Massimo Troisi

Photo de Troisi, Massimo
Prénom : Massimo
Nom : Troisi
Date de naissance : 19-02-1953
Lieu de naissance : San Giorgio a Cremano
Décédé le : 19-02-1953

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Massimo Troisi

Massimo Troisi, né le 19 février 1953 à San Giorgio a Cremano, dans la province de Naples (Italie) et mort le 4 juin 1994 à Ostie, est un comédien, humoriste, cabarettiste, réalisateur, scénariste et metteur en scène italien. Chef de file de la nouvelle comédie napolitaine née à l'aube des années 1970 et surnommée « le comique des sentiments » ou le « Polichinelle sans masque », il est considéré comme l'un des plus grands interprètes de l'histoire du théâtre et du cinéma italiens. Formé sur les planches et héritier instinctif d'Eduardo De Filippo et de Totò, il est également comparé à Buster Keaton et à Woody Allen

Il commence sa carrière avec ses amis du groupe théâtral I Saraceni, qui devient La Smorfia (Lello Arena et Enzo Decaro)

Le succès inattendu et immédiat du trio permet au jeune Troisi de faire ses débuts au cinéma avec Ricomincio da tre (1981), le film qui lancera sa carrière d'acteur et de réalisateur

À partir du début des années 1980, il se consacre exclusivement au cinéma, jouant dans douze films, dont cinq réalisés par ses soins

Souffrant de graves problèmes cardiaques depuis l'enfance, il meurt prématurément en 1994 à l'Infernetto (Rome) d'un infarctus, consécutif à un rhumatisme articulaire aigu, la veille du dernier jour de tournage du Facteur, un film dans lequel il joue le rôle-titre d'un facteur portant son courrier à Pablo Neruda, interprété par Philippe Noiret. Il a adopté un style personnel qui exalte une capacité d'expression verbale, faciale et gestuelle avec laquelle il combine des rôles purement comiques avec des rôles plus réfléchis

Dans un cinéma italien des années 1980 en déshérence, Troisi a pavé la voie d'un renouveau en s'intéressant à la société napolitaine au lendemain du séisme de novembre 1980, aux nouvelles idéologies, au féminisme, à l'autodérision et à l'affirmation d'une subjectivité individualiste

Avec lui est né le nouveau type napolitain de l'anti-héros, victime des temps modernes, un personnage fragile qui reflète encore les doutes et les inquiétudes des nouvelles générations. Il s'est parfois distingué en dehors du théâtre, en laissant derrière lui d'autres œuvres telles que O ssaje comme fa 'o core, un poème mis en musique par son ami Pino Daniele, une allusion aussi bien aux problèmes cardiaques (communs à Troisi et Daniele) qu'au romantisme.

Biographie

Enfance et débuts dans le théâtre

Massimo Troisi est né à San Giorgio a Cremano le , cinquième des six enfants d'Alfredo Troisi (1911-1999), cheminot, et d'Elena Andinolfi (1917-1971), femme au foyer. En 1951, la famille déménage au numéro 31 de la Via Cavalli di Bronzo (la même adresse que celle que le père de son futur personnage Gaetano a donnée à la Madone dans sa supplication du soir dans le film Ricomincio da tre) avec ses grands-parents maternels, un oncle et une tante et leurs cinq neveux et nièces. Il connaît son premier succès dans le monde du spectacle alors qu'il est encore bébé, lorsque sa mère Elena envoie une photo de lui à l'entreprise alimentaire Mellin, qui le choisit comme acteur pour une campagne publicitaire pour du lait en poudre.

Souffrant de fièvre rhumatismale dans son enfance, il a développé une grave dégénérescence de la valve mitrale, compliquée par une insuffisance cardiaque qui lui a été fatale. « Je me souviens être resté au lit, j'avais 14 ou 15 ans, et lucidement, presque comme un adulte, je sentais que là-bas, dans la cuisine, ils parlaient de mon problème, de ce qu'il fallait faire », a-t-il déclaré un jour dans un entretien, avouant que la gravité de son problème de santé avait toujours troublé son existence. Malgré ses problèmes de santé, dont il n'aimait pas parler (seuls sa famille et ses amis proches étaient au courant), fasciné par l'art dès l'adolescence, Troisi a commencé à se construire un avenir, en écrivant des poèmes et en se consacrant au théâtre. Très jeune, il remporte un prix local de poésie inspiré par la figure de Pier Paolo Pasolini, l'un des auteurs qu'il apprécie le plus à l'époque.

À quinze ans à peine, alors qu'il fréquente l'Istituto tecnico per geometri, il fait ses débuts dans le théâtre paroissial de l'église de Sant'Anna, véritable prolongement de son espace domestique, en compagnie de quelques amis d'enfance, dont Lello Arena, Nico Mucci et Valeria Pezza. Troisi était une personne très timide et, du moins au début, il pensait qu'il n'était pas capable de jouer sur scène, devant un public. Plus tard, debout, avec les lumières en face de lui, sans voir les gens en bas qui le regardaient, il s'est rendu compte qu'il se sentait à l'aise. Il eut envie de continuer et commença à écrire de petites pièces en un acte. Ses débuts sur la scène du théâtre paroissial eurent lieu à la suite du forfait soudain d'un des acteurs principaux. À cette occasion, il rencontra Arena, qui allait devenir son grand ami et son principal « acolyte » théâtral et cinématographique, mais surtout il découvrit la commedia dell'arte, particulièrement appréciée par le public de San Giorgio a Cremano.

En février 1970, Troisi, avec Costantino Punzo, Peppe Borrelli et Lello Arena, met en scène une farce d'Antonio Petito, 'E spirete dint' 'a casa 'e Pulcinella. Petito, l'un des derniers grands Polichinelle napolitains, fascine beaucoup les jeunes, et en particulier Massimo, qui voit dans le célèbre personnage une nouvelle force cachée.

« Ho cominciato a scrivere io. Già scrivevo poesie, ma solo per me, poi ho cominciato a buttare giù canovacci e tra parentesi mettevo 'lazzi', quando si poteva lasciare andare la fantasia. A me divertiva proprio uscire coi 'lazzi', improvvisare, per poi tornare al copione. Era il momento del teatro alternativo d'avanguardia e tutti volevano usare Pulcinella. Rivalutarlo. C'era Pulcinella-operaio, e cose del genere. A me questa figura pareva proprio stanca. Pensavo che bisognasse essere napoletano, ma senza maschera, mantenere la forza di Pulcinella: l'imbarazzo, la timidezza, il non sapere mai da che porta entrare e le sue frasi candide »

— Massimo Troisi

« J'ai commencé à écrire. J'écrivais déjà des poèmes, mais seulement pour moi, puis j'ai commencé à jeter des ébauches et à mettre des lazzi entre parenthèses, lorsque l'on pouvait laisser libre cours à son imagination. J'aimais beaucoup faire une incartade avec des lazzi, improviser, puis revenir au texte. C'était l'époque du théâtre alternatif d'avant-garde et tout le monde voulait mettre en scène Polichinelle. Le réévaluer. Il y avait un Polichinelle ouvrier, et d'autres choses de ce genre. Pour moi, ce personnage semblait fatigué. J'ai pensé qu'il fallait être napolitain, mais sans masque, pour conserver la force de Polichinelle : l'embarras, la timidité, le fait de ne jamais savoir par quelle porte entrer et de trouver ses phrases candides. »

Troisi commence à jouer le rôle de Polichinelle dans les spectacles du dimanche, mais, décidé à s'éloigner de l'intrigue du XVIIe siècle pour entrer dans les schémas de divertissement de la comédie moderne, il décide de faire de la scène avec sa propre créativité.

Avec ses amis du théâtre, le groupe Rh-Negativo, composé entre autres de Renato Barbieri, Lello Arena, Peppe Borrelli, Costantino Punzo, Pino Calabrese, Lucio Mandato, Gennaro Torre, Gaetano Daniele, auxquels s'ajoute quelque temps plus tard Enzo Decaro, il joue dans plusieurs spectacles. Le premier est Crocifissioni d'oggi (litt. « Crucifixions d'aujourd'hui »), dans lequel Troisi est pour la première fois — avec Beppe Borrelli — en même temps auteur et metteur en scène, et qui parle des luttes ouvrières, des mères célibataires, de l'émigration et de l'avortement. Ce spectacle est suivi, quelque temps plus tard, de Si chiama Stellina (litt. « Elle s'appelle Stellina »), la comédie burlesque en deux actes de Troisi. Le curé de l'église de Sant'Anna les invite à trouver un nouvel espace, plus adapté, où ils pourraient jouer ces thèmes sociaux d'avant-garde. Le groupe loue alors un garage dans la Via San Giorgio Vecchio 31, où est fondé le Centro Teatro Spazio. Ils y inaugurent un type de théâtre qui s'inspire de la farce et du cabaret napolitains. Le succès public obtenu au théâtre ne compense cependant pas le mode de vie de l'artiste et de ses camarades : au début, le groupe n'est souvent même pas payé et joue presque exclusivement par goût et par passion. Ils n'avaient pas les moyens de s'offrir des vêtements élégants et des accessoires raffinés. Tout se passait donc de manière délibérément grossière, avec Troisi toujours en collants noirs ou, en tout cas, dans des vêtements simples, et avec des décors et des costumes réduits au strict minimum.

En 1976, Troisi, âgé de 23 ans, est opéré de la valve mitrale à Houston, aux États-Unis. Une collecte organisée, entre autres, par le quotidien napolitain Il Mattino a contribué à couvrir les frais du voyage. L'opération, réalisée par Michael E. DeBakey, l'un des chirurgiens cardiaques les plus célèbres et les plus importants de tous les temps, est un succès et l'acteur, à son retour en Italie, reprend immédiatement son activité théâtrale avec ses amis de toujours.

Années 1970 : débuts à la télévision avec La Smorfia

En 1977, le groupe (rebaptisé I saraceni) se rétrécit et il ne reste plus qu'Arena et Decaro en plus de Troisi. Le trio se produit au Sancarluccio de Naples, qui doit faire appel à un remplaçant en raison du forfait soudain de Leopoldo Mastelloni. Le spectacle remporte un grand succès, surtout auprès du jeune public.

Le nom La Smorfia est donné au groupe par Pina Cipriani, directrice du San Carluccio. À la question « Comment vous appelez-vous ? », Massimo lui aurait répondu avec une grimace (« smorfia »), rappelant ainsi l'une des principales traditions napolitaines, également appelée La Smorfia : l'interprétation des rêves et leur transformation en chiffres à jouer à la loterie, ce qui s'avère si sympathique que, toujours par superstition, les trois compères adoptent ce surnom. Après quelques représentations au Teatro Sancarluccio de Naples, le groupe connaît un succès rapide qui lui permet de se produire d'abord au cabaret romain La Chanson et dans d'autres spectacles comiques sur les scènes de toute l'Italie, puis à l'émission de radio Cordialmente insieme. Enfin, ils sont remarqués par Enzo Trapani et Giancarlo Magalli, respectivement directeur et auteur des textes de l'émission télévisée Non stop (it) Après avoir subi quelques « examens », le trio fait ses débuts à la télévision et remporte un grand succès national.

De 1979 au début des années 1980, le trio de La Smorfia a mis en scène un large éventail de sketches dans lesquels il présentait des caricatures habilement construites des types humains et sociaux les plus divers. En jouant sur l'expressivité de plusieurs langues, du verbal au mimétisme, et en se moquant de tout, de la religion aux problèmes sociaux les plus disparates, La Smorfia a tenté d'échapper aux lieux communs napolitains en jouant sur la pudeur, la timidité, ce qui est plus implicite que dit sur scène. C'est ce qui détermina le grand succès du trio qui, après ses débuts avec l'émission Non stop, se retrouva également dans Luna Park (it), l'émission du samedi soir animée par Pippo Baudo, avant de se dissoudre à l'aube des années 1980.

« Mentirei se dicessi che l'intesa è venuta meno solo sul piano artistico. In effetti si erano create anche delle divergenze sul piano dei rapporti umani, specialmente tra me e Decaro. Siamo fatti diversamente, non so chi abbia ragione, ma al punto in cui eravamo occorreva un out definitivo. Poi c'è stato anche il fatto che non riuscivo più a scrivere mini atti per tre. Diciamo la verità: La Smorfia mi limitava. Per me che intendo dire tante cose, era come muovermi in un cerchio chiuso. Avrei potuto adagiarmi, tirare avanti per altri 4-5 anni e fare un sacco di soldi »

— Massimo Troisi

« Je mentirais si je disais que l'entente ne s'est rompue qu'au niveau artistique. En fait, il y avait aussi des désaccords sur le plan des relations humaines, en particulier entre Decaro et moi-même. Nous étions faits différemment, je ne sais pas qui avait raison, mais au point où nous en étions, nous avions besoin d'en finir. Et puis il y a aussi le fait que je ne pouvais plus écrire des sketches à trois. Soyons honnêtes : La Smorfia me limitait. Pour moi, c'était comme évoluer dans un cercle fermé. J'aurais pu me reposer, continuer encore pendant quatre ou cinq ans encore et gagner beaucoup d'argent »

Les sketches les plus connus du trio sont Annunciazione, dans lequel Troisi joue l'humble épouse d'un pêcheur que l'archange Gabriel / Noé (Lello Arena) prend pour la Vierge Marie. Troisi essaie, avec une friponnerie enfantine, d'obtenir du patriarche Noé (Arena) qu'il lui permette de monter dans l'Arche, en se faisant passer pour un animal imaginaire, le « minollo » puis pour un autre, le « rostocchi ».

Années 1980 : passage au grand écran

Désistement au Festival de Sanremo

Un mois avant ses débuts au cinéma, Troisi est appelé par Gianni Ravera (it) pour être le comédien invité au Festival de Sanremo. Mais Troisi suscite une grande inquiétude à la Rai, qui ne veut pas répéter l'affaire Benigni de l'année précédente, lorsque l'humoriste toscan avait irrité l'Église en appelant Jean-Paul II « Wojtylaccio ». L'après-midi de la finale, les textes préparés par Troisi ont été lus par les organisateurs : l'acteur devait plaisanter sur des sujets « intouchables », dont l'Annonciation et le président de la République Sandro Pertini, qui rendait visite aux victimes du tremblement de terre d'Irpinia. Mais Troisi a surtout manifesté son intention d'improviser : « Je viserai les cibles habituelles », a-t-il annoncé, « le pouvoir devant lequel nous, les méridionaux, tremblons. Mais je déciderai quand je serai à l'antenne ».

La Rai propose à l'humoriste de couper les parties les plus scandaleuses, de réécrire l'ensemble du discours en réduisant l'improvisation au minimum, de ne faire qu'un seul discours et non trois. Troisi n'y réfléchit pas à deux fois et, après une célèbre interview dans laquelle il se moque de l'interdiction qui lui est faite d'aborder des sujets sensibles, déclarant « Je n'ai pas encore décidé si je lisais un poème de Pascoli ou de Carducci », il annule sa participation en tant qu'invité au festival de Sanremo une demi-heure seulement avant la diffusion en direct de l'Eurovision, ne donnant qu'une petite prestation aux journalistes qui s'étaient précipités à l'hôtel pour l'interviewer.

Débuts au cinéma : Ricomincio da tre (1981)

Au début des années 1980, l'industrie cinématographique italienne traverse une phase critique : au faible afflux de spectateurs dans les salles s'ajoute la désagréable impression que les idées scénaristiques se tarissent. Dans un tel contexte, il était facile pour Troisi de passer du petit au grand écran, mais les premières propositions ne l'ont pas séduit : « Il y a eu pleins de proposition pour des comédies qu'on ne sait pas comment appeler, qui n'avait plus rien à voir avec la grande comédie à l'italienne. Moi, fort du fait que je faisais du théâtre, j'étais heureux de faire mon propre truc, et j'ai toujours refusé ce qu'on me proposait. J'ai lu plusieurs scénarios décourageants et puis je n'aimais pas la façon dont ces gens se présentaient ».

En 1981, les producteurs Fulvio Lucisano et Mauro Berardi, à la recherche de nouveaux talents, misent sur les talents comiques de Troisi et, comme un film réalisé par Luigi Magni et inspiré de l'histoire du roi des Deux-Siciles François II est sur le point d'être produit, ils lui offrent le rôle principal. Le film n'a jamais vu le jour, Magni ayant abandonné le projet presque immédiatement. Berardi, cependant, veut à tout prix travailler avec l'artiste napolitain et le contacte à nouveau, lui proposant d'écrire, de jouer et de réaliser son propre film. En l'espace d'un an, avec l'aide d'Anna Pavignano et d'Ottavio Jemma, Troisi achève le scénario de Ricomincio da tre. La distribution comprend Massimo Troisi, Fiorenza Marchegiani, Lello Arena ainsi qu'une apparition de la chanteuse française Jeanne Mas.

L'intrigue du film est centrée sur Gaetano, interprété par Troisi lui-même, un jeune Napolitain qui, fatigué d'une vie provinciale faite de famille, de sorties banales entre amis et d'un travail aliénant de vendeur ambulant, décide de s'installer à Florence à la recherche de nouvelles expériences. Le personnage exprime la condition d'un jeune homme des années 1980 dans une réalité particulière, celle de la Naples d'après le tremblement de terre de novembre 1980, et dans un moment historique où les femmes revendiquent leur propre affirmation, ce qui déstabilise l'identité masculine. Au jeune Gaetano, qui arrive de Naples à Florence, tout le monde demande s'il est un émigré, par respect pour une tradition socioculturelle qui veut que les jeunes du Mezzogiorno aillent chercher fortune dans les villes les plus septentrionales de l'Italie, et Gaetano tient à souligner qu'un Napolitain peut aussi voyager pour voir de nouveaux endroits, vivre de nouvelles expériences et entrer en contact avec une réalité différente, comme il le fait, et non pas nécessairement pour émigrer.

Tourné en six semaines avec un budget de 400 millions de lires, le film sort dans les salles italiennes le et séduit immédiatement le public (14 milliards de lires au box-office), à tel point qu'une salle de cinéma de Porta Pia, à Rome, l'accueille pendant plus de six cents jours. Troisi est la révélation de la saison cinématographique italienne. Il remporte plusieurs prix pour la réalisation et pour son interprétation de Gaetano, deux David di Donatello, trois Rubans d'argent et deux Globes d'or. Certains critiques l'ont qualifié de « sauveur du cinéma italien », tandis que d'autres l'ont comparé aux deux maestros historiques du cinéma napolitain, Totò et Eduardo, comparaisons que Troisi lui-même, avec beaucoup de modestie et d'humilité, a refusées : « Non, il me semble aussi irrévérencieux de faire cette comparaison. Mais je ne dis pas cela par modestie, parce qu'on ne fait pas la comparaison avec Totò ou avec Eduardo, ce sont des gens qui sont là depuis trente ou quarante ans et qui nous ont donc laissé un héritage ».

Retour à la télévision (1982) et film Scusate il ritardo (1983)

En 1982, à l'appel de Rai 3, dans le cadre de la série Che fai... ridi! qui présente la génération des nouveaux humoristes italiens, Troisi réalise le film Morto Troisi, viva Troisi! dans lequel il met en scène sa mort prématurée et où sa carrière est racontée à titre posthume. Le film est construit sur le modèle d'un documentaire télévisé, avec un collage des différentes apparitions du metteur en scène et des extraits de ses spectacles de cinéma et de théâtre. Troisi, parlant de lui-même et de sa propre mort, subvertit le récit en introduisant des éléments ironiques et grotesques, comme l'apparition de Roberto Benigni, un faux Napolitain qui finit par dire du mal du mort, Marco Messeri déguisé en cheval arabe, ou Lello Arena sous les traits d'un ange gardien.

En 1982, il participe, en tant que scénariste et acteur, au film de Ludovico Gasparini No grazie, il caffè mi rende nervoso (it), aux côtés de Lello Arena. Dans le film, Troisi est l'hôte très attendu du premier festival de la Nouvelle Naples et la cible principale du personnage joué par Arena, un détraqué meurtrier qui a l'intention de tuer tous ceux qui participent au festival tant convoité. Dans le dénouement du film, il est brutalement assassiné par le détraqué, attaché à un orgue de barbarie jouant bruyamment Funiculì funiculà (qui est aussi le nom de scène que le personnage d'Arena a choisi pour mieux indiquer sa mission) avec la bouche obstruée par un morceau de pizza.

En 1983, il signe son deuxième film, Scusate il ritardo. Le tournage commence à Naples le et s'achève la première semaine de novembre, mais le film ne sort que le , deux ans après le premier. Troisi se révèle d'emblée un cinéaste gênant pour le système cinématographique établi, car il fait des films quand il en a envie, quand il en ressent vraiment le besoin. « Si vous manquez un film de Troisi », déclarait-il, « il ne se passe rien, vous pouvez le voir dans deux ans, ou vous pouvez le manquer et en voir un autre ». Le titre du film fait référence à la fois au temps trop long qui s'est écoulé depuis le film précédent en 1981, et aux différentes temporalités de l'amour et à la non-synchronicité des relations amoureuses. Dans le film, Troisi interprète Vincenzo, un homme hésitant, effrayé par tout ce qui pourrait devenir, par tout ce qui pourrait se produire. L'indécision et l'amour superficiel caractérisent profondément ce personnage aussi emblématique que réaliste. Ce film est peut-être le plus autobiographique : il ne raconte pas quelque chose qui fait partie de sa vie, mais il est l'expression des doutes, des peurs et des quelques convictions de l'homme Troisi. Le personnage de Vincenzo est semblable à celui de Gaetano dans le film précédent, mais plus timide et maladroit.

Avec Scusate il ritardo, Troisi recrée également une série de personnages-types, omniprésents dans le théâtre traditionnel ; par exemple, Tonino, l'ami de Vincenzo, interprété par Arena, rappelle dans un certain sens le personnage de l'amoureux, déjà présent dans la littérature grecque et latine. En effet, le thème principal de Scusate il ritardo est l'amour, la relation, si difficile, entre un homme et une femme, si difficile surtout quand l'un des deux, en l'occurrence Anna, incarnée par Giuliana De Sio, cherche dans son partenaire une sécurité, un amour qu'elle ne peut pas recevoir. C'est probablement l'œuvre la plus remarquée de Troisi, qui craint de ne pas parvenir à reproduire le grand succès de Ricomincio da tre. La ténacité avec laquelle il fouille dans ses états d'âme donne au film une profondeur thématique et artistique remarquée.

En 1987, grâce à un match nul à domicile contre la Fiorentina, l'équipe du Napoli entraînée par Ottavio Bianchi remporte son premier Scudetto et les supporters déploient une grande banderole bleue dans une rue de Naples avec les mots Scusate il ritardo (litt. « Désolé pour le retard »), paraphrasant ainsi le film de Troisi et lui rendant hommage.

Collaborations avec Benigni, Scola et Mastroianni (1984-1988)

En 1984 sort Non ci resta che piangere, écrit, réalisé et interprété par son ami Roberto Benigni. Le film raconte l'histoire de deux amis qui sont catapultés, par un étrange coup du sort, dans la lointaine année 1492. De nombreuses aventures les attendent, notamment la tentative désespérée d'empêcher le départ de Christophe Colomb et la colonisation des Amériques. Le film a d'abord été conçu comme l'histoire de deux amis qui tombent amoureux de la même femme, ce qui les conduira plus tard à une violente querelle. Mais l'idée s'est avérée d'une banalité justifiée pour les deux amis, ainsi que pour Giuseppe Bertolucci, qui partageait avec eux le rôle de scénariste. Une fois qu'ils se sont mis d'accord sur l'intrigue, apparemment simple et linéaire, Troisi et Benigni ont élaboré le film de manière improvisée ; il n'y a pas eu de véritable scénario, mais quelques intrigues sporadiques scène par scène.

Le coût de seulement trois milliards de lires pour neuf semaines de production (alors que huit semaines étaient prévues) a été vite couvert par des recettes de plus de cinq milliards de lires rien que pour les premières projections. Plus d'un million d'entrées ont permis au film de se placer en tête du box-office de la saison, dépassant des films comme SOS Fantômes et Indiana Jones et le Temple maudit. Le duo Troisi-Benigni a fonctionné à tel point qu'il a été comparé au duo Totò et Peppino pour ce qui est du dédoublement des personnages : Benigni, turbulent et exubérant, est comparé à Totò, tandis que Troisi, plus marmonnant et hésitant, est comparé à Peppino. La rédaction de la lettre à Savonarole rappelle celle, mythique, des deux Napolitains dans Totò, Peppino et la Danseuse, non seulement pour les plaisanteries, mais aussi pour l'efficacité de l'humour.

En 1986, il joue un petit rôle dans le film réalisé par Cinzia TH Torrini, Hôtel Colonial, tourné en Colombie. Troisi y incarne un passeur napolitain qui a émigré en Amérique du Sud et aide le protagoniste à rechercher son frère. L'année suivante, il joue et tourne Le vie del Signore sono finite, qui se déroule pendant la période fasciste. Ce film marque une étape importante dans son évolution artistique. La qualité de la mise en scène, en effet, s'est beaucoup améliorée, avec des solutions techniques plus raffinées et un rythme moins fragmenté, grâce aussi à une meilleure utilisation de la caméra, moins statique que dans les films précédents. Troisi joue le rôle de Camillo Pianese, un invalide « psychosomatique », aidé par son frère Leone (son inséparable ami de toujours Marco Messeri), quitté par sa femme et qui se retrouve à consoler un de ses amis, véritablement malade et amoureux de la même femme sans que ce soit réciproque. Le film a remporté le Ruban d'argent du meilleur scénario.

En raison d'un infarctus, il refuse de jouer Polichinelle dans une pièce d'Igor Stravinsky dirigée par le metteur en scène Roberto De Simone. Au cours des trois années suivantes, il collabore en tant qu'acteur avec Ettore Scola dans trois films, les deux premiers également aux côtés de Marcello Mastroianni. En 1988, il tourne Splendor (1988), dans lequel il interprète le projectionniste Luigi, un rêveur incapable de comprendre pourquoi les gens ne vont plus au cinéma. Le film n'a pas eu de succès en salles et il est considéré par les critiques comme l'un des moins bons films de Scola. L'année suivante, il joue dans Quelle heure est-il ? (1989), qui se concentre sur les relations conflictuelles entre le père et le fils, interprétés respectivement par Mastroianni et Troisi. Cette fois-ci, les deux acteurs remportent ex-aequo la Coupe Volpi de la meilleure interprétation masculine à la Mostra de Venise 1989 et nouent une amitié profonde et sincère.

Années 1990 : dernières œuvres

Dernière collaboration avec Scola (1990) et dernière réalisation (1991)

En 1990, il collabore avec Scola pour la dernière fois dans le film Le Voyage du capitaine Fracasse, qui relie la comédie italienne aux anciennes racines de la commedia dell'arte, dans lequel il joue le rôle de Polichinelle. En 2014, Scola a raconté un projet avorté, un film qui était presque prêt et qui ne s'est pas matérialisé en raison de la décision de l'auteur de cesser d'être financé par Medusa Film. Troisi devait jouer un personnage nommé Ettore aux côtés de Gérard Depardieu, tandis que le titre du film devait être Un drago a forma di nuvola.

Le dernier film écrit, réalisé et interprété par Troisi est Je croyais que c'était de l'amour (1991), avec Francesca Neri et Marco Messeri. Avec ce film, Troisi a décidé de donner corps à une idée qu'il avait en tête depuis un certain temps, comme en témoignent les différentes incursions sur le sujet dans ses œuvres précédentes : réaliser un film où l'on parle exclusivement d'amour. Troisi analyse les sentiments du couple moderne et la difficulté de maintenir un lien entre un homme et une femme. C'est peut-être le film qui a le plus mis à nu l'intériorité de l'acteur, ses réalités les plus intimes. Les protagonistes, Tommaso et Cecilia, interprétés respectivement par Troisi et Neri, s'aiment, se séparent et se retrouvent à plusieurs reprises, mais en réalité ils se sentent trop différents pour pouvoir se marier et être heureux. Au moment où ils sont sur le point de le faire, dans les dernières scènes du film, il ne trouve pas le courage de se présenter à l'église : il préfère lui envoyer un mot pour lui donner rendez-vous dans un bar voisin.

Le Facteur et la mort prématurée

Pendant le tournage de Scusate il ritardo vers 1982, le journaliste et scénariste John Francis Lane a rencontré Troisi pour le compte du réalisateur britannique Michael Radford. Il lui parle du premier film de Radford Les Cœurs captifs (1983), un film sur l'histoire d'amour entre une femme au foyer écossaise et un prisonnier napolitain à la fin de la Seconde Guerre mondiale. À l'époque, Troisi ne se sentait pas prêt à tourner un film à l'étranger (ce n'est qu'en 1987 qu'il a participé à Hôtel Colonial) et avec un réalisateur débutant comme Radford. Plus tard, après avoir vu l'excellent travail du réalisateur, il lui a téléphoné pour lui avouer qu'il avait l'impression d'avoir raté une grande occasion ; les deux hommes se sont liés d'amitié et se sont promis de faire un film ensemble, mais il a fallu attendre quelques années avant que la bonne occasion ne se présente. C'est alors que Nathalie Caldonazzo, la dernière compagne de Troisi, lui offre le livre Une ardente patience (Ardiente paciencia), de l'écrivain chilien Antonio Skármeta, qui raconte la naissance d'une grande amitié entre un facteur et le célèbre poète chilien Pablo Neruda. Après l'avoir lu, Troisi s'est montré enthousiaste et a acheté les droits pour en faire une version cinématographique. Il a ensuite proposé à Radford de réaliser le film, mais cette fois, c'est le cinéaste britannique qui a fait faux bond. Troisi réussit finalement à le convaincre en lui disant qu'il avait entre-temps approché Giuseppe Tornatore (un réalisateur qui sortait à l'époque auréolé du grand succès Cinema Paradiso).

Le scénario a été écrit principalement par Troisi, Radford et Furio Scarpelli. Les trois cinéastes se sont donné rendez-vous à Los Angeles pour le finaliser. Troisi profite de son séjour en Amérique pour se rendre à Houston et effectuer un bilan de santé avant le début du tournage, dans l'hôpital où il avait été opéré 17 ans avant. Les résultats des examens sont peu encourageants : Troisi a la surprise d'apprendre qu'il doit subir une nouvelle intervention chirurgicale d'urgence, car les deux valves en titane qui lui ont été implantées se sont détériorées, ce qui l'oblige à retarder le début du tournage, prévu pour l'automne 1993. Pendant l'opération, Troisi est victime d'un infarctus et les médecins ne parviennent que difficilement à le maintenir en vie ; il reste à l'hôpital pendant un mois et demi, période pendant laquelle les médecins recommandent une nouvelle greffe. Courageusement, Troisi décide de tourner d'abord le film, qui commence en à Cinecittà, puis se poursuit d'abord à l'île de Salina et ensuite à Procida, l'île que Troisi considère comme capable de susciter « les bonnes émotions à travers ses lieux et ses gens », pour se terminer à nouveau à Cinecittà. L'action du Facteur, dans lequel le rôle de Pablo Neruda est confié à Philippe Noiret, se situe entre 1951 et 1952, période pendant laquelle Neruda a vécu en exil en Italie, mais il est très peu fidèle au roman d'Antonio Skármeta, apportant de nombreuses modifications à l'histoire et changeant complètement la fin.

L'état de Troisi s'aggrave de jour en jour, au point de l'obliger à se faire remplacer par une doublure dans les scènes les plus fatigantes. Dans une interview, l'acteur Renato Scarpa a déclaré que Troisi avait dit « Je veux faire ce film avec mon cœur ». L'acteur a révélé qu'il aimait particulièrement ce film, au point de le considérer comme faisant partie de sa propre vie. Pour cette raison, et en raison de l'accueil que lui ont réservé les habitants de Procida pendant le tournage sur l'île, il s'est engagé à présenter le film en avant-première nationale dans une salle de Procida ; il n'a cependant pas pu assister à cette projection, car il est mort dans son sommeil quelques heures après la fin du tournage, le , dans la maison de sa sœur Annamaria à Lido di Ostia, terrassé à l'âge de 41 ans par un infarctus consécutif à un nouvel épisode de rhumatisme articulaire aigu.

Les funérailles ont eu lieu à l'église Sant'Antonio, le , à San Giorgio a Cremano, et sa dépouille est conservée dans le cimetière local avec celles de sa mère et de son père.

Après sa mort, Le Facteur a connu un énorme succès, tant en Italie qu'aux États-Unis. Troisi a été nommé à titre posthume pour deux David di Donatello (meilleur film et meilleur acteur), un Ciak d'oro ("clap d'or"), deux Oscars (meilleur acteur et meilleur scénario adapté) et un Ruban d'argent (Premio speciale). En France, le film a reçu en 1997 le Lumière du meilleur film étranger.

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    Document créé le 06/02/2014, dernière modification le 08/09/2025
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