stratégiques ont notamment lieu le . Le , l'Assemblée anti-fasciste pour la Libération du Peuple macédonien (ASNOM) tient sa première session au monastère de Prohor Pčinjski et proclame l'indépendance de la « République populaire de Macédoine ». Dès lors, la Résistance se fait plus importante et l'Armée populaire de libération de Macédoine, constituée majoritairement de communistes mènent des combats de rue dans Skopje à l'automne. La ville est libérée à l'issue de ces combats, le . Après la libération de Tetovo le 19 novembre, la Macédoine est totalement libre.

Après-guerre

En 1945, la nouvelle République socialiste de Macédoine forme l'une des six entités de la Yougoslavie de Josip Broz Tito. Le peuple macédonien et sa langue sont alors pour la première fois internationalement reconnus. Skoplje devient officiellement Skopje. Une Bibliothèque nationale et un orchestre national philharmonique sont créés à Skopje dès 1944, puis la ville reçoit un musée national en 1946. L'université Saints-Cyrille-et-Méthode ouvre sa première faculté en 1946 et un Institut de la langue macédonienne est instauré en 1953. L'Académie macédonienne est finalement fondée en 1967.

Skopje profite de son nouveau statut administratif et des programmes d'industrialisation yougoslaves. Des usines fabriquant du verre et de la laine de verre, du ciment, des freins automatiques pour les trains, des meubles, des pièces automobiles ou encore du textile sont ainsi ouvertes. L'industrie métallurgique est aussi grandement encouragée afin de créer des emplois et alléger l'exploitation des gisements bosniaques. La Macédoine tout entière s'industrialise et l'exode rural est massif, comme dans toute la Yougoslavie. Alors que Skopje comptait 102 600 habitants à la fin de l'année 1946, elle en compte 197 300 en 1961. Entre 1931 et 1971, la ville a multiplié sa population par 4,6, un taux plus fort que celui de Belgrade (3,1) ou Zagreb (3,5), mais toutefois inférieur à celui de Niš (14,6). En 1971, plus de 30 % de la population macédonienne qui ne vit pas de l'agriculture habite à Skopje. En 1962, la ville concentre 35 % de l'industrie macédonienne et produit 43 % des revenus de la République socialiste de Macédoine.

La ville conserve également une forte diversité ethnique, et selon le recensement de 1953, Skopje compte alors 122 143 habitants, dont 74 686 Macédoniens, 22 562 Turcs, 8 650 Serbes, 7 829 Roms, 3 166 Albanais, 1 351 Croates, 1 064 Monténégrins, 552 Slovènes, 438 Valaques, 784 personnes slaves n'appartenant à aucun peuple précédent, 203 personnes se déclarant comme « Yougoslaves » et 858 personnes n'appartenant à aucun groupe,.

Tremblement de terre de 1963

L'armée américaine dans la ville en ruines.

Le , à 5 échelle de Richter. Il dure 20 secondes et est ressenti surtout dans la vallée du Vardar. Son épicentre se trouve à 15 kilomètres au nord-ouest de la ville, et son foyer entre 10 et 15 kilomètres de profondeur. Tout comme le séisme de 1960 d'Agadir, celui de Skopje est relativement faible en magnitude, mais a occasionné d'énormes dommages sur une zone restreinte.

Le tremblement de terre tue environ 1 070 personnes et fait 3 300 blessés, dont la moitié reste handicapés à vie. 16 000 personnes sont ensevelies vivantes dans les décombres et 70 % des habitants sont sans toit. La ville est détruite à 80,7 %, 19 établissements scolaires, 32 infrastructures sportives, 9 polycliniques et un grand nombre d'autres institutions disparaissent, comme l'université, dont les laboratoires sont réduits en poussière. Les dégâts sont évalués à un milliard de dollars, soit le budget annuel de toute la Yougoslavie. Le nombre élevé de destructions s'explique surtout par le fait que les architectes avaient largement ignoré un code de construction anti-sismique promulgué en 1948, ainsi que par la fragilisation des fondations de certains immeubles à la suite d'inondations en 1962. Environ un tiers des bâtiments restés intacts visuellement doivent être détruits et Skopje perd une grande part de sa richesse historique et culturelle. Parmi les édifices qui disparaissent se trouvent par exemple le Théâtre national et le Club d'Officiers ainsi que bon nombre d'immeubles construits pendant l'entre-deux-guerres. La forteresse est de son côté sévèrement touchée, comme la plupart des mosquées ottomanes, presque toutes conservées et restaurées par la suite. Les voies ferrées et les infrastructures souterraines ont globalement échappé au désastre.

L'évènement, retransmis par les médias dans le monde entier, suscite un grand élan humanitaire : le statut de non-aligné de la Yougoslavie est ce qui facilite principalement son expression. Skopje reçoit ainsi de l'aide de 77 États, sous forme d'argent, de médecins, d'équipes de reconstruction… Les États-Unis, par exemple, font installer un hôpital de campagne d'une capacité de 120 lits. L'infrastructure, venue de Berlin, est montée dans les vingt-quatre heures qui suivent le séisme. Des milliers de maisons préfabriquées sont assemblées en attendant la reconstruction. La catastrophe émeut également des artistes, comme Jean-Paul Sartre ou Pablo Picasso, qui offre à la ville son tableau Tête de Femme, exposé depuis au musée d'art contemporain, lui-même construit par le gouvernement polonais.

Reconstruction

Immeubles de Kapichtets, quartier développé dans les années 1970.

Pendant les premiers mois qui suivent la catastrophe, un débat a lieu entre les partisans de la reconstruction et ceux qui proposent l'abandon de la ville, car d'autres séismes sont à prévoir sur le site. Après prospection, aucun endroit sûr en Macédoine ne semble toutefois pouvoir accueillir la nouvelle capitale, et le bon état des infrastructures de transport et des usines motive finalement la reconstruction sur le même site. Un comité de reconstruction est nommé en 1964, il est dirigé par Adolf Ciborowski, architecte polonais qui avait déjà planifié la reconstruction de Varsovie en 1945. Il est secondé dans sa tâche par une soixantaine d'experts internationaux et autant d'experts yougoslaves. Le plan définitif est présenté au public en octobre, lors d'une exposition qui attire plus de 10 000 visiteurs en une semaine. Les travaux, rapides, sont aussi très impressionnants et, lors d'un exercice d'écriture sur l'évènement qui avait selon eux le plus marqué l'histoire de leur ville, 80 % des enfants skopiotes choisissent la reconstruction plutôt que le séisme lui-même.

Dans les trois à cinq ans qui suivent le séisme, les efforts se concentrent sur le relogement de la population et la remise en marche des entreprises industrielles. La reconstruction a un impact psychologique profond, car elle entraîne l'éclatement des voisinages et la réinstallation aléatoire des habitants. Les gens ne sont pas familiers de leurs nouveaux logements, des préfabriqués en bois, ils craignent les incendies et n'ont pas le droit de participer eux-mêmes à la construction de leurs futures maisons. Les logements se veulent également rationnels et le régime voit dans la reconstruction une manière de rééduquer la population, notamment les minorités. Toutefois, la communauté rom, très réticente à emménager les nouveaux immeubles, est regroupée dans un nouveau quartier au nord de la ville, Šuto Orizari, qu'elle peut construire comme elle le souhaite. Le centre-ville est d'abord laissé en ruines, ce qui permet d'y conduire des analyses de sol et d'organiser un concours international pour son redéveloppement. Ce concours est remporté par Kenzō Tange, qui a déjà travaillé à Hiroshima, ainsi que par un institut croate. Le projet final, une synthèse du travail des deux lauréats, est présenté en 1966.

Les travaux sont achevés vers 1980, même si certains éléments ne voient jamais le jour, à cause de l'épuisement des fonds et de l'inflation qui s'aggrave en Yougoslavie. Ils font naître une ville totalement nouvelle, composées d'unités consacrées à des usages bien précis, comme l'industrie, le commerce, le logement… Chaque unité de logement doit pouvoir contenir 6 000 personnes et celles-ci habiter à moins d'un quart d'heure à pied d'un arrêt de bus. La gare est l'un des seuls édifices anciens conservés dans le centre. Laissée partiellement en ruines, son horloge arrêtée sur l'heure du séisme, elle a été transformée en musée de la ville de Skopje. Une grande partie du vieux bazar ottoman, sur la rive nord du Vardar, est quant à elle restaurée et conservée.

Depuis 1980

La statue du guerrier à cheval, élément de Skopje 2014 érigé en 2011 sur la place de Macédoine.

Après la reconstruction, la ville renoue rapidement avec la croissance notamment démographique. La population passe ainsi de 312 300 habitants en 1971 à 408 100 habitants en 1981. La croissance économique, d'abord soutenue car favorisée par les investissements consentis à la suite du tremblement de terre, va stagner au cours des années 1980. Toute la Yougoslavie connaît alors une période de récession et de troubles ethniques, et en Macédoine, cela se traduit par l'affrontement entre nationalismes macédonien et albanais. Le conflit culturel avec la Grèce se profile également, et de grandes manifestations ont lieu à Skopje en 1990 pour dénoncer la situation des Macédoniens slaves en Macédoine grecque ainsi qu'en Macédoine bulgare. Après l'indépendance de la république de Macédoine en 1991, Skopje devient la capitale d'un État indépendant, mais la ville et le pays éprouvent de graves difficultés. Le conflit du nom avec la Grèce fait perdre à la Macédoine son principal port d'exportation, Thessalonique, tandis que les guerres de Yougoslavie empêchent le commerce avec la Serbie voisine. Le pays voit le volume de son commerce diminuer de 60 % et frôle la faillite ; la pauvreté engendrée favorise enfin les activités illégales.

Après l'apaisement des relations avec la Grèce en 1995, la situation reste difficile, car la transition à l'économie de marché aggrave le chômage et le gouvernement peine à attirer les investissements. Depuis la fin des années 2000, la ville vit cependant un certain renouveau. Beaucoup de monuments anciens situés dans la vieille ville ont bénéficié de rénovations, comme la forteresse, de grands centres commerciaux voient le jour et d'autres lieux importants, comme le stade national Toše-Proeski, l'aéroport, bénéficient d'agrandissements et de diverses améliorations,.

Le centre-ville subit de son côté une rénovation totale grâce au projet Skopje 2014. Il doit permettre au quartier dessiné par Kenzo Tange de retrouver son aspect historique, notamment par la reconstitution de plusieurs monuments emblématiques de la ville, comme le Théâtre national et le Club d'Officiers. Il doit aussi donner à Skopje l'allure d'une capitale nationale, avec des statues en l'honneur de figures historiques, de nouveaux musées, de grands hôtels… Cette opération urbanistique ne fait toutefois pas l'unanimité, notamment à cause de son coût (200 millions d'euros), mais aussi à cause du caractère très historiciste et nationaliste des projets. La minorité albanaise (un quart de la population de la ville) déplore aussi le fait qu'elle ne soit pas représentée dans les divers monuments. La fontaine surmontée d'une statue équestre d'Alexandre le Grand, qui a été installée en 2011 sur la place de Macédoine a quant à elle relancé le débat autour du nom de la Macédoine avec la Grèce et a été rebaptisée en « statue du guerrier à cheval ».

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Héraldique

Blason de Skopje.

Les armes de la ville furent adoptées dans les années 1950 et officialisées à nouveau en 1997. Elles reprennent les symboles de la ville ; le Vardar, le pont de pierre, la forteresse et la montagne de Šar.

Elles se blasonnent ainsi :

D'argent ; en pointe, une onde d'azur baignant le pont à deux arches du lieu de carnation maçonné, surmontant trois monts de sinople eux-mêmes surmontés à dextre d'un autre mont au naturel enneigé et à sénestre du fort du lieu ombré de carnation.

Le drapeau de Skopje utilise ces armes en ombre d'or en canton sur fond de gueules. Le drapeau est parfois horizontal parfois vertical, toutefois, la version verticale fut la première à être utilisée. Le drapeau respecte les proportions 1:2.

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Skopje dans la littérature

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Dokument erstellt 03/01/2018, zuletzt geändert 30/10/2024
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