Lefranc
Status : série en cours
Genre : Aventure
Lefranc, anciennement Les Aventures de Lefranc (1954-1961) ou Guy Lefranc (1977-1982), est une série de bande dessinée d'aventure franco-belge créée par Jacques Martin en 1952.
La série met en scène le héros principal, le journaliste-reporter Guy Lefranc. La première aventure La Grande Menace est parue dans Tintin en Belgique le et en France le . Publiée en album en 1954 aux éditions Le Lombard, elle se vend à plus d'un million et demi d'exemplaires jusqu'en 2002. Les principaux personnages de la série sont le journaliste Guy Lefranc, son protégé le jeune Jeanjean, le commissaire Renard, et l'éternel méchant de la série, le mystérieux Axel Borg.
Jacques Martin assure seul la réalisation des deux albums suivants, L'Ouragan de feu et Le Mystère Borg, avant de se consacrer seulement au scénario et de laisser les dessins à Bob de Moor pour le quatrième album Le Repaire du loup puis à Gilles Chaillet pour les neuf albums suivants.
Histoire
Naissance de La Grande Menace (1952)
Inspiration et création
Trois ans après la création du jeune esclave gaulois Alix, avec lequel il connaît un énorme succès dans l'hebdomadaire Tintin, Jacques Martin rend visite à un ami dans les Vosges en 1951. Il visite le tunnel ferroviaire inachevé d'Urbès en Alsace où ont été abandonnés des stocks entiers d'armes allemandes, parmi lesquelles se trouve un missile V1 préparé pour attaquer Paris. C'est ainsi que l'auteur conçoit l'image d'une histoire sur les traces de l'Occupation allemande et les commencements de la guerre froide, et du personnage qui se nommera très bientôt Guy Lefranc, blond solitaire comme Alix.
Il commence alors à écrire le scénario politico-catastrophique qui a pour titre La Grande Menace, mais qui ne plaît guère au journal Tintin. Il insiste néanmoins, et le journal finit par accepter la publication, mais pour une seule histoire. Le est publiée en planches hebdomadaires la première aventure de Guy Lefranc, La Grande Menace, à près de 60 000 exemplaires.
« J'ai présenté ce projet au Journal de Tintin où ils ont été très étonnés. Cela ne ressemblait pas du tout à ma série Alix ! Mais j'ai insisté pour réaliser juste une histoire. Cela a été accepté à la condition que je transpose les personnages d'Alix et Enak à l'époque actuelle, d'où la création de Jeanjean. Pour la même raison, Lefranc est blond, comme Alix. J'étais jeune, j'ai obéi aux injonctions de mon rédacteur en chef. »
— Jacques Martin, propos recueillis par Brieg F. Haslé en décembre 2002.
Le succès est immédiat. Hergé, très impressionné par les exploits graphiques de Jacques Martin, lui propose de travailler à ses côtés dans les studios Hergé : l'auteur d'Alix donne son accord en . L'année suivante, les Éditions du Lombard rassemblent La Grande Menace pour en faire un album cartonné et en vendent 750 000 exemplaires, dont 400 000 en Amérique du Sud.
Colère d'Edgar P. Jacobs
Le triomphe de La Grande Menace, en 1952, entraîne Edgar P. Jacobs, maniaque et méfiant, dans une grosse colère contre la rédaction du journal, qu'il accuse de lui avoir volé le style de Blake et Mortimer. Il a depuis toujours été sur la défensive par crainte que l'on ne plagie son œuvre et a même provoqué Jacques Martin en duel dans une lettre qu'il lui a adressée.
Plusieurs années plus tard, à l'époque du Mystère Borg, sans doute en 1964 lors de sa première publication dans le Journal de Tintin, Edgar P. Jacobs le félicite pour l'ensemble de son travail et s'excuse auprès de lui disant que « c'[était] une plaisanterie ».
Lefranc se lance dans de nouvelles aventures
En 1954, les éditions du Lombard publient en format cartonné La Grande Menace, qui connaît un certain succès auprès des lecteurs de Tintin, mais sans mention de Guy Lefranc dans le titre ni d'indication du début d'une série. Alors que l'auteur présente le projet d'un nouvel épisode d'Alix au rédacteur en chef André Fernez, ce dernier souhaite que les aventures de Lefranc se poursuivent.
L'Ouragan de feu (1959)
Le second tome de Lefranc, L'Ouragan de feu, paraît dans le journal Tintin d' à , avant d'être publié en 1961 chez Dargaud. Le journaliste Guy Lefranc s'est pris d'amitié pour Jeanjean, jeune boy-scout orphelin qu'il a entraîné avec lui dans l'affaire de La Grande Menace. Dans cette nouvelle aventure, il découvre une partie de la famille de son protégé et la formidable invention qu'ils ont mise au point.
L'intrigue offre à nouveau la visite de lieux historiques tels que le Mont-Saint-Michel et d'une région, la Bretagne, ainsi que des rebondissements accompagnés de courses poursuites et de grandes manœuvres militaro-policières qui se terminent dans un phare en mer.
À noter que l'île de Tergaou, qui se trouve au large de Lampaul-Ploudalmézeau dans le Finistère, était désaffectée en 1948 avant qu'Yves Le Guen ne l'achète en 1953 pour dix millions de francs. Quant à son phare, il a une forte ressemblance avec celui d'Ar-Men, situé au large de l'île de Sein dans le sud du Finistère.
Le Mystère Borg (1964)
Jacques Martin réalise le troisième tome Le Mystère Borg dans lequel Guy Lefranc et Jeanjean se trouvent dans la station de sports d'hiver de Gardsten en Suisse, face à leur ennemi de toujours Axel Borg et sa redoutable bombe bactériologique. À sa demande, ses amis collaborateurs du studio Hergé Roger Leloup (ils se sont rencontrés au début des années 1950 alors qu'il n'avait que dix-sept ans) et Bob de Moor l'assistent pour les décors.
Ce tome, dont la publication débute le dans l'hebdomadaire Tintin, est publié en album en 1965 par Casterman ; c'est le dernier album dessiné par l'auteur.
Du Lombard à Casterman
Le tout premier album de Jacques Martin édité chez les Éditions du Lombard est La Grande Menace en 1954 ; pourtant, la première création pour Tintin en 1948 reste Alix l'intrépide en quoi l'éditeur Raymond Leblanc ne croyait pas du tout : Martin doit beaucoup insister afin que celui-ci soit publié. C'est en 1956 que la première édition d'Alix voit le jour avec la moitié des pages en couleurs et l'autre moitié en noir et blanc pour réduire les coûts de fabrication. Après la publication des cinq premiers albums d'Alix et des deux premiers de Lefranc, Raymond Leblanc annonce que le nombre d'albums publiés va être réduit et le directeur des Éditions du Lombard explique qu'ils sont avant tout « des éditeurs périodiques » et aussi que « le marché n'étant pas bon, il n'y aura pas d'albums pour tout le monde. Mais nous n'empêcherons personne d'aller se faire éditer ailleurs ». Insatisfait, Jacques Martin reprend sa liberté et quitte cette maison d'édition.
Les prépublications du Mystère Borg dans Tintin s'achèvent en . L'auteur rencontre le directeur Louis-Robert Casterman grâce à l'intervention d'Hergé : les aventures de Lefranc se poursuivent alors à partir de la même année chez Casterman et, un an plus tard, La Grande Menace est rééditée. Mais L'Ouragan de feu ne ressort qu'en 1975.
En 1965, les albums de la série reviennent en grand nombre chez Lombard en raison des « exemplaires invendus retournés par les marchés étrangers », ce qui pose un problème pour la suite des aventures de Lefranc. Par ailleurs, l'éditeur Casterman lui conseille de se concentrer sur Alix dont les chiffres de vente sont plus importants et de mieux se pencher sur le scénario pour Lefranc ainsi que de rechercher quelqu'un d'autre pour les dessins.
Clins d'œil
En 1981, à l'occasion des trente-cinq ans du Journal de Tintin, des dessinateurs comme Dany, Eddy Paape, Franz, etc. doivent reprendre une planche d'une série connue. Parmi eux, Serge Ernst choisit une planche de La Grande Menace qu'il reprend entièrement.
Al Voss parodie en 1984 les aventures de Lefranc sous une forme humoristique dans l'album Parodies chez Les Humanoïdes Associés. La même année, Roger Brunel transforme Lefranc en Legland dans son troisième album École franco-belge de la série Pastiches des éditions de Glénat.
Adaptations
Le nom du réalisateur polonais Andrzej Żuławski a été évoqué pour l'adaptation de Lefranc à l'écran.
Analyse
Les thèmes
Les aventures de Lefranc s'orientent en général sur les grands enjeux de l'humanité, à l'image des premiers albums de la série : on y voit un chantage au terrorisme en répandant un virus mortel, ou bien le lancement d'un missile à tête nucléaire sur Paris, ou encore des magnats du pétrole qui veulent réduire au silence un inventeur alternatif. Par la suite, la série garde ce ton et devient même de plus en plus pessimiste en traitant de thèmes comme les dictatures militaires ou l'apocalypse nucléaire, et glisse parfois vers le fantastique et la science-fiction.
Les graphismes
La série se caractérise au départ par l'utilisation de la technique du dessin en vitrail (la fameuse ligne de l'école graphique belge), par son intégration dans l'univers contemporain, un graphisme minutieux tant en ce qui concerne l'architecture que les objets manufacturés (armes, véhicules, aéronefs, costumes), des couleurs nettes et une action musclée.
Les automobiles
Jacques Martin se passionne pour la mécanique, dont les automobiles. Après avoir écrit au directeur Raymond Leblanc, il présente son premier article sur la Tucker qui sera accepté et publié dans une séquence nommée Chronique de l'auto dans le Journal de Tintin belge no 38 du — en France, dans le no 1 du — où paraît également la toute première planche d'Alix l'intrépide. Cette chronique prend fin en 1953.
Dans les albums, on aperçoit dans La Grande Menace la Bentley R Type gris-bleu des malfrats, la Simca 9 Aronde rouge du reporter Guy Lefranc — qu'on peut d'ailleurs retrouver dans L'Affaire Tournesol de Hergé alors reprise par Jacques Martin dans le Studio Hergé — et les Citroën Traction Avant noires des policiers. Une Alfa Romeo Giulietta est présente dans L'Ouragan de feu, Le Mystère Borg, Le Maître de l'atome et une Facel Vega HK 500 et une Peugeot 202 dans L'Ouragan de feu.
Les dessinateurs
Dessinateurs | Nombre de tomes |
Années Début et fin |
---|---|---|
Bob de Moor | 1 | 1977-1978 |
Gilles Chaillet | 9 | 1976-1998 |
Christophe Simon | 2 | 2000-2002 |
Francis Carin | 2 | 2003-2007 |
André Taymans | 3 | 2005-2010 |
Régric | 6 | 2008-Présent |
Alain Maury | 1 | 2011 |
Christophe Alvès | 3 | 2015-Présent |
Alors que Casterman veut un album d'Alix par an de même que pour Lefranc, Jacques Martin ne peut répondre à la demande. À la fin des années 1960, l'éditeur suggère de trouver un autre dessinateur, et Jacques Martin transmet cette proposition à son jeune assistant Roger Leloup qui, d'abord intéressé, finit par refuser au profit de son propre projet :
« Je me sentis très honoré par cette marque de confiance, mais je me suis dit que si vraiment j'étais capable de réaliser une série tout seul, il valait mieux créer mes propres personnages. Indirectement, la proposition de Jacques Martin m'a poussé à quitter les Studios pour créer Yoko Tsuno. »
Il propose alors la même chose à son ami Bob de Moor qui accepte immédiatement avec enthousiasme. Ils travaillent donc ensemble au Studio Hergé sur la réalisation du Repaire du loup. Martin a même pensé garder Bob de Moor pour continuer la série, mais Hergé refuse qu'un de ses collaborateurs travaille en dehors de son studio.
Gilles Chaillet
L'auteur cherche alors un autre dessinateur au milieu des années 1970 et trouve Gilles Chaillet qui travaillait aux studios Idéfix où il s'occupait du merchandising d'Astérix. Chaillet, grand admirateur d'Alix et de l'auteur, connaît déjà la teneur de l'offre quinze jours avant que Casterman ne le convoque. Le jeune homme avait fait une planche d'essai qu'il avait transmise à Claude Moliterni. Ce dernier s'était ensuite rendu aux bureaux de Casterman en disant qu'il avait trouvé des planches originales de Jacques Martin chez Dargaud en rangeant. Les éditeurs de Casterman avaient examiné une planche en s'interrogeant pour savoir de quel album cela pouvait venir, puis Claude Moliterni avait avoué que c'était l’œuvre de Gilles Chaillet. Les éditeurs avaient donc décidé de l'envoyer à Jacques Martin.
« Il avait mon essai dans la main, avec des coups de correction en rouge dessus. Il m’a dit : « vous ne dessinez pas très bien, mais ce qui est étonnant, c’est que vous situez mon monde comme si c’est moi qui le dessinais. Si vous acceptez d’être corrigé, je vais vous donner les premières pages d’un scénario de Lefranc, et si ça me plaît, on fera un album ensemble. ». Ça a donc commencé comme ça. »
— Gilles Chaillet.
Ils travaillent ensemble, mais le dessinateur a beaucoup de difficulté avec les personnages, passage est confus.">sur les quatre planches d'essai avant que le jeune homme s'en prenne officiellement sur Les Portes de l'enfer, épisode qui sera publié dans Tintin en 1977.
En même temps, Chaillet crée sa propre série Vasco en 1980 sans pour autant abandonner Lefranc, mais il finit par devoir mettre cette dernière de côté dans les années 1990 en raison de sa surcharge de travail. Jacques Martin éprouve une grande colère à la fin de leur collaboration en 1997.
Christophe Simon
Souffrant de problèmes de vue (il est atteint de la macula depuis 1993), Jacques Martin demande à Christophe Simon de remplacer Gilles Chaillet pour dessiner La Colonne (2001) . Ce remplaçant a travaillé avec l'auteur comme assistant sur Le Styx de la série Orion à partir de 1993 — car, à cette année-là, son professeur de dessin qui connaissait bien Martin lui avait appris que ce dernier cherchait de jeunes dessinateurs — et sur L'Odyssée d'Alix. Surtout, ce jeune dessinateur avait déjà rectifié les dessins de son prédécesseur à partir du tome 12 La Camarilla (1997).
Francis Carin
Francis Carin est appelé en 2003 par Casterman pour lui proposer de reprendre Lefranc à la place de Christophe Simon. Aidé par Didier Desmit pour le décor, le dessinateur de Victor Sackville regrette néanmoins les thèmes des années 1950 avec les célèbres Alfa et Facel Vega ; en effet, les aventures du reporter se déroulent désormais dans les années 2000. Après ses deux réalisations pour Jacques Martin : L'Ultimatum (2004) et La Momie bleue (2007), il décide d'arrêter sa collaboration car « Casterman [lui] propose d’autres conditions qui ne [le] satisfont pas ».
Quelques albums
Le Repaire du loup
Dans les années 1960, Jacques Martin passe ses vacances dans le Val d'Anniviers en Suisse pour oublier un petit moment ses travaux d'Alix, de Lefranc et du Studio Hergé. À peine arrivé dans le village de Saint-Luc, il aperçoit avec éblouissement sur l'étendue rocheuse du haut de la montagne une sorte d'immeuble à propos duquel les habitants des environs ne savent rien. C'est en fait l'Hôtel Weisshorn sur la Tête Fayaz, à une altitude de 2 337 mètres construit au nord de Nava en 1882 par l'Italien Francesco Mosoni avec son frère Pierre. Ce voyage n'est pas inutile puisqu'il inspire l'auteur pour son histoire suivante appelée Le Repaire du loup (1974) dans laquelle le village Saint-Luc devient Saint-Loup et l'hôtel Favre — où il résidait d'ailleurs — la Pension Faber pour son personnage Guy Lefranc.
Quand il demande en 1970 à Bob de Moor de retravailler sur Lefranc, celui-ci est interpellé dans ce tome par le maire de Saint-Loup qui est victime d'attentats, afin qu'il résolve le mystère.
Le Maître de l'atome, l'inachevé
Jacques Martin commence à écrire l'histoire Le Maître de l'atome au début de l'année 1954, juste après la parution de La Grande Menace en album des éditions du Lombard. Il ne parvient pas à achever en raison de sa nouvelle collaboration avec les Studios Hergé — où il se concentre sur les planches de L'Affaire Tournesol autour de Bob de Moor, Hergé et Baudouin Van den Branden — et surtout à cause de la poursuite des nouvelles aventures d'Alix qu'attend avec impatience le rédacteur en chef du journal Tintin. L'auteur abandonne ce scénario et finit par l'oublier.
Quatre ans plus tard, il entreprend le deuxième épisode de Lefranc, mais sur un autre scénario : celui de L'Ouragan de feu qui paraît dans Tintin en 1959.
Frédérique, fille de Jacques Martin, retrouve près de trente ans plus tard les planches du premier projet, coincées entre deux cartons à dessins : l'une est encrée et quelques-unes sont crayonnées. L'auteur les avait complètement oubliées et ne se souvient plus bien de la suite de cette histoire. Il décide donc, plus tard encore, de confier à Michel Jacquemart l’adaptation et le développement de son synopsis. André Taymans se voit confier le dessin en compagnie d'Erwin Drèze pour les décors.
« Le temps m'avait manqué, après La Grande Menace, pour me consacrer, en alternance, à Alix et à Lefranc. Devant l'impressionnant succès du premier album Lefranc, mon éditeur me réclamait une suite, mais cela signifiait que j'aurais dû abandonner Alix… que requéraient ses lecteurs de plus en plus nombreux ! Par ailleurs, je travaillais alors pour les studios Hergé, qui accaparaient le plus clair de mon temps. J'ai donc dû procéder à des choix déchirants et j'ai donné la priorité à Alix. Mais le scénario du Maître de l'Atome traînait dans mes tiroirs et il a fallu plus de cinquante ans pour le concrétiser en une bande dessinée ! (…) Les idées se bousculaient dans ma tête, tandis que j'étais forcé à l'inaction pour Lefranc. Certaines avaient pris quelques rides quand j'ai pu me consacrer à mes séries en toute liberté. Entre-temps, d'autres thèmes m'avaient passionnés et je voulais leur accorder la priorité. Néanmoins, cela m'intéressait de voir comment de jeunes artistes pouvaient traiter mes idées d'autrefois en les réactualisant quelque peu. »
— Jacques Martin.
Cet album a été vendu à 60 000 exemplaires.
Noël Noir
Guy Lefranc réapparaît le à Soumont-en-Gohelle dans le Nord-Pas-de-Calais pour sauver d’un incendie des mineurs bloqués par plus de neuf cents mètres de fond. Grâce à son filleul qui lui parle de la tragédie de la mine du Bois du Cazier en 1956, le scénariste Michel Jacquemart, en compagnie du dessinateur Régric et de la coloriste et compagne de ce dernier Loli, visitent le Mémorial du Bois du Cazier à Marcinelle en Belgique où 262 mineurs ont trouvé la mort, le . Plus tard, Michel Jacquemart se souvient de son étude dans les années 1990 pour lequel il avait fait une recherche sur la santé des mineurs au xixe siècle : le médecin hygiéniste lui avait conseillé de lire Germinal d'Émile Zola. Cette œuvre l'aide beaucoup à écrire un scénario mettant en scène un drame humain à huis clos sous les aspects psychologiques et émotionnels.
À propos de l'angoisse, Michel Jacquemart sait parfaitement de quoi il traite : « Quand j'avais six ans, mes parents ont été pris dans un tremblement de terre en Yougoslavie. Ils sont restés ensevelis pendant cinquante-cinq heures. J'ai perçu toute l'angoisse autour de moi. »
Régric, quant à lui, reprend le style de Bob de Moor dans Le Repaire du loup pour son dessin.
Ce vingtième album obtient le Prix Saint-Michel du Meilleur scénario au Festival de bande dessinée de la Région de Bruxelles-Capitale en 2010.
Ordre chronologique
Depuis Le Maître de l'atome l'ordre chronologique de la série ne suit plus celui des albums. Cette histoire, initialement imaginée par Jacques Martin dès 1957 pour succéder à La Grande Menace, sera finalement laissée à l'état d'ébauche pour n'être achevée que bien plus tard (en 2006), mais en respectant le scénario original. Cet album s'insère donc chronologiquement entre La Grande Menace et L'Ouragan de feu.
Par la suite, Jacques Martin confie à deux équipes différentes deux séries d'albums : les uns continuant à s'insérer dans la trame ouverte par La Grande Menace et refermée par l'Ouragan de feu (donc des histoires situées dans les années 1950), et les autres prenant place dans l'époque où ils sont dessinés.
Le tableau ci-dessous permet de suivre l'ordre chronologique des aventures de Guy Lefranc. Les lignes 1 à 12 retracent les aventures du journaliste-reporter jusqu'au début des années 60, des références historiques précises utilisées dans les scénarios permettant de les dater exactement. Les lignes suivantes situent les albums dans les années qui suivent, jusqu'à aujourd'hui, avec cette convention, commune à de nombreuses séries de B.D., que le temps semble ne pas avoir prise sur Lefranc.
N° | Titre | N° tome | Axel Borg | Jeanjean | Inspecteur Renard | Notes |
---|---|---|---|---|---|---|
1 | La Grande Menace | 1 | Présent | Présent | Présent | Action se déroulant au printemps 1952. |
2 | L'Éternel Shogun | 23 | Présent | Action se déroulant en 1952, avant la fin de l'occupation du Japon par les Américains en . | ||
3 | L'Enfant Staline | 24 | Action se déroulant en 1953 au début de la guerre froide, l'année de la mort de Staline. | |||
4 | Le Maître de l'atome | 17 | Présent | Présent | Présent | (Conférence de Genève du 18 au ). |
5 | Londres en péril | 19 | Présent | S'insère chronologiquement entre Le Maître de l'atome et L'Ouragan de feu. | ||
6 | Mission Antarctique | 26 | Présent | Présent | Présent | S'inscrit dans la suite immédiate de Londres en Péril. Exploite le mythe des OVNI du IIIe Reich. |
7 | Noël noir | 20 | Présent | . | ||
8 | Les Enfants du bunker | 22 | Présent | Présent | , Lefranc est rappelé en Algérie lors de la mobilisation générale française pour l'Algérie. | |
9 | La Stratégie du Chaos | 29 | Fin 1956, en Australie au cours des Jeux olympiques d'été de 1956. | |||
10 | Le Châtiment | 21 | Lors de 30e cérémonie des Oscars du . | |||
11 | Cuba Libre | 25 | pendant la révolution cubaine. | |||
12 | L'homme Oiseau | 27 | présent | action se déroulant en novembre 1959 | ||
13 | L'Ouragan de feu | 2 | Présent | Présent | Présent | Action se déroulant entre la fin 1959 et le début des années 1960. |
14 | Le Mystère Borg | 3 | Présent | Présent | Présent | Début des années 1960. |
15 | Le Repaire du loup | 4 | Présent | Présent | Jeanjean et commissaire Renard apparaissent à la dernière planche.
Le barrage des Diablons n'existe pas; probablement celui de Moiry, construit entre 1954 et 1958 |
|
16 | Les Portes de l'enfer | 5 | Présent | |||
17 | Opération Thor | 6 | Présent | Présent | ||
18 | L'Oasis | 7 | Présent | |||
19 | L'Arme absolue | 8 | Présent | Jeanjean est mentionné au début, premier album où il n'apparaît plus. | ||
20 | La Crypte | 9 | Présent | Présent | Dernière apparition du commissaire Renard qui y est décédé. | |
21 | L'Apocalypse | 10 | Présent | |||
22 | La Cible | 11 | Présent | |||
23 | La Camarilla | 12 | Présent | |||
24 | Le Vol du Spirit | 13 | Présent | G7 à Washington : juin 1976 | ||
25 | La Colonne | 14 | Présent | |||
26 | El Paradisio | 15 | Présent | |||
27 | L'Ultimatum | 16 | Présent | |||
28 | La Momie bleue | 18 | Présent | Présent | ||
MANQUE NUMÉROS 29 à 36, dont une partie s'intercalent dans cette chronologie |
Incohérences ou hiatus chronologiques
L'action de La Grande Menace est traditionnellement située en 1952. Du coup, l'action de L'Éternel Shogun ne peut être antérieure.
Toutefois, il est expressément dit dans l'album qu'un attentat est en préparation contre Douglas MacArthur, alors véritable proconsul du Japon. Or ce général a été relevé de son commandement le . Ceci ferait donc remonter l'action de la Grande Menace de deux ans.
Dès lors c'est l'album Les Enfants du bunker situé en qui se trouve en porte-à-faux puisque nous y apprenons que Jeanjean a douze ans, donc né en 1944 ce qui reviendrait à dire qu'il a six ans dans La Grande Menace (au lieu de huit). Pour un enfant de huit ans, Jeanjean fait preuve d'une déjà grande maturité, que dire alors s'il en a six !
Londres en péril indique dans la première vignette : À peine le danger de la destruction nucléaire qui a plané sur Paris
. Nous sommes donc dans la chronologie usuelle début juillet 1953 puisque l'action débute au moment de Wimbledon. Soulignons toutefois que, puisque l'année n'est jamais indiquée, nous pourrions aussi être en 1954, mais pas plus tard.
En effet, Le maître de l'atome débute à la fin (allusion au sommet de Genève). Nous savons également de par les révélations qui sont faites par Axel Borg que Mission Antarctique est postérieure à la fois à Londres en péril et aussi au Maître de l'atome. Dans la mesure où à la fin de l'album nous sommes à la fin du printemps ou au début de l'été, ceci situerait cette aventure en , c'est-à-dire au moment où est censée se dérouler l'histoire des Enfants du bunker.
Source: Wikipedia (Mise à jour le )
Lefranc : les albums
Liste des ouvrages sous forme de couvertures
- n°1 - La Grande Menace (infos)
- n°2 - L'Ouragan de Feu (infos)
- n°3 - Le Mystère Borg (infos)
- n°4 - Le Repaire du Loup (infos)
- n°5 - Les Portes de l'Enfer (infos)
- n°6 - Opération Thor (infos)
- n°7 - L'Oasis (infos)
- n°8 - L'Arme Absolue (infos)
- n°9 - La Crypte (infos)
- n°10 - L'Apocalypse (infos)
- n°11 - La Cible (infos)
- n°12 - La Camarilla (infos)
- n°13 - Le Vol du Spirit (infos)
- n°14 - La colonne (infos)
- n°15 - El Paradisio (infos)
- n°16 - L'ultimatum (infos)
- n°17 - Le maître de l'atome (infos)
- n°18 - La momie bleue (infos)
- n°19 - Londres en péril (infos)
- n°20 - Noël noir (infos)
- n°21 - Le Châtiment (infos)
- n°22 - Les enfants du bunker (infos)
- n°23 - L'éternel shogun (infos)
- n°24 - L'enfant Staline (infos)
- n°25 - Cuba libre (infos)
- n°26 - Mission Antarctique (infos)
- n°27 - L'Homme-oiseau (infos)
- n°28 - Le Principe d'Heisenberg (infos)
- n°29 - La Stratégie du chaos (infos)
- n°30 - Lune Rouge (infos)
- n°31 - La rançon (infos)
- n°32 - Les juges intègres (infos)
- n°33 - Le scandale Arès (infos)
- n°34 - La route de Los Angeles (infos)
- n°35 - Bombes H sur Almeria (infos)
Personnage le plus important dans la série Lefranc
Voici le personnage le plus important de la série1.
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- ↑ Personnages les plus importants : Le fait qu'un personnage soit considéré comme important ici est le fait qu'il soit défini dans un album de cette série en tant que personnage principal, que ce soit un personnage de la série, ou un invité (crossover).